Magazine Journal intime

Ce qui s'est dit dans « mon » salon

Publié le 02 mars 2013 par Claudel

Je suis émue. Contente ? Oui, contente aussi. Même si j’ai peu vendu. Finalement, on ne va pas vraiment à des Salons du livre pour vendre. Comme premier objectif, oui, mais ensuite, on s’aperçoit que ce ne fut pas le seul résultat. Surtout quand c’est dans «ton» monde. Presque «mon» Salon. 
Ce qui s'est dit dans « mon » salon Je suis de l’Outaouais, je suis de la blogosphère, je le sais, je l’ai senti. 
En roulant sur l’autoroute 50, déjà je mijotais mon billet, je concevais les phrases, je revoyais les gens, je repassais mes phrases. Passer son temps à faire des phrases dans sa tête, est-ce être auteur ? Je ne saurais dire, mais si écrire son billet tout en surveillant la sortie 210 à Montebello, c’est être blogueuse… blogueuse, je suis. 
Il y eut d’abord les câlins à Pierre H. Charron. Un grand sourire à Lysette Brochu. Le plaisir de voir Sonia Alain. La compassion pour Raymond Ouimet qui n’avait déjà plus de livres à offrir. Ensuite, une petite blague dont je ne suis pas certaine qu’elle fut appréciée. Au lieu de penser à la première phrase que j’allais prononcer en voyant un blogueuse que je connais depuis quatre ans, mais que je n’avais jamais eu l’occasion de rencontrer pour vrai, j’aurais mieux fait de trouver une dédicace à lui écrire. Toujours est-il que je voulais me mettre dans la file et sans lui donner trop le temps de me reconnaître, lui lancer « Êtes-vous allé au Japon au moins ? » faisant référence à un de ses billets >>>
Évidemment, rien ne se passe jamais comme prévu, ladite blogueuse, Gen pour la nommer , se pointe, au moment même où je la demandais à son stand. Vêtue de son manteau , un grand sac en bandoulière, presque essoufflée, elle est là derrière moi. Qu’est-ce que je fais ? Sans réfléchir, vu l’urgence de la situation, je me retourne et sans lui donner le temps d’arriver, je lui lance ma phrase assassine. Elle a de l’aplomb, la jeune auteure-amateure-d’arts martiaux. « Je vais vous le dire, quand je me serai assise ». Trouvant que le supplice avait assez duré et me trouvant presque cruelle, je me présente, elle me reconnait, on se donne l’accolade. 
Après une dédicace, je la laisse à des jeunes assoiffés de livres aussi nombreux qu’intéressés. Après l’avoir lue, cette dédicace, j’ai eu honte. À quoi j’ai pensé de l’aborder de la sorte? Encore plus honte quand, à son tour, deux heures plus tard, elle vint me réclamer ma signature. Je n’avais rien préparé, moi! Je comptais sur mon talent d’improvisatrice. Talent? Où ça? Rien n’a surgi de cet esprit tout plein des rencontres d’auteurs et de blogueurs, des phrases échangées avec des collègues, voisins de table de dédicace. Heureusement, Gen n’a pas l’air de m’en vouloir, mais ne m’oubliera pas, c’est certain! 
Après quelques échanges verbaux (y a pas pires verbomoteurs que des auteurs!) avec des gens que je connais plus ou moins, avec de purs étrangers, je me sentais quand même dans mon élément. Comme une longue soirée à ne parler que de mon sujet préféré : le livre. Mais quand je me suis promenée dans les allées, que j’ai vu Djemila Benabib que je vois souvent à Bazzo.TV. Je me suis dit rapidement : que fait-elle ici… dans « mon » salon? Pas comme un reproche, loin de là, mais comme une intruse. Mais peut-être est-ce moi qui ne réalisais pas que je me promenais dans « la cour des grands »? Que j’étais une des leurs. Que je n’étais pas que blogueuse du dimanche, une banale Facebookienne, mais auteure, une vraie. 
En revanche, jamais, je ne me suis sentie imposteur. 
Et quand le directeur littéraire de Vents d’Ouest (mon plus récent éditeur) vous lance : « en tout cas on est intéressé à lire la suite », ça clôt bien une journée dans un Salon du livre, non ? Ce n’est pas le genre de phrase qu’on dit à n’importe qui. C’était un échange entre un directeur littéraire et une auteure. 
Voilà pourquoi, ce soir, au souvenir de toutes ces phrases, je suis émue. Émue d’avoir la chance de vivre et d’entendre de telles phrases.
(photo de "mon" salon, faute d'avoir apporté mon gros appareil photo pour prendre le "vrai")

Retour à La Une de Logo Paperblog