Noël démystifié

Depuis que le Père Noël existe (car il existe, pas vrai?), il n’est pas un Noël sans qu’on se pose la question : comment fait-il pour livrer tous les cadeaux en une seule nuit ? La question met les Américains particulièrement à l’épreuve, partagés entre leur incroyable aptitude à comprendre les réalités et leur incorrigible détermination à s’en soustraire. Le compromis auquel ils parviennent le plus souvent consiste à proposer une vision hyper-réaliste de la logistique mise en oeuvre par le Père Noël, mais basée sur une technologie futuriste —appelez cela de la magie— encore inconnue des simples mortels.

Dans les productions hollywoodiennes les plus récentes, le Père Noël se retrouve donc généralement à la tête d’une sorte de multinationale du jouet  (The Santa Clause, Fred Claus, The Polar Express, Arthur Christmas…) qui exploite toute l’année une armée de petits elfes pour assurer manuellement la réception des commandes, la production et la livraison des colis, tout en investissant sans compter dans les nouvelles technologies spatio-temporelles pour assurer le transport des précieux cadeaux à la vitesse de la lumière autour de la planète le soir de Noël.

L’explication hollywoodienne se veut rassurante pour les parents, dont les enfants sont ainsi mieux préparés à la réalité du monde capitaliste qui les entoure. Mais elle  reste incomplète : malgré toute leur bonne volonté pour offrir une explication rationnelle à LA question, les auteurs de films  ne disposent pas du bagage scientifique nécessaire pour briser le rêve. Il leur faut toujours recourir à cette pincée de poudre magique pour accomplir le miracle en dernier lieu, le soir de Noël !

Cette année, UPS a donc décidé d’y mettre les gros moyens. Le géant mondial du transport logistique a mobilisé ses meilleurs cerveaux et toute la capacité de ses systèmes informatiques pour venir à bout de LA question et dévoiler la réalité matérielle de l’entreprise du Père Noël. Rien n’a été négligé : experts logistiques, specialistes des resources humaines, juristes et financiers ont tous contribué établir les contours de Père Noël Corporation.

Si Père Noël était une entreprise (ce dont plus personne ne doute à ce point de l’article, j’espère), il lui faudrait servir 760 millions de clients en une seule nuit. C’est le nombre d’enfants chrétiens sur la planète, d’après les estimations les plus sérieuse (UPS compte que le Père Noel n’offre rien aux petits juifs et musulmans, même les gentils). Pour cela, le Père Noël aurait besoin de moyens logistiques et humains considérables. Il lui faudrait :

• 46 centres de distribution dans le monde.
• 400.000 elfes pour charger les cadeaux dans le traineau du Père Noel.
• 60.000 elfes pour calculer le plan de route du Père Noel et optimiser son parcours tout en sécurisant les plans de vols avec les autorités de contrôle du traffic aérien civil des différents pays survolés.
• 7.000 elfes pour suivre le chargement en temps réel le soir de Noël et assurer la logistique d’étape.
• 100 elfes météorologistes pour assurer la sécurité du vol et veiller à ce que le Père Noël ne soit pas ralenti ou mis en danger par les aléas météo.
• 40.000 elfes pour assurer les formalités de douanes à l’entrée de chaque nouveau pays, dans le temps imparti.

Voilà pour la logistique du soir de Noël. En comptant qu’il faut environ 3,3 millions d’elfes pour acheminer les cadeaux vers les centres de distributions et en ajoutant les moyens nécessaires à la prise de commande, à la fabrication, au contrôle qualité et règlementaire, et aux autres fonctions essentielles à une telle entreprise, Père Noël Corporation aurait besoin de 12 millions d’elfes au total. C’est 40 fois le nombre d’elfes qui travaillent chez FedEx, la plus grosse entreprise logistique du monde.

Mais malgré tous leurs calculs, les experts d’UPS restent perplexes quant au moyen de transport du Père Noël. D’après eux, pour transporter 760 millions de cadeaux à raison de 500 grammes par cadeau en moyenne, il faudrait mobiliser 300 Boeing 747 Cargo en une seule nuit. L’ennui, c’est qu’il n’y en a pas autant en circulation dans le monde. Il faudrait aussi que ces avions puissent voler assez vite pour assurer la livraison de 9000 colis par seconde. Et c’est là, encore une fois, que les experts bottent en touche et en appellent à la magie… en attendant l’année prochaine et peut-être de nouvelles découvertes sur l’entreprise Noël !

Le blog fait relâche pendant les fêtes, mais reste ouvert à tous les commentateurs ! Pour mon Noël, vos commentaires me feront le plus grand plaisir. Et ils sont livrés instantanément sans Boeing 747, par la « simple » magie d’Internet ! Elle est peut-être là l’explication : le Père Noël, il passe par Internet !

Joyeux Noël et Bonne Année à tous !