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Concilier foi et homosexualité au quotidien

Publié le 06 septembre 2012 par Larevuedelili @larevuedelili

Le 29 juin dernier, à la veille de la « Marche des Fiertés », le Premier ministre a annoncé dans un communiqué que le « droit au mariage et à l’adoption pour tous serait institué ». Le 31ème des soixante engagements de François Hollande constituerait alors un enjeu social considérable. Pourtant, si 63% des Français approuvent l’ouverture du mariage aux couples homosexuels, ce projet de loi suscite de nombreux débats dans les médias, notamment d’ordre religieux. Alors que Valérie Pécresse regrette que la majorité présidentielle n’ait pas prévu de consulter les représentants des cultes ; Alain Escada, secrétaire général d’un mouvement catholique traditionnaliste, parle de la « nocivité » de l’homosexualité.

L’homosexualité, une « menace »

Ces polémiques semblent mettre en lumière la coexistence difficile entre homosexualité et religion. Une hostilité quasi-certaine tant on ne compte plus les attaques homophobes couplées de citations bibliques ou coraniques.

En 2008, le pape Benoit XVI a affirmé que la confusion des sexes constitue une menace aussi grave pour la survie de l’humanité que les changements climatiques. Une déclaration qui a fait scandale, d’autant plus que l’homosexualité est désormais répandue et de plus en plus assumée parmi les fidèles. Depuis quelques années, certains rabbins et prêtres « sortent du placard ». Seuls deux imams, Moulana Muhsin Hendricks et Daayiee Abdullah, assument publiquement leur homosexualité. Pour un nombre grandissant de croyants, la religion n’est plus un obstacle à l’amour entre deux personnes de même sexe. Jérusalem devient même, le temps d’une journée, le théâtre d’une Gay Pride festive.

D’autres fidèles se font plus discrets, comme Marie ou Sonia. Toutes deux sont lesbiennes mais ne se connaissent pas : l’une est issue d’une famille protestante évangélique, l’autre pratique rigoureusement l’Islam.

Après avoir mis de côté ses sentiments pendant un temps, Marie décide de tout révéler à son entourage. Bien que l’homophobie soit condamnée par les Églises évangéliques, l’homosexualité est considérée comme une déviance pathologique grave pour beaucoup d’entre elles. « Lorsque je leur ai annoncé, mes parents n’ont pas compris comment j’en étais arrivé « là » ! Je reste leur fille et ils ne m’abandonnent pas. Mais ils n’acceptent pas ma sexualité et quand je vais chez eux, c’est seule… Ce n’est pas qu’ils n’aiment pas la femme qui partage ma vie, c’est juste qu’ils ne veulent pas que leur fille soit homo. C’est vraiment une situation très dure à vivre pour mon couple… »

Taire sa différence

Afin d’éviter ce type de confrontation, Sonia préfère rester discrète. Si Marie envisage de se pacser d’ici la fin de l’année malgré la désapprobation familiale, Sonia veut se marier à un homme selon la tradition musulmane et taire sa différence : « Il est clair que si je ne croyais pas en Dieu, je ne songerais pas une seconde à mener ce genre de vie conventionnelle juste pour plaire à ma famille ou aux gens. Or, ce n’est pas le cas, je crois profondément en Dieu. (…) Que l’on soit bien d’accord, je ne ferai pas ça pour plaire à ma famille, ou par contrainte de leur part, mais parce que je ne pourrai pas vivre autrement. De moi même… Je ne suis pas prédisposée à ça quand bien même l’amour de ma vie est une femme. »

Néanmoins, sur beaucoup d’autres points les avis et les comportements de Marie et Sonia se ressemblent. Favorables au mariage et à l’adoption pour les couples homosexuels, elles n’ont jamais participé à une « Marche des Fiertés », une manifestation qu’elles trouvent bien trop caricaturale.

Les associations, recours aux situations extrêmes

D’autre part, malgré leurs cas particuliers, Marie et Sonia ne se sont jamais tournées vers une association. Pourtant, ce n’est pas ce qui manque. Les trois mouvements LGBT, David & Jonathan (mouvement homosexuel chrétien), Homosexuels Musulmans De France (HM2F) et Beit-Haverim (groupe juif gay), font régulièrement un travail d’écoute auprès d’individus souvent désorientés.

Samuel, co-président du Beit-Haverim, révèle que les conflits entre les homosexuels et leurs familles peuvent être extrêmes : « Dans les années 80/90, Beit-Haverim accueillait des jeunes dont on estimait que la vie était en danger tous les mois. Très récemment nous avons dû intervenir car un jeune que nous connaissons a été séquestré.  (…) Même si le judaïsme reste une religion très tolérante par rapport aux autres (NDLR : le Grand Rabbin de France a ratifié une déclaration contre toute violence homophobe le 17 mai dernier), certaines familles restent très strictes notamment les juifs originaires d’Afrique du Nord et d’Europe de l’Est. Ce n’est pas du tout évident de vivre son homosexualité au grand jour : la famille est frappée de la «honte» ». Comme Beit-Haverim, HM2F fait souvent face au même cas de figure. La plupart du temps, l’homosexuel est confronté à un dilemme : vivre dans la foi et avec l’honneur familial et divin, ou vivre pleinement ses sentiments dans le déshonneur.

« Croire en Dieu est un droit »

À la question « Quel message adresseriez-vous aux homosexuels qui ont perdu la foi eu égard aux propos tenus par les religions monothéistes ? », Samuel de Beit-Haverim répond : « J’ai toujours su que j’étais différent. À 15 ans, je me suis posé la question « pourquoi moi ? » et comment concilier ce que j’étais avec ma foi. Là, j’ai découvert Beit-Haverim, mais surtout, j’ai découvert que je n’étais pas seul. Nous ne sommes pas des erreurs et nous n’avons pas à choisir entre la religion et notre vie. Croire en Dieu est un droit, la foi est personnelle, personne ne peut nous l’enlever »



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