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Robert Ménard, tel qu'en lui-même enfin

Publié le 10 avril 2008 par Frontere

Robert Ménard, tel qu’en lui-même enfinA l’heure où beaucoup saluent le geste, pour ne pas dire la geste (il y a de cela en effet), de Robert Ménard, qui vient d’escalader Notre-Dame-de-Paris (1) pour protester contre le sort réservé au Tibet et brandir à la face du monde son drapeau, je souhaite rendre ici hommage au secrétaire général de « Reporters sans frontières », organisation qui se bat pour la liberté de la presse.

Robert Ménard, je l’ai connu au lycée Jean-Moulin à Béziers, ma ville natale, au début des années soixante-dix.

Je me souviens par exemple qu’en 1973, à l’époque des manifestations contre la loi Debré de réforme de l’enseignement supérieur et des lycées, il donnait des cours de philosophie, pendant les grèves, à des lycéens pour leur permettre de ne pas prendre trop de retard dans leurs cours : il était déjà un garçon généreux.

Plus tard, je l’ai retrouvé au Parti socialiste, où nous militions ensemble au C.E.R.E.S. (2) au moment du congrès de Metz (1979). Je crois qu’il détestait le côté jacobin du C.E.R.E.S., et il avait raison.

Puis, il s’est investi dans la défense des radios libres (déjà, le goût des contre-pouvoirs) ; François Mitterrand, alors premier secrétaire du parti socialiste, est même venu témoigner en sa faveur lors d’un procès au tribunal de Béziers.

Robert avait fondé une radio libre : « Radio Pomarède », du nom d’un bandit d’honneur du Biterrois, radio qui continuait à émettre malgré l’interdiction du ministre de l’Intérieur ; il m’expliquera un jour que, bandit, Pomarède l’était, d’honneur, il fallait voir…

Au fond, il réclamait à la manière de Lionel Jospin plus tard une sorte de devoir d’inventaire.

Ultérieurement, Robert Ménard a travaillé à Radio France Hérault et je me souviens de l’avoir entendu sur France Inter, en décembre 1984, à l’époque de l’explosion de l’usine chimique de Bhopal en Inde (3) ; à Béziers, il existait une usine du même type à la zone industrielle de la Devèze…

Il avait là aussi le souci de l’intérêt général.

Enfin mon dernier contact remonte à 1997-1998 lorsque je participais à la réunion mensuelle de l’équipe rédactionnelle de La Lettre du cadre territorial, Hugues Périnel, directeur de la rédaction, recherchait des personnalités, extérieures à la fonction publique territoriale et porteuses de valeurs d’éthique, à interviewer.

Le nom de Robert Ménard s’imposait, je l’ai donc contacté à « Reporters sans frontières », qu’il avait fondé depuis une douzaine d’années, et il a accepté de répondre par téléphone à une interview, il a ajouté : « Je te fais confiance pour mettre tout ça en forme. »

Voilà, malgré les dures attaques dont il est parfois l’objet, je peux témoigner que Robert Ménard est quelqu’un de bien, quelqu’un de respectable ; il a de manière authentique le souci de défendre le bien commun et les libertés individuelles.

En 1974, John Lennon avait sorti son quatrième album intitulé Walls and Bridges : Des Murs et des Ponts. Si certains hommes élèvent des murs, Robert, lui, jette des ponts entre les gens. Aujourd’hui, entre le peuple du Tibet et le monde.

Et qui d’autre, mieux que lui, pourrait faire sien le propos de Jean-Paul Sartre :

« On ne peut exiger de moi, dans le moment où j’éprouve que ma liberté est indissociablement liée à celle de tous les autres hommes, que je l’emploie à approuver l’asservissement de quelques-uns d’entre eux.  » (4)

Je ne l’ai pas revu depuis presque trente ans, mais, pour moi, il reste un ami. Et surtout, oui, un type respectable, les jeunes des banlieues diraient : total respect.

Notes

(1) dans la nuit du 7 au 8 avril

(2) Centre d’études, de recherche et d’éducation socialistes, aile gauche du Parti socialiste dans les années soixante-dix, dont les animateurs étaient Jean-Pierre Chevènement et Georges Sarre

(3) Une fuite de gaz toxique dans une usine de pesticides, à Bhopal, avait provoqué la mort de 2 500 personnes.

(4) Jean-Paul Sartre, Qu’est-ce que la littérature ?, Paris, Gallimard, 1948 

Post-scriptum : cet article publié aujourd’hui sur le site du média citoyen Agoravox http://www.AgoraVox.fr/article.php3?id_article=38509 a déclenché de violentes polémiques (lire sur Agoravox) - je serais l’ami d’un agent de la C.I.A.! - dont je situe l’inspiration à l’extrême-gauche radicale ; après avoir été traité de pro-P.C. pour avoir soutenu lors des élections municipales à Nîmes mon ami Alain Clary, liste Nîmes en Mouvement (P.C.- divers Gauche) voilà qui rétablira l’équilibre!


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