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Un champ de tir à perte de vue, j'ai les poumons noirs et...

Publié le 07 janvier 2013 par M.
Un champ de tir à perte de vue, j'ai les poumons noirs et les ongles sales à force de creuser dans ma propre poitrine. Je ne suis pas morte et je dors dans ce mausolée où les murs suintent un peu plus chaque jour, c'est le bâtiment entier qui est malade et c'est dans mes yeux que fleurissent les moisissures, amour il faut que je me casse. Je dois brûler ce que j'ai adoré, et putain il faut que je le dise à quelqu'un avant que ma langue bleuisse et tombe, il faut larguer les amarres avant la gangrène, la vie n'est pas jolie sans toi, je ne sais pas comment renaître. Mes mues à demi achevées jonchent le sol. Chaque nuit dans nos cendres est un barreau supplémentaire et l'eau s'enfonce dans ma chair comme un acide pesant, j'ai peur de tourner le dos à mes souvenirs mais il faudra bien, il faudra bien, amour je veux vivre encore et je ne suis pas assez vieille pour m'engoncer dans la peau de la veuve meurtrie et être en paix avec ça. Je t'emmène, toujours, si tu veux bien, mais je ne peux plus rester dans cet espace où tout est aussi froid que la morgue en été.

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