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Les dépressifs boudent les bonnes odeurs

Publié le 14 novembre 2012 par Nuage1962

Des études pour voir la relation entre l’odorat et la dépression sévère. Peut-être une nouvelle piste pour mieux traiter ceux qui ont tendance aux rechutes dépressives
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Les dépressifs boudent les bonnes odeurs

Les dépressifs boudent les bonnes odeurs

Photo: Fotolia

Les victimes de dépression sévère distinguent moins bien les odeurs agréables, selon une étude de l’Université François-Rabelais de Tours, qui précise que les troubles olfactifs pourraient annoncer une rechute pour les dépressifs.

«Les personnes atteintes de dépression sévère ont des difficultés à expérimenter les plaisirs. Par ailleurs, la zone du cerveau impliquée dans la sensation agréable provoquée par des odeurs présente des dysfonctionnements chez ces personnes», souligne Catherine Belzung, coauteur de ces travaux publiés la semaine dernière par l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm).

Pour le démontrer, les chercheurs tourangeaux ont soumis 18 personnes hospitalisées pour un épisode de dépression sévère à des tests olfactifs. Leurs résultats ont été comparés à ceux de 54 volontaires en bonne santé.

L’ensemble des participants ont été exposés à huit odeurs différentes, certaines agréables (amandes, vanille) et d’autres non (vomi, fromage rance), ainsi qu’à un mélange d’odeurs.

Il est apparu que les patients dépressifs distinguaient moins bien les différents niveaux d’intensité des odeurs, identifiaient moins bien celles qui étaient présentes dans un mélange et étaient peu sensibles aux odeurs censées être agréables.

«De façon surprenante, la vanille, la cannelle ou l’amande amère étaient classées comme des odeurs déplaisantes», a souligné Mme Belzung, interrogée mardi par l’AFP.

A l’issue de la consultation, les patients dépressifs ont entamé un traitement antidépresseur d’une durée de six semaines, puis refait les mêmes tests. Bien que le traitement ait été efficace chez chacun d’entre eux, les perturbations olfactives ont persisté.

«Seule une odeur était redevenue plaisante chez la majorité d’entre eux. Il s’agit d’une odeur liée aux souvenirs et à l’enfance: celle du petit pot de colle utilisé en classe qui sentait légèrement l’amande amère», selon Mme Belzung.

Les chercheurs se demandent ainsi si les troubles de l’odorat ne sont pas moteurs dans le risque de rechute.

«Parmi les personnes atteintes de dépression, beaucoup font une rechute après un traitement aux antidépresseurs. C’est peut-être parce que leur déficit olfactif n’a pas été soigné», suppose la spécialiste. «On pourrait essayer de rééduquer cet aspect-là en obligeant les patients à se focaliser sur les odeurs».

L’Université de Tours a choisi de se pencher sur la question parce que «parmi les cinq sens, celui qui est le plus proche des émotions, c’est l’odorat», explique-t-elle.

D’autres études ont par le passé été réalisées sur d’autres sens comme l’audition et la vision.

«Elles vont également dans le sens d’une difficulté à percevoir l’aspect agréable d’une stimulation», selon la chercheuse.

Quant au goût, l’Université de Tours a prévu également d’étudier son rapport avec la dépression.

Un essai est en cours auprès de patients atteints de la maladie d’Alzheimer et alcoolo-dépendants pour vérifier si les troubles de l’odorat sont présents ou non chez des personnes atteintes d’autres affections psychiatriques et neurologiques.

«Les premiers résultats tendraient à montrer que (le lien avec l’odorat) est spécifique à la dépression», a indiqué Mme Belzung.

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