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« L’argent revient aux travailleurs, ce n’est pas le patronat qui fait fonctionner le pays »

Publié le 15 avril 2012 par Larevuedelili @larevuedelili

Avertissement : Les propos qui vont suivre ont été recueillis dans le cadre d’une étude sur les liens entre jeunesse et politique auprès de Simon Bolzinger. Les propos tenus ne reflètent pas mes convictions et n’engagent que l’intéressé. Trois questions réellement posées apparaissent à la fin de cet entretien pour ne pas déranger la cohérence de son récit.

« J’ai hérité d’une conscience politique assez jeune. En 4ème, lorsque l’on a étudié l’URSS en Histoire, ma prof s’est bien appliquée à établir les différences qu’il pouvait y avoir entre le stalinisme et le communisme d’aujourd’hui dans lequel je me suis retrouvé. Je n’y avais pas particulièrement prêté attention avant mais c’est par la suite que j’ai appris que mes parents étaient communistes et que notamment, mon père était un représentant national du PCF (Rires). En 2002, j’avais bêtement interprété que mes parents étaient chiraquistes puisqu’ils s’étaient vivement opposés à Jean-Marie Le Pen. On n’avait fait aucune allusion à l’idéologie communiste. J’ai pris ma carte au Mouvement des Jeunes Communistes Français à 17 ans. Je ne savais pas forcément analyser avec finesse l’actualité politique en France mais le communisme correspondait déjà à mes valeurs.

Je suis donc communiste mais je me considère plus comme un humaniste qu’autre chose. J’ai trouvé dans le communisme les conceptions qui me plaisaient, dont l’égalité entre les hommes. Comme disait Hobbes, « l’Homme est un loup pour l’Homme » et j’ai envie de rayer cette notion. L’être humain doit dépasser son instinct de nature, son instinct animal qui le pousse à se faire la guerre par exemple.

Avec la crise politique, économique et sociale, il ne nous faut pas juste un changement mais une rupture avec le système actuel. Bien que ce soit un mot beaucoup utilisé par Sarkozy, le candidat que je soutiens est Jean-Luc Mélenchon. La gauche d’autrefois était encore plus divisée qu’elle ne l’est maintenant. Le Front de Gauche signe un véritable tournant. Les électeurs peuvent enfin avoir une alternative au Parti Socialiste en restant à gauche. Le NPA et Lutte Ouvrière sont des partis particuliers : ils veulent prendre le pouvoir sans même passer par les élections car ils considèrent ce système comme beaucoup trop bourgeois. Ils incarnent donc une contradiction incroyable quand on voit qu’ils se présentent.

Il est vrai que l’urgence est de faire barrage contre un Nicolas Sarkozy qui développe de plus en plus d’idées fascisantes. Déjà lors de son discours d’investiture en 2007, il avait parlé de « Travail, Famille, Patrie », symbole même du Pétainisme. De plus, je pense qu’il est possible qu’il veuille que l’échiquier politique se radicalise pour arriver au-dessus de son adversaire lors du second tour. Arriver en face de Marine Le Pen au second tour serait du pain béni pour lui. Bien que la théorie du vote utile nous pousserait automatiquement vers François Hollande, pour le premier tour, il est nécessaire de choisir le candidat que l’on veut réellement. Selon moi,  François Hollande ne va pas assez loin dans ses propositions. En 2002, le vote utile aurait pu servir, mais ce n’est plus d’actualité : les sondages montrent une poussée du Front de Gauche (NDLR : cet entretien a été réalisé du temps où Jean-Luc Mélenchon s’imposait comme le « troisième homme »), Marine Le Pen a trop peu de chances de parvenir au second tour. Nous y veillerons d’ailleurs : la politique du Front National est xénophobe et fascisante. Dire par exemple que chaque étranger est un Mohammed Merah potentiel est horrible.

La transformation de l’État français en État communiste est une chose qui n’a jamais été pensée, alors pourquoi ne pas l’essayer ? Bien sûr, cela peut paraître ambitieux voire fou pour certaines personnes, mais il faut bien garder en tête que le stalinisme n’a rien à voir avec le communisme français actuel. Chaque communisme s’adapte à l’Histoire nationale : les Russes sortaient du tsarisme, ils ont donc trouvé un autre moyen d’avoir toujours le même homme providentiel au pouvoir dans un système différent. En France, nous sommes dans une autre perspective vu que nous avons les droits de  l’Homme. La transition, si elle a lieu, sera beaucoup moins violente…

Pourtant, l’article XVII de la déclaration universelle des Droits de l’Homme ne serait pas un peu anti-communiste ? Il y est clairement écrit, et ce depuis 1789 : « 1. Toute personne, aussi bien seule qu’en collectivité, a droit à la propriété. 2. Nul ne peut être arbitrairement privé de sa propriété ».

Rien n’empêche la propriété individuelle dans le communisme. La totalité des choses ne reviendront pas l’État. De toutes façons, l’argent revient aux travailleurs, ce n’est pas le patronat qui fait fonctionner le pays. Un patron ne peut pas gagner trente fois plus qu’un employé. Si le patron désire augmenter son salaire, il doit également le faire pour ses employés. Bien sûr, l’administration de l’entreprise est primordiale, mais aujourd’hui il y a une certaine dérive : le patron décide de tout, ses choix sont incontestables alors que les travailleurs devraient avoir leur mot à dire. Les responsables syndicaux n’ont aujourd’hui aucun poids !

Depuis Mai 68, la jeunesse est machinalement rangée à gauche. Un automatisme que l’on explique aussi par votre présence incroyable en manifestations ou au collage par exemple. Comment est organisé le militantisme aux Jeunesses Communistes ?

La MJCF milite aussi hors des présidentielles, contrairement aux autres, nous sommes présents tout au long de l’année dans tous les lieux de vie des jeunes : lycées, fac, foyers de jeunes travailleurs…

Que penses-tu de la récente agression du président du MET par des militants gauchiste ?

C’est triste, en démocratie, tout le monde a le droit de s’exprimer sans pour autant que l’on en vienne aux mains. Je ne justifie absolument pas ce qu’on fait les militants gauchistes qui l’ont pris à partie mais il faut être conscient que le MET est agressif dans ses propos. Malheureusement, il y a un moment où le débat ne fonctionne plus. De plus, certains gauchistes, je l’admets et le regrette, s’expriment dans la violence. En tout cas le MET est tout aussi violent verbalement.»

Crédit photos : Maëva Vitela



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