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Comment se protéger des manipulateurs affectifs ?

Publié le 28 décembre 2012 par Nuage1962

Être victime d’un manipulateur affectif est difficile de s’épanouir et de sortir de cette dépendance de l’autre .. Cependant quand on comprends que les manipulateurs ont peur de l’échec, de la perte de pouvoir, cela peut donner une ouverture pour trouver des outils pour cesser cette manipulation
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Comment se protéger des manipulateurs affectifs ?

Comment se protéger des manipulateurs affectifs ?
PAR FRANCE LÉCUYER, SPÉCIALISTE EN PSYCHOLOGIE (M.A.PS.) ET INFIRMIÈRE  | PHOTO: ISTOCK

«C’est comme ça que tu me remercies, après tout ce que j’ai fait pour toi?» Cette phrase est un exemple typique de chantage émotionnel, une forme puissante de manipulation qui ruine la vie de bien des gens. Voici quelques conseils pour y mettre fin.

Les «maîtres chanteurs» émotionnels connaissent nos faiblesses et nos secrets les plus profonds, et ils utilisent ces informations à leur avantage pour nous forcer à faire ce qu’ils veulent. Il peut s’agir de notre conjoint, de notre mère, d’un collègue ou d’un ami à qui nous avons accordé notre confiance. Il faut souvent des mois, voire des années, avant de découvrir leurs brillants stratagèmes, car ils sont très habiles à dissimuler leur jeu. Susan Forward, thérapeute et consultante, décortique les relations caractérisées par la manipulation dans son ouvrage intitulé Ces gens qui font du chantage affectif, publié aux éditions de l’Homme, et nous propose des outils concrets pour identifier ces relations malsaines et minimiser leur impact.

À la base du chantage affectif se trouve une même injonction, dont seuls les détails varient selon les circonstances: «Si tu ne te comportes pas comme je veux, tu souffriras». Le manipulateur sait combien nous tenons à notre relation avec lui. Conscient de notre désir de conserver son amour et son estime, il menace d’arrêter d’éprouver, provisoirement ou définitivement, ces sentiments à notre égard, ou il nous donne l’impression que nous devons d’abord les mériter.

«Il exploite ce qu’il connaît de nous, à chaque fois qu’il redoute de ne pas pouvoir imposer sa volonté, et formule les menaces qui garantissent notre soumission», explique Susan Forward.

La manipulation affective engendre chez tous ceux qui en sont la cible un sentiment profond d’impuissance et de désarroi, qui les mine et ébranle rapidement leur estime personnelle. C’est pourquoi elle doit à tout prix être neutralisée.

Parmi les gens qui pratiquent la manipulation affective, il existe différents types de caractères et de comportements: certains sont passifs, d’autres ouvertement agressifs. On retrouve des partisans des méthodes directes et des manipulateurs plus subtils. Il y a ceux qui font sentir les risques qu’on court à les contrarier, et ceux qui insistent sur les souffrances qu’on leur inflige.

«Mais tous ont en commun de se soucier exclusivement de leurs besoins et de leurs désirs personnels, et d’éprouver de l’indifférence pour ceux d’autrui», assure l’auteur.

Entretenir les sentiments de peur, d’obligation et de culpabilité de leurs victimes est donc essentiel pour les manipulateurs affectifs. 

Les «maîtres chanteurs» ont peur de l’échec, du changement, du rejet et de perdre leur pouvoir. Certains éprouvent d’ailleurs de l’anxiété et des doutes quant à leur propre valeur depuis de longues années. Chez d’autres, ces peurs se sont manifestées à la suite de situations d’incertitude ou de stress récentes, qui ont ébranlé leur sentiment de sécurité.

On remarque que le niveau de chantage s’intensifie de façon spectaculaire lorsque le «maître chanteur» traverse une crise (divorce, perte d’emploi, maladie, etc.), car elle sape son sentiment de dignité.

«Une angoisse importante les pousse à agir. Quand les autres leur obéissent au doigt et à l’œil, ils ressentent un puissant sentiment de pouvoir et de sécurité, du moins sur le moment. La manipulation devient le bouclier qui les protège de leurs peurs et de leurs peines», écrit-elle.

- Dissiper la confusion qu’on éprouve lorsqu’on est avec le «maître chanteur». En effet, ce dernier peut habilement dissimuler ses agissements, à un point tel qu’on doute de ses propres perceptions. Comme il existe un gouffre immense entre les actions du manipulateur et l’image bienveillante qu’il projette, on ressent un mélange de perplexité, de désorientation et de rancune. Il faut en prendre conscience et demeurer vigilante.

- Désamorcer la situation. Pour jouer au jeu du chantage, il faut être deux! Si on a donné au «maître chanteur» les moyens de dominer, la soumission équivaut pour lui à une récompense.

«À chaque fois qu’on récompense quelqu’un à la suite d’une action, on lui fait comprendre, sans nécessairement le vouloir, qu’il peut récidiver», prévient Susan Forward.

- Modifier son comportement. Pour mettre fin à l’habitude de capituler devant le manipulateur, et pouvoir enfin travailler sur son propre bien-être, Susan Forward conseille…

  • … de ne pas réagir dès que le manipulateur exprime ses exigences. Il faut se donner le temps de réfléchir (à l’abri des pressions) et de dire: «Je n’ai pas de réponse pour l’instant», «Je ne suis pas prête à prendre une décision maintenant», ou encore «Je dois réfléchir, on en reparlera plus tard». Si l’autre se montre insistant, on répète la même chose. De cette façon, on dicte le rythme des événements.

  • … d’adopter le rôle de l’observateur. On note les réactions de l’autre face à sa position (réponse différée), et on prend conscience de ses émotions, de ses attitudes et de ses pensées face aux réactions du manipulateur. Ainsi, on pourra mettre le doigt sur les «croyances» qui font plier, comme:

 

        • «Quand j’aime quelqu’un, je suis responsable de son bonheur», «Si j’agis selon mes désirs, l’autre me trouvera égoïste», «L’autre est plus fort et plus intelligent que moi», etc.

  • … d’examiner la demande du manipulateur affectif et la façon dont elle a été exprimée: on détermine si elle cause un malaise ou un préjudice, si elle provoque chez soi un sentiment d’obligation, si elle porte à conséquence, et si oui, laquelle.
  • «Comme les pressions exercées par le manipulateur peuvent avoir un caractère blessant, agaçant ou humiliant, il ne faut pas les minimiser ou les laisser passer sous prétexte que le fond de l’affaire a peu d’importance», précise l’auteur.

  • … d’acquiescer ou de refuser en toute connaissance de cause. Ce n’est qu’après mûre réflexion qu’on pourra répondre à la demande qui a été faite, soit en acceptant, avec ou sans conditions, soit en refusant.
  • «D’où l’importance d’arrêter, de prendre du recul et d’observer», assure l’auteur.
  • On casse ainsi l’engrenage des réponses précipitées faites au «maître chanteur» et on préserve son intégrité.

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