Magazine

Interview Adrian Gee

Publié le 17 novembre 2012 par Bathart
Interview Adrian Gee

Adrian Gee

Bath-Art a eu l’occasion de rencontrer des artistes lors du festival Nördik Impakt à Caen. Parmi eux, Adrian Gee, qui jouait avant Agoria au Pavillon de Normandie, et a eu la bonne idée de reprendre les platines en fin de nuit. Pour toi public, il a accepté de répondre aux questions de Thibaut.

Bath-Art : Adrian Gee, peux tu te présenter en quelques mots ?

Adrian Gee : Je suis originaire de Cherbourg et je vis désormais à Paris. Cela fait environ 5 ans que je mixe, et 1 an que je fais de la production musicale. Quand j’ai commencé à mixer, mon style s’orientait plutôt vers des artistes électro tels qu’Ed Banger. Puis j’ai découvert la House. Ainsi j’ai décidé de m’y intéresser, de même qu’à la Deep House. C’est ce que je mixe en ce moment.

Quelles sont tes influences musicales ?

Elles viennent surtout des styles que j’écoutais lorsque j’étais plus jeune, notamment le Hip-Hop, la Soul ou le R’n'B. Ce sont en fait des influences très américaines, qui se ressentent dans la House de Chicago ou la Techno de Detroit.

Tu fais partie du collectif « Washin Mashin ». Comment s’est créé ce groupe ?

Au départ c’était une idée de certains de mes amis de Paris. Lors de mon arrivée dans la Capitale je les ai rejoins. Notre but était de faire plaisir aux gens à partir de ce que l’on aime. Ça a abouti à faire un collectif. On essaye de faire des choses variées en rassemblant nos centres d’intérêts comme la musique, le graffiti, ou plus personnellement la vidéo. Dans notre collectif, au-delà d’être DJ, je m’occupe des organisations de soirées et de la programmation d’artistes.

A ce propos, le collectif et toi avez organisé deux soirées sur une plage de Carteret dans la Manche. Est ce qu’elles ont eu du succès ?

En effet, nous avons été surpris du succès rencontré, notamment lors de la deuxième soirée où environ 3 500 personnes étaient présentes (selon la gendarmerie !) tandis que la première avait attiré environ 1 000 personnes. La mairie s’est rendu compte qu’il y avait quelque chose à tirer là dedans, car le lendemain, les gens qui avaient dormi sur place ont déambulé dans la ville et ont fait vivre les commerces. Suite à ça, les élus ont pris conscience de l’ampleur de ces soirées. Donc pourquoi ne pas aider le collectif en leur permettant de refaire la même chose avec autant de monde, mais dans de meilleures conditions ? C’est bien beau de faire une soirée sur une plage, mais il faut que les conditions de sécurité suivent.

En ce moment Paris explose en termes de musiques électroniques. Je pense notamment à la « Concrete » (after parisien de 7h à 2h du matin, Ndlr) qui s’est faite un nom en seulement un an. Penses-tu que cela est bénéfique pour les autres organisations ?

Effectivement, Paris explose et ce n’est pas plus mal. De plus, les afters du dimanche sont en plein boum. C’est ce que les organisateurs de la Concrete ont compris et ils ont su adapter leur programmation, ce qui explique leur succès. J’ai été personnellement contacté par des promoteurs qui m’ont proposé la direction artistique des afters électro « Diabolo » qui se déroulaient le dimanche à partir de la fin d’après-midi. Mon travail était de faire 21 bookings sur une période allant d’Avril à Septembre, en rassemblant quatre Djs par date. Le budget et les contacts m’ont permis de faire venir des artistes internationaux tels que Rodriguez Junior, San Proper, pour ne citer qu’eux. Mais à présent il y a beaucoup trop de concurrence à ce niveau, notamment le dimanche après-midi. C’est ce que j’en tire comme leçon suite à cette expérience.

Tu as passé quelques mois en Chine, qu’est ce que cela t’a apporté ?

J’y ai été il y a deux ans maintenant, à Shangaï plus précisément. Musicalement, ça a été un tournant dans ma carrière. Il faut savoir qu’il y a une scène deep house importante là-bas, et c’est ce qui m’a orienté vers ce style. Puis j’ai halluciné lorsque j’ai vu mixer un DJ nommé Dave K. Il m’a donné une mixtape que j’ai écouté en boucle. J’ai également eu l’occasion de mixer deux fois à ses côtés, grâce à un ami qui m’a introduit dans le milieu. Ce fut en quelque sorte le déclic ! A la base je suis allé en Chine pour faire des photos dans le mannequinat que j’ai décidé de laissé tomber pour me concentrer uniquement sur la musique. Au fur et à mesure on a rencontré des gens et on a organisé un petit festival de 1 000 personnes…au pied de la Muraille de Chine ! Cela s’est fait grâce à une personne qui possède une partie de la Muraille, et qui nous l’a mise à disposition. Nous avons donc fait venir un DJ allemand et plusieurs bons Djs chinois. En fait ce séjour en Chine m’a motivé à organiser des soirées à mon retour en France.

Tu as décidé de te mettre à la production il y a seulement un an, pourquoi ?

Je passe beaucoup de temps dans l’organisation et le booking de soirées, et cela me laisse un peu moins de temps pour le côté production. En ce moment, le collectif Washin Mashin a surtout besoin de faire vivre l’artistique et promouvoir les talents musicaux de certaines personnes que l’on connaît, dont Id!r, qui est un excellent bassiste à la base avec qui on se penche sur des projets musicaux. On doit faire évoluer cela, sortir des EP, et à terme, signer des productions sur notre propre label Washin Mashin. Sortir un vinyle dessus serait une consécration ! De mon côté, je pense avoir un ou deux morceaux qui tiennent la route. Après ce n’est pas forcément évident car les labels ne viennent pas directement vers toi en disant : « On est prêt à sortir vos morceaux ». Ils sont plus exigeants que ça. L’hiver arrive, c’est le moment de produire. Je pense qu’en 2013 nous aurons quelque chose d’assez solide pour espérer sortir quelques morceaux.

Ce soir (interview réalisée avant la soirée, Ndlr) tu mixes à la soirée de clôture de Nördik Impakt. Que ressens-tu vis-à-vis de ça ?

Ça me fait énormément plaisir, rien que de mixer en début de soirée (Adrien ne le savait pas encore mais il aura l’occasion de reprendre les platines au petit matin, NdR). De plus, ma sœur à ouvert Les Inrocks et à vu mon nom sur l’affiche, en dessous de M83, même si le style est différent, ou encore Villanova, Rone ou Agoria, ce sont des gens que j’aime bien. D’ailleurs Agoria a récemment fait un set incroyable lors de la Boiler Room pour l’Amsterdam Dance Event. J’en suis resté bouche bée et me suis dit qu’il y a du niveau ! Bien que je ne sois pas super fan de ses productions, il m’a mis une claque en DJ set.

Du fait que tu sois programmé tôt, par quel style vas-tu entamer la soirée ?

En ce moment j’ai l’habitude de faire beaucoup de fins de soirées, et donc de m’adapter en mixant plutôt Techno et Acid. Ce soir je vais tourner essentiellement autour de la Deep House sur un tempo plutôt lent d’environ 120 BPM. J’aime mixer des sons très planants qui peuvent faire voyager les gens.

Que penses-tu de l’évolution du festival autour du Cargö ces 2 dernières années ?

Je n’ai pas remis les pieds dans ce festival depuis qu’il a quitté le Parc Expo. Les infrastructures actuelles ne me plaisent pas plus que ça. J’adore les Warehouses, ces grands entrepôts industriels, et pour moi le Parc Expo est l’endroit parfait ! C’est cool de pouvoir jouer au Pavillon de Normandie, mais la capacité n’est que de 250 personnes. Certes la programmation est de qualité et le lieu est intimiste, mais ce n’est pas une jauge de festival.

Pour finir, quels sont tes coups de cœur musicaux du moment ?

Je dirais le dernier EP de Jimmy Edgar et Machinedrum dans leur nouvelle formation qui s’appelle Jets. Le maxi est du même nom. C’est très Abstract, Hip-Hop, avec des accords de Moog, un peu à l’ancienne. Ensuite je placerais le morceau de Cajmere sorti il y a quelques mois et qui s’appelle Acid House. Il parle de lui même, c’est très acid et le vocal répète « Acid House » en permanence. C’est ce que j’adore passer en fin de soirée. Enfin, je change de style mais je choisis un morceau du groupe punk Japanther. Leur musique est très entraînante, même si les paroles, très décalées, ne veulent rien dire.

Propos recueillis par Thibaut

Merci à Adrian Gee et Jules de Washin Mashin

SoundCloud d’Adrian Gee



Retour à La Une de Logo Paperblog