Magazine Journal intime

Collier Dépilatoire : Bientôt L'Eté!

Publié le 01 avril 2008 par Mélina Loupia
Collier Dépilatoire : Bientôt L'Eté! Les bijoux et moi, c'est quasiment une légende rurale. Que celle ou celui qui m'a déjà vue entrer dans une bijouterie ou en lécher la vitrine avec envie me jette la première bière, à part pour acheter une pile pour la montre que j'ai perdue au cas om je la retrouve un jour, je n'ai jamais rien acheté dans ce genre de boutique. Qu'elle fût de fantaisie ou purement de joaillerie renommée. Je porte quatre bagues à mes petits doigts boudinés, toutes offertes à diverses occasions. Mes lobes sont lestés de deux anneaux, cadeau également. "J'adore ton collier" m'a dit tout récemment Fan, dont je soupçonne aujourd'hui qu'il se foutait de ma gueule dans les grandes largeurs, mais à qui je réserve une surprise du même acabit au sujet d'un de ces pulls qui ornaient les vitrines des vêtements pour ados branchés des années quatre-vingt deux. "Celui-là? En fait, je crois bien que je l'ai trouvé et je l'aime bien, il me fait penser à ces colliers de bonbons qu'on portait quand on était mômes, avec l'élastique tout collant à la fin, mais aussi les cheveux et les cols des fringues et celle de la main de nos mères sur nos joues." Et c'est vrai, j'ai beau tenter de me souvenir, aucun moyen pour moi de savoir comment ce collier est venu autour de mon cou. Il me va bien, ses couleurs me plaisent et il est solide. Il doit être en crin et en pierres polies voire érodées de pierres de carrière, mais je préfère me dire qu'il s'agit en fait de coquillages des îles paradisiaques sur lesquelles je n'irai jamais planter mes pieds. Je dois le porter depuis au moins trois ans. Ou quatre. Ou douze. J'en possède un autre, dans le même genre, mais dont les "perles" sont en bois coloré. Je l'avais également trouvé, mais certainement perdu puisque bien que je ne fasse plus un ménage de maison témoin depuis quelques temps, je ne l'ai pas revu. Soit. J'en étais satisfaite tant que je n'y faisais pas attention ou qu'il ne la suscitait pas de la part de mes pairs voyeurs. Et allons savoir pourquoi, un beau jour, il a commencé à se manifester autrement que par les compliments ou la convenance. D'entrée de jeu, à la sortie du bain l'autre soir, malgré tous mes efforts pour sécher mon corps, de l'eau dégoulinait à partir de mon cou alors même que ma tignasse était déjà déshydratée aux trois-quarts. "Tain, mais d'où elle sort cette eau? -Je sais pas, j'aurais bien une proposition, mais je sais pas, je te sens pas vraiment encline à en rire à gorge déployée. Sinon, peut-être de ton collier? D'ailleurs où tu l'as eu ce truc?" Effectivement, l'eau s'était logée entre les pierres. Je dois donc depuis, maintenant que mon cerveau a analysé la chose et me la fait remarquer à chaque ablution, sécher mon bijou de cou. Tache plutôt ardue dès lors qu'on voit la bête, glisser une serviette entre les perles et mon cou relève de la tentative de suicide par strangulation. "Et si tu l'enlevais le collier pour le sécher? -Je pourrai aussi désenfiler les perles, t'en penses quoi, passer quatre heures dans la salle de bain?" Soit encore, je me plie désormais à ce rituel, je remets mon sommeil à la retraite. Et c'est cette nuit, alors qu'une vieille angoisse me taraudait gentiment sur les coups de deux heures quarante, et alors que je me tournais pour la dixième fois comme un poulet dans la rôtissoire pour trouver un coin de drap frais ainsi que Morphée, une douleur aigue saisit mon cou. "Tain mais c'est quoi qui m'a piquée? -Mhh? -Allume. -Hein? -ALLUME. La lumière, ça te réveillera complètement. -Si c'est une puce, je te préviens, je bombe le lit. -Nan, c'est pire, ça m'a foutu une décharge dans le cou. -Le? -COU. Regarde. -Ton? -COU. Putain j'ai vraiment pas envide de déconner là. -C'est pas un cobra qui t'a mordue le cou. C'est ton collier qui a pincé la peau du cou. -Ah? Je saigne pas au moins? -Non, c'est nul, on dirait même pas que je t'ai fait un suçon, comme quand on était jeunes, beaux, fous et cons. -Allez, rendors-toi." Et ce matin, alors que je procède à un état des lieux de mon cou à l'envier de moi-même dans le miroir déjà moucheté de dentifrice de la salle de bain, je constate avec ma main que le tour de mon cou est lisse comme les fesses d'un bébé, grâce au collier. Ou plutôt à cause de ce putain de collier. Non content de me faire pleurer à chaque fois qu'un des poils du duvet de mon cou se prend entre deux perles plates, il se trouve que si je ne stoppe pas l'épilation sauvage de mon cou, je risque fort de me retrouver dès cet été avec un collier de poils de cou à la place du collier coupable. Et l'été, c'est bien connu, on ne sort pas s'être épilé le maillot, les mollets ou les aisselles. Je veux bien faire l'effort de sacrifier à ce rituel initiatique de l'adolescence, mais pour me raser le cou, j'aimerais autant attendre l'âge des rides.

Retour à La Une de Logo Paperblog