Magazine Journal intime

[lu] amore, roman de paola mastrocola

Publié le 14 décembre 2012 par Tilly

éditions Arlea, 2012, 220 pages, 18 euros, traduit de l'italien par Christophe Mileschis Chroniques de la rentrée littéraire

lu pour les Chroniques de la rentrée littéraire

illutration de couverture : quadrige d'Odilon Redon — en quatrième de couverture : Lidia est la fille d’un ouvrier spécialisé de chez Fiat et d’une marchande de fruits et légumes. Elle vit avec ses parents dans la banlieue de Turin. Une vie simple, morose, à peine égayée par la présence de Pino, le cheval.  Une vie pauvre, économiquement et culturellement, que l’achat inconsidéré d’une encyclopédie par ses parents va cependant faire basculer : Lidia ouvre au hasard un des premiers volumes et tombe sur l’article consacré à Bernart de Ventadorn, un poète provençal qui a chanté « l’amour de loin ». La décision de Lidia est prise : elle sera troubadour.  C’est du moins ce qu’elle lance à ses parents quand, âgée de 15 ans, elle quitte la maison et fait sa première fugue, pour aller rejoindre un vague amour de vacances à Milan.  Cette fugue marque le début d’une longue quête au cours de laquelle Lidia, taraudée de questions sur le sens de la vie, sur l’amour, sur le monde, n’aura de cesse de chercher sa place. Un temps guidée par son amie Antonietta, plus âgé qu’elle et aussi plus directement en prise avec les mouvements politiques des années 70.  Après des fiançailles auxquelles elle n’a consenti que pour faire plaisir à ses parents, et qu’elle rompt du jour au lendemain, une deuxième fugue l’entraîne dans un voyage à travers le Nord de l’Italie, de Turin à Pise. Un voyage qui n’aurait rien de bien aventureux si elle le faisait en train ou en voiture. Mais Lidia voyage... à cheval, sur le dos de Pino.  Mêlant avec bonheur une veine réaliste et une inspiration féerique, Amore est un merveilleux « roman d’apprentissage », apprentissage de la vie, des contradictions de l’amour, et de soi-même, dans une Italie en pleine mutation. Contre toutes les philosophies de la résignation qui ont cours aujourd’hui, Paola Mastrocola chante le pouvoir de l’imagination et la dignité des rêves d’enfant : la force de la littérature.

Lidia, l’héroïne et narratrice d’Amore a quinze ans en 1970 à Turin, au début du roman, et trente cinq à la fin, en Toscane. Elle raconte, explique, analyse, son étrange parcours de femme tout entier voué à la recherche d’un amour d’exception.

Paola Mastrocola a inventé un personnage attachant, non dépourvu de défauts, et parfaitement original. Cette petite fille pauvre et sans instruction dans l’Italie des années 70 touche par sa volonté farouche et son absence de complexes. Elle perçoit très tôt sa différence, sa singularité. Aucun modèle ne la satisfait, ni familial, ni amical ou amoureux. Elle rejette sans violence ni méchanceté les contraintes sociales et affectives que lui imposent sa naissance, son sexe. Sans l’aide d’aucun mentor, c’est dans la littérature, dans la poésie, que Lidia cherche et trouve ses références, ses icones (Dante, Plutarque, Beatrice, Laure, etc.). Paola Mastrocola nous fait vivre avec humour et réalisme les difficultés et les désillusions quotidiennes, parfois les tragédies, vécues par sa petite héroïne dotée d’un optimisme et d’une pugnacité sans failles malgré les obstacles.


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