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Sur La Route (Walter Salles, 2012)

Publié le 26 octobre 2012 par Doorama
Sur La Route (Walter Salles, 2012)  Sal Paradise veut se consacrer à l'écriture. Lorsqu'après le décès de son père il fait la connaissance de Dean Moriarty, l'amitié est immédiate, fusionnelle. Ils décident de partir ensemble sur la route, avec Marylou, l'amie de Dean, pour aller à la rencontre de la vie, de ses expériences, pour embrasser la liberté et la découverte.
Nous n'avons pas lu ce roman phare de toute une génération, ce roman emblématique de la Beat Génération (wiki !) de Jack Kerouac... Nous n'avons pas ressenti sa liberté et sa modernité, nous n'avons pas vibré sur sa quête de toutes sortes d'expériences, ni n'avons ressenti l'arrivée de l'affranchissement du carcan social, à l'arrivée des Beatnicks, que On The Road portait comme un étendard... Mais après l'adaptation de On The Road par Walter Salles, nous avons l'impression d'avoir touché du doigt et compris ce qu'il représentait. Faute de pouvoir juger la qualité de l'adaptation au cinéma de ce roman, nous avons vu une histoire, des personnages, des idées... et le résultat est là !
Walter Salles est un réalisateur que nous aimons bien. Sa sobriété, sa mise en scène sage et précise, sans effets, permettent au spectateur de se consacrer entièrement à l'histoire et à ses personnages. Avec Carnets de Voyages, il mettait à l'image le voyage initiatique du Che lors de sa découvertes de pays et de gens qui lui étaient jusqu'alors inconnus. Sur La Route exploite cette même fascination du Voyage. Autobiographique, Sur la Route est un Road Movie : Sal (Jack Kerouac) et Dean (Neal Cassady) parcourent les Etats Unis en quête d'expériences plus excitantes que celles proposées par le modèle de l'Amérique des 50's. En s'ouvrant au monde qui les entoure, qui leur tend les bras, ils cherchent à s'enrichir, ils explorent leur potentiel et interrogent le modèle de vie américain. Voyages, rencontres, construction et déconstruction intérieure, Walter Salles donne au spectateur un matériau brut, sans conclusion ni positionnement de sa part sur les choix et expériences de ses personnages.
Si Sur La Route peut être critiqué pour son aspect catalogue de scènes hétéroclites ou même son manque de rythme, s'il peut ennuyer par un manque de directions affichées, c'est cette éclatement du film de Walter Salles qui nous permet d'embrasser et accompagner les expériences de ses personnages. Sur la Route, en parfait Road Movie hasardeux, ne semble pas exister à l'image pour résumer un livre majeur de la culture américaine et en livrer ses apprentissages. Walter Salles propose au spectateur le mécanisme de la découverte, et non ce qui a été découvert. Comme ses héros, le spectateur se voit proposé de multiples propositions, il les appréhende en même temps que Sal et Dean. Sur La Route de Walter Salles parvient, des plus intelligemment, à relire Kerouac avec les yeux de son époque, plutôt qu'avec notre regard actuel. Sur La Route c'est les 50's vu de l'intérieur.
Plutôt lent, à l'apparence un peu déstructurée, Sur La Route met en image les chemins empruntés par ses protagonistes et nous donne le rôle de Dean : nous sommes le compagnon de voyage de Sal. Si la drogue et le sexe sont omniprésents dans le film (et paraît il abondamment dans le livre), Walter Salles ne s'y attarde que timidement, il ne se servira de ces aspects que pour "orner" le voyage des deux amis, plutôt que d'en faire des étapes fondamentales. C'est peut être là le principal reproche que nous ferons à Sur la Route : hyper concentré sur la démarche d'ouverture de Sal ou de Dean, sur leur quête de liberté et leur soif de nouvelles expériences, Sur La Route en oublierait presque de prendre le temps de nous faire part de leurs effets sur eux et de partager ce qu'ils en ont pensé. Qu'importe ! Même si le voyage de Walter Salles fait l'impasse sur l'incarnation de ses personnages (et c'est peut être un moyen pour Salles de ne pas influencer le spectateur, de le laisser libre de se forger sa propre opinion personnelle), Sur la Route balance son spleen, sa beauté plastique et sa poésie avec un naturel et une désinvolture qui rend hommage à la liberté individuelle si chère au mouvement Beat Generation. Imparfait, incomplet, infidèle au roman... peut être ! Mais Sur La Route propose une bien belle ballade à qui saura s'abandonner à son parti pris rythmique : pas le Beat attendu, mais ça balance quand même.  
Sur La Route (Walter Salles, 2012)

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