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CAMEROUN : Paul Biya à Paris ou le crépuscule de l’opposition camerounaise

Publié le 28 janvier 2013 par Menye Alain
Paul Biya quittant Yaoundé pour Paris ce matin

Paul Biya quittant Yaoundé pour Paris ce matin

Dans un article publié par Le Figaro le 20/09/2012 et intitulé « Hollande reçoit discrètement les dictateurs« , le journal de droite voulait fustiger la gauche mais, reconnaissait bien que le président français élu était rattrapé par le phénomène de realpolitik.  En effet, le 23 juillet 2012, lors de la visite du roi de Bahreïn, l’Elysée n’avait pas inscrit cette rencontre à l’agenda présidentiel. Et pour cause: le roi Hamad Ben Issa al-Khalifa était accusé d’avoir maté dans le sang, grâce au soutien de l’Arabie saoudite, un début de révolte en 2011. Quant à l’arrivée en France du président camerounais Paul Biya, l’agenda élyséen l’annonce et par conséquent, au lieu de s’apprêter à blâmer l’homme-lion, la réflexion devrait être focalisée sur la France, son hôte. Explications. 

Selon un communiqué de la présidence de la République camerounaise, c’est à l’invitation du président français François Hollande que Paul Biya, président de la République du Cameroun, s’est rendu ce lundi 28 janvier 2013 à Paris, en France. Il a quitté Yaoundé en milieu de matinée, en compagnie de son épouse Chantal Biya, pour une visite de travail en France où, il aura des entretiens avec son homologue français le 30 janvier 2013 et prendra part, le 31 janvier 2013, au Forum économique franco-camerounais… Une délégation forte de plus de 20 personnes dont 12 ministres l’accompagne. Mais,ce n’est pas le sujet.

Le rappel des visites de Mouammar Kadhafi et de Bachar al-Assad deux présidents considérés comme « dictateurs » par les socialistes au temps de Nicolas Sarkozy, n’est plus qu’un mauvais souvenir. Aujourd’hui, ils sont confrontés à des réalités sur lesquelles ils ne peuvent se départir. La vraie question est de savoir les « qui » il faut blâmer, entre les autorités camerounaises ou les françaises. Ceci ne dépend point de quel côté de la barrière on se trouve. Dans l’opposition ou proche du pouvoir camerounais -peu importe-, les questions sans réponse fusent. Il est irresponsable, à mon avis, que des gens puissent se définir comme « opposants au régime », et venir manifester, non contre la venue d’un chef d’Etat qu’ils exècrent, et c’est leur droit le plus absolu, mais contre sa personne. Car, c’est de cela qu’il s’agit. C’est un manque de respect pour son pays, et pour celui qui l’invite.

Tout d’abord, il faut veiller à ne pas décrédibiliser son propre combat. Hélas, autant j’observe le CODE avec respect quand il s’engage lorsqu’il s’agit d’une visite privée, autant, je méprise leur action, quand il s’agit d’une visite officielle, qui plus est, à l’invitation de la France, malgré les salmigondis véhiculées ici et là qui voulaient faire croire que cette visite était à la demande du camp camerounais. Il n’en est rien. Et, de voir arriver, comme tiré d’un chapeau de magicien, le Collectif Diasporique Camerounais qui vient, semble-t-il, phagocyter le combat du Code, je me dis finalement que cette opposition-là, n’est constituée que de bras cassés. Biya peut dormir tranquille.

On ne parle plus du sempiternel débat sur les droits de l’homme au Cameroun dont on veut mettre en avant. On s’insulte. Imperméable à la critique, tout point de vue différent fait automatiquement l’objet de quolibets et d’accusations fantaisistes: « Il est du CENER »; « Il est du RDPC » etc. Alors qu’on critique vertement la France, puissance coloniale, on se ridiculise à envoyer des courriers à François Hollande. Quelle faiblesse !  Quand on ne respecte pas son propre pays à l’étranger, que peut attendre de son pays hôte ? Rien, que du mépris. Pour protester contre la venue de Paul Biya à Paris, il faut plutôt accuser la France, et non faire l’inverse voire patauger telle une mouche dans la bouse, comme le fait l’opposition camerounaise…


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