Magazine Journal intime

J'ai lu Question(s) Royale(s) de Frédéric Deborsu

Publié le 11 novembre 2012 par Anaïs Valente

Oui, j'ai osé me rouler dans la fange et lire la prose de Frédéric Deborsu.  J'ai osé soutenir celui qualifié de destructeur de mon petit pays si uni (sic) jusqu'à la sortie de son ouvrage torchon censé servir de papier toilette ou, à la rigueur, de paillasson un jour d'orage bien boueux. 

J'ai osé !

Parce que justement, moi, quand on critique, j'ai envie de savoir.  De me faire ma propre opinion.  Passque marre de lire sur le net, sur Facebook ou partout ailleurs, outre les articles de presse bien méchants de personnes n'ayant parfois même pas lu une seule ligne de Question(s) Royale(s), les commentaires d'internautes courroucés, mais n'ayant pas non plus lu la moindre ligne de l'ouvrage.  Note qu'à voir parfois comment ils écrivent, ces internautes, je m'interroge sur leur capacité à lire, mais c'est un autre débat…

Vous allez rire, mais Comme Frédéric Deborsu, je suis royaliste.  N'y voyez aucune conviction quelconque, politique, religieuse, culturelle ou en matière de pognon (le débat sur le coût d'un royaume face à une république faisant rage), j'ai juste un cœur d'artichaut qui trouve ça glamour d'avoir un roi et une reine, de voir des mariages de princesses à la TV.  J'étais à Bruxelles lors du mariage de Philippe et Mathilde, exprès pour l'occasion, à me geler les orteils comme dans Bienvenue chez les Chtits (hé, faisait genre moins dix ce jour-là), en regardant un écran géant et en rêvant moi aussi d'un tel mariage qui me rendrait riche, heureuse et amoureuse (et future reine dans la foulée).  Cœur d'artichaut je vous dis.

Cœur d'artichaut mais pas totalement crédule, et depuis le mariage, j'en ai entendu des vertes et des pas mûres sur ma famille royale.  J'ai moi aussi voulu les défendre à tout prix : on ne touche pas à MA famille royale.  Mais petit à petit, le vernis s'est tant craqué que la donne a changé.  Après tout, ils règnent sur notre pays, alors, cette image d'Epinal totalement faussée, plus personne n'y croit, si ?  La fille cachée du roi, la violence du prince, sa radinerie, les tendances homo ou bi du futur roi, c'est de notoriété publique désormais non ?

Ben non, au vu des réactions…

Donc j'ai lu, pour voir si tout ce que nous savions déjà, une fois écrit noir sur blanc par celui qui a osé et dont on ne prononcera peut-être bientôt plus le nom (comme l'autre là, dans Harry Poter), était si choquant, si répugnant, si révoltant.

Ben finalement non. Enfin si, parfois, j'ai été choquée, mais pas de quoi fouetter un roi un chat.  Choquée par ce que je découvrais, pas par le fait que ce soit rendu public.  Après tout hein, nos souverains sont des personnages publics, leur vie l'est donc, même partiellement.

Voilà un livre qui m'a paru bien documenté et bien écrit, de façon fluide, pas soporifique pour un euro, plein d'informations intéressantes, parfois en effet étonnantes, mais qui méritaient d'être expliquées, pour en finir une fois pour toutes avec cette pseudo loi du silence.  Je n'ai pas ressenti de la part de l'auteur la moindre haine viscérale vis-à-vis de la famille royale, que du contraire, c'est une compassion pour Philippe que j'ai sentie, pour la vie qu'on l'a forcé à mener, pour la solitude qui fut sa compagne pendant tant d'années, depuis l'enfance.  En effet, c'est clair, ce que l'on dit de son mariage est bien loin du conte de fées et pourra être difficile à vivre pour ses enfants, s'ils le lisent ou si on leur en parle, mais sommes-nous naïfs au point de croire qu'un enfant ne sent rien, ne sait rien, ne devine rien ?  Pourquoi quand on révèle, dans la presse à scandales, des infos croustillantes sur les stars, personne ne s'insurge en arguant que l'on fait le malheur des enfants desdites stars ?  Deux poids deux mesures ? 

J'ai pour ma part été plus estomaquée par d'autres informations que celles concernant directement Philippe (sans doute car pour moi, elles étaient connues).  Comme le père de Mathilde, qui se prétend baron sans l'être, dont l'ambition démesurée et la malhonnêteté sont à vomir.  Comme l'amitié controversée entre Baudouin et Franco.  Comme son mariage presqu'avorté lorsque sa famille apprit la stérilité de Fabiola et comme il a lutté pour pouvoir se marier.  Comme les infidélités de Paola (diantre, je pensais que seul Albert était un vilain pas beau).  Comme le rejet de Delphine Boel par le roi, alors qu'il l'a côtoyée des années durant; qu'il refuse de la reconnaître, passe encore, mais qu'il nie sa paternité et refuse désormais de lui parler, c'est bof bof.  Comme la violence pathologique de Laurent et le refus des autorités policières de donner suite à plusieurs plaintes.  Comme la gentillesse exceptionnelle de Claire, touchante, dont l'amour pour Laurent est indéniable.   

J'en ressors avec un pincement au cœur en pensant au sort de tous ces futurs rois ou simples petits princes, voués à un destin auquel ils ne peuvent échapper (en l'occurrence ici surtout Philippe, mais pas que lui, oh non).  J'en ressors avec de la hargne aussi, en pensant à la solitude dans laquelle leurs parents (en l'occurrence ici nos souverains actuels) les laissent parfois.  J'en ressors avec de la rage en pensant à ce milieu rétrograde qui, pour préserver les apparences et faire semblant que tout va bien et qu'ils sont irréprochables, détruit des personnalités et des envies. 

Et puis, y'a même quelques infos "bêtisier", genre Philippe qui situe la périphérie bruxelloise en Wallonie, ou qui se réjouit d'une victoire belge au JO en voyant s'élever un drapeau… allemande, ou Laurent pris en flagrant délit d'excès de vitesse et qui s'excuse d'un "j'ai beaucoup à faire".  Cocasse.

Ce livre a donc le mérite de lever un voile sur un monde qu'on nous présente comme édulcoré, mais qui est régi par l'ambition, les non-dits, les apparences et l'argent.  Parfois tellement peu par l'amour, le respect, la solidarité ou la spontanéité.  Un monde qui m'a fait rêver, comme toute gamine bercée par les contes de fées que j'ai été.  Mais là je viens de me réveiller.

Un livre qui montre enfin l'envers du décor, n'en déplaise à ceusses qui prétendent qu'il pourrait causer la perte de la Belgique.  C'est prêter un pouvoir bien grand à son auteur, je trouve…   

Un livre critiqué par la majorité, mais qui se vend comme des petits pains, cherchez l'erreur.

J'ai lu, j'ai aimé, j'assume.

(uniquement dispo en kindle sur amazon, ou d'occasion à ... 99 eur, les Belges ont vraiment le sens des affaires... ou de l'arnaque)


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