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Dominique Sampiero | [Certains livres se souviennent]

Publié le 16 octobre 2012 par Angèle Paoli
« Poésie d’un jour

[CERTAINS LIVRES SE SOUVIENNENT]

  Certains livres se souviennent du galop de leur feuillage, des bruissements et des hennissements nocturnes. De leur corps de foudre ruant sous l’éclair. Des stries du grand gel ou de la sécheresse dans leur aubier. Et j’ai besoin de leur secret. Les lignes de leur écorce inclinent la phrase vers un œil, un centre caché dont celui qui lit ou écrit ne sait rien. Certains livres oscillent entre leur existence d’avant papier et leurs racines ouvrant des grottes nouées sous la terre. Les pendus fleurissent. Dans l’herbe, la foudre tombée du toit dessine des chèvres. De larges forêts restées calmes se jettent dans le trou d’une serrure. La nuit ouvre grand sa bouche et mange les pierres une à une puis se dresse de tout son ventre pour tenir tête à la pluie sur les arbres en avalant toute la lumière.

  C’est pour ce feuillage et cette nuit dévorante que je soulève mon écorce, ici.


Dominique Sampiero, Le Maître de la poussière sur ma bouche, Éditions Lettres Vives, Collection Entre 4 yeux, 2009, pp. 27-28. Frontispice de José Pini.



DOMINIQUE SAMPIERO

Dominique Sampiero

Source

■ Voir aussi ▼

→ (sur le site de la Maison des écrivains et de la littérature) une notice bio-bibliographique sur Dominique Sampiero
→ (sur Esprits Nomades) une page sur Dominique Sampiero
→ (sur le site de Jean-Michel Maulpoix) « La fièvre lyrique de Dominique Sampiero », par Jean-Michel Maulpoix



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