Magazine Journal intime

Parfois, j'aimerais être un papa

Publié le 20 janvier 2013 par Bizz
Ça m'arrive d'y penser. Être un papa, ça doit être sacrément plaisant.
Zéro grossesse. Passer toute une vie sans connaître les nausées et le lien intime qui finit par se créer avec la cuvette des toilettes. Ne rien connaître de la sensation interne des hormones qui te transforment en chien enragé (pardon une fois de plus au monsieur qui a osé, il y a plus d'un an déjà, prendre LA place de stationnement pour femme enceinte de l'épicerie). Ne jamais, jamais, jamais s'éveiller en panique des suites d'un affreux cauchemar plein d'éventreurs. Ignorer l'existence même du nerf sciatique. Vivre librement sans qu'aucune tête ne vienne déclarer la guerre à la vessie. La belle vie, quoi!
Être papa, c'est aussi être celui qui accompagne pendant l'accouchement, qui frotte le bas du dos, qui chuchote des mots d'encouragement. Je vous entends d'ici: ah, moi, je préfère accoucher, je me sentirais tellement impuissante face à la douleur de l'autre, au moins, je suis dans l'action. FOUTAISE. On aimerait toutes, au moins pour un accouchement, ressentir de l'impuissance. JUSTE de l'impuissance. Pas la douleur des contractions, la tête du bébé, les points de suture, la cicatrice, le flot submergent du post-partum, l'inconfort des premières tétées, l'inconfort des premiers pipis, la hantise d'aller à la selle, alouette.
Le papa, c'est aussi celui qui ne se fait jamais critiquer sur son retour au travail, peu importe le moment. Il reprend du service avant la montée de lait? Oh, han, quel homme courageux, travailler si fort avec un si petit bébé à la maison. Une médaille. Il reste à la maison les deux premiers mois? Bravo, quel homme conciliant, il permet à la maman de mieux récupérer. Une médaille. Il prend la moitié ou plus du congé parental? La crème des hommes, un papa présent pour son enfant. Une médaille. Et la maman, elle, elle reste à la maison sans revenu? Non? Elle retourne au travail? CATASTROPHE. La maman, qu'elle retourne au travail 2 jours après l'accouchement ou 20 ans plus tard, pas de différence. Pas de médaille non plus.
D'ailleurs, le papa possède, en matière d'heures quotidiennes consacrées à sa carrière, un nombre illimité. La maman doit se contenter d'un maximum de 2 heures par jour, sous peine d'être classée parmi les mères indignes. Et encore, ces 2 heures doivent être obligatoirement utilisées durant la sieste, si, et seulement si, le ménage, le lavage et les repas de la journée sont prêts. Malheur aux mamans qui laissent leurs enfants à la garderie 50 heures par semaine pour aller gagner leur croûte! Elles finiront brûlées sur le bûcher, vous êtes averties.
En matière d'absence prolongée de la maison, le papa a, une fois de plus, droit à une réserve infinie de jours/nuits loin de la chaumière familiale. Si l'envie lui prend de participer à un congrès à Barcelone qui le fera s'absenter 2 bonnes semaines, il a droit aux acclamations de la foule sociétale en délire soulignant son ambition et sa carrière florissante, sans oublier d'applaudir le fait qu'il assume ses responsabilités de père de famille en allant gagner des sous pour nourrir son petit monde. La maman, on lui accorde une nuit d'absence. Et encore, pour que ce soit socialement acceptable, il faut, de préférence, qu'elle passe cette nuit avec le papa, dans une sortie dite «d'amoureux». Au-delà d'une nuit ou pour une raison autre que celle mentionnée ci-haut, on la pointera du doigt et mettra en doute ses capacités maternelles.
Et bien sûr, quand le papa revient du travail, il a droit à un accueil extraordinaire, plein de cris de joie, de câlins et de rires, et ce, même quand, cinq minutes plus tôt, la maison menaçait de s'écrouler sous les pleurs d'enfants affamés. Quand, un peu jalouse, la maman ose demander la raison de cette excitation démontrée à l'égard du papa, mais pas à elle, elle obtient la réponse fatidique:
«Toi, t'es toujours là, maman.»
C'est décidé, han. Demain, je deviens un papa.


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