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Ode à l’Ado

Publié le 25 janvier 2013 par Lepaf

Ode à l’AdoBon je précise pour ceux qui auraient un zeste de doute, que ce titre est un « joke ».

Entendons-nous bien : je me suis détesté en ado soixante-huitard, découvrant subitement Lennon et les Who, les cheveux longs à la « Grand Duduche en couverture de Pilote » et la politique en version originale «  ! ! Hô Chi Minh ! Che ! Che ! Guevara ! », cocktail indigeste à consommer de préférence avec de la version grecque sous titrée par les Éditions Hatier. Je n’ai eu d’amour pour le latin et le grec que lorsqu’il était question de sexe. Merci Montherlant pour le Satyricon de Pétrone, merci à Suétone pour ses Douze Césars.

Oui la chose était dans les livres ou dans les revues mais sûrement pas dans les pages pudiques de Lagarde et Michard. La drague s’avérait difficile car il fallait un permis de « chasse » délivré par le cercle des copains de celui qui a eu son permis moto avant tout le monde. On se contentait de quelques bises comme on reçoit l’aumône, en espérant que Patrick et Jean-Michel nous inviteraient à leurs surboums.

Je peux fournir une version actualisée en changeant les prénoms style Brandon, Dylan, Ryan, sans oublier Britney, Brenda et Jennyfer…..le schéma demeure le même, comme aiment à le dire les psychiatres.

Donc cette traversée du désert Lycéen devint rapidement le chemin du calvaire.

A cet instant on se fait une promesse : »Moi, si un jour j’ai des enfants, leur adolescence sera aussi agréable qu’une traversée de Paris la nuit, en Bentley, sans passer par la case Treizième pilier du Tunnel du Pont de l’Alma, cela va sans dire. »

Eh bien mon gars t’as pas fini de couler si tu continues à naviguer sur l’Océan des illusions !!!

Quand on va chercher la prunelle de ses yeux à la sortie de la maternelle, on est à mille lieux d’imaginer qu’un jour l’engin va devenir incontrôlable ; une fille qui entre dans l’adolescence c’est une grenade dégoupillée. J’imagine le bonheur contenu de ceux qui ont un brelan de girls dans leur jeu.

Bien sur on a tous droit, nous les parents ingrats, à cette remarque frappée du bon sens, lorsque, une fois la côte d’alerte atteinte, vous lui expliquez qu’elle est stupide : » c’est normal j’suis ta fille, j’te ressemble ».

Et encore je n’arrive pas à écrire aussi vite qu’elle cause…car cette génération ne sait pas ce que veut dire articuler : elle veut monter sur les planches pour faire du stand-up ou du rap,
mais elle oublie qu’on ne cuisine pas son texte comme un steak haché !

La complicité « père-fille » est là, certes, mais elle se manifeste surtout en deux périodes : celle des évals ou des examens et celle des soldes, ces derniers durant approximativement huit mois sur douze.

On s’éloigne de plus en plus du monde merveilleux de Walt Disney, pour entrer dans celui des apprenties « fashion victims ». C’est le moment où elles choisissent de prendre possession de toutes les pièces de la maison où l’on peut trouver cet objet incroyable qu’on appelle miroir.

Ah j’oubliais un détail : ne jamais se trouver à plus d’un mètre du smartphone; si tu perds le fil ininterrompu des sms t’es mort.

Parfois je dois ressortir un vieux masque à gaz, souvenir du camp du Larzac pour éviter de suffoquer sous les effluves des litres de Fame, le parfum de Lady Gaga que les copines ont littéralement déversé dans leur sac à main. Parfum d’ados n’a jamais été un bon titre de film.

N’essayez pas d’avoir le code qui donne accès à son univers vous n’y arriverez pas.

 » Wesh là les gens ! c’est privé. Il est trop grave mon daron. Je kiffe comme ma reum elle l’a cassé. Déjà, je trouve chelou qu’elle taffe un max, mesquina, et que lui c’est le mito qui se tape l’incruste. Mais je gère et je le vire de ma werss… »

Elle se construit sa personnalité, se cherche, dans les galeries marchandes ou les sites de mode : elle découvre la sociologie sans le savoir comme Monsieur Jourdain faisait de la prose.

De temps à autres, elle balance des « like » sur Facebook mais refuse d’aimer cette espèce mystérieuse qu’on appelle le légume.

Mon univers, nostalgique et désuet où se croisent les fantômes de Claude Santelli, Truffaut, Melville, Sartre ou Raymond Aron sont à ses yeux un labyrinthe culturel où elle refuse de s’aventurer. Pas de presse « papier » dans ce capharnaüm dantesque qu’on appelle aussi chambre ou bordel, c’est selon.

J’attends ce moment magique où elle découvrira les vertus du fer à repasser, et la ronde infernale et pourtant si romantique des tâches ménagères. Il y a un moment pour tout me direz-vous : cela est vrai et je dois concéder que je vois parfois poindre la future femme qu’elle deviendra un jour.

Si par hasard mon regard croise, de façon un peu trop appuyée, celui d’une jeune personne que je connais et que je salue tendrement, un écho sans pitié arrive dans mon dos et répéte :    » Quelle conne celle-la; tu ne vois pas que c’est une aguicheuse ! » Possessive et jalouse la tigresse teste ses premières griffes sur le premier homme venu : son père.

Mais ce que tu ignores ma chérie, c’est que moi, Lepaf, je suis un éternel ado…lol !!!!


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