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Les années « trente » : Simone Weil, de Beauvoir, et Colette Peignot -2-

Publié le 15 octobre 2012 par Perceval

Bataille et sans doute Dora Maar, eux, étaient bien présents, dans ces manifestations antifascistes de février 34. A cette époque, Bataille a sans-doute beaucoup rencontré Simone Weil. Il la connut assez pour en faire le personnage de Lazare dans son roman Le Bleu du ciel, il aurait dit de Simone Weil qu'elle était « plus fêlée qu'elle ne le croyait elle-même ». Ce propos est rapporté par Laure Adler, dans la conclusion de son récit biographique...

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Bataille et Colette Peignot deviennent amants en 1934, alors que Colette est avec Souvarine.

Simone Weil est très liée au couple Boris Souvarine-Colette Peignot ; et ensuite mêlée de très près à la dramatique rupture entre Boris et Colette. Après sa fugue de l'été 34, Colette se réfugie chez Simone Weil. Le docteur Weil ( le père de Simone ) fait hospitaliser Colette dans une clinique. Les deux femmes se connaissent bien ( voir correspondance ).

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Simone Weil ( 1909-1943 )

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Colette Peignot ( 1903-1938 )

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Souvarine ( 1895-1984 )

Grâce à Souvarine, Simone Weil obtient sa première embauche comme ouvrière dans une usine du 15ème ar. Boris et Simone se virent souvent et entretinrent une correspondance régulière.

Colette Peignot et Simone Weil semblent si … opposées, enfin ...apparemment. Colette place sa révolte dans l'absolu d'un amour consumé, humilié, traversé. « Je veux boire votre sang à votre bouche », disait-elle à son premier amant, Jean Bernier, un ami de Drieu et des surréalistes. Dès 1927, c'est une suite d’errances et de sanatorium... Elle est à Berlin, avec Edouard Trautner, un médecin et poète expressionniste, ami de Brecht... Ensuite, elle partage la vie de Boris Souvarine, l'ancien compagnon de Lénine, qui représente la pureté communiste face aux dévoiements staliniens. Il l'envoie à Moscou recueillir des preuves à charge contre le régime ...

Peut-être est-il osé de rapprocher celle qui provoque anonymement les hommes dans les trains de nuit, avec son amie «  la vierge rouge ». Leur point commun serait l'ascèse. Ne partagent-elles pas une même conception de la souffrance ( comme valeur cognitive) et, au fond, cette volonté d'être des « parfaits » face aux « pharisiens ». Il leur arrivera, à l'une comme à l'autre, d'écraser dans leur paume une cigarette allumée.. !

En 1938, la tuberculose se réveille. Colette Peignot ( la "Laure" de G. Bataille ) meurt à 35 ans.

« Laure, la sainte de l'abîme », d'Elisabeth Barillé

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Lycée Molière 1937:  Bianca Bienenfeld et Simone de Beauvoir à côté.  © Famille Segal

Simone de Beauvoir enseigne au lycée Molière ( Paris ) de 1936 à 1939 ; elle en est renvoyée suite à sa liaison avec Bianca Bienenfeld. Beauvoir voit son premier roman Primauté du spirituel, écrit entre 1935 et 1937, refusé par Gallimard et Grasset (il paraîtra en 1979 sous le titre Anne ou quand prime le spirituel). Dans le récit : Chantal, jeune professeure, voit sa vie comme un roman dont elle serait l'héroïne, se berçant de spiritualité et d'illusions, totalement déconnectée du réel.Simone de Beauvoir constate l'influence néfaste du spiritualisme sur les jeunes filles engoncées dans une société sclérosée, elle dénonce des vies gâchées; on y sent la fin d'une époque où la femme n'est qu'un objet obéissant, qui se sacrifie pour les autres.


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