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J'ai cru que peut être, les choses avaient une fin, mais ...

Publié le 14 mars 2013 par M.
J'ai cru que peut être, les choses avaient une fin, mais tout est dérisoire à minuit et rien ne s'arrête jamais. Pas le temps de souffler, respirer vite, sinon les plombs sautent dans la hauteur vertigineuse de mon crâne quand il faut redresser la barre. Les temps ne sont jamais que des additions, une somme de rires, une somme d'angoisses, une somme de décisions que rien n'éclaire sinon l'étincelle électrique provoquée par les claques que je me fous à moi même. Je ne fais pas bien l'adulte, j'ai toujours apprécié la chaleur de ta main pendant la récré, mais tout change. Même les mots de passe. J'ai cru que peut être, on allait m'attendre, mais l'immobilité est un mirage sur lequel mon humanité s'écorche. Sortir sa gueule de la flaque de chagrin, se retenir à ses propres côtes, si je veux que mes lèvres se cramponnent à nouveau sur du 220 volts, c'est à moi de lancer le décompte. J'ai cru que peut être, ceux que j'aime allaient me sauver mais non, ils peuvent m'empêcher de mourir, ils peuvent écoper quand je pleure, ils peuvent trembler quand j'écrase de trop près le mur aigu de la folie, mais ils ne peuvent pas m'ouvrir la poitrine et forcer le coeur à redémarrer. Leur devoir n'est pas de retenir mais de laisser le choix. Chacun porte le poids de ses foutus os, et mes os sont salis, usés, fragiles, mes os je les ai maltraités parce que je ne savais plus quoi en foutre, mes os je les ai balancés à la flotte dans l'espoir vain de repêcher un fantôme, et maintenant que la rage a atteint ses limites, il faut bien que je les les recolle, à coups de vis mentales et de peurs qu'on déchire. Alors un jour briser l'échine à ce cercueil suave au fond de la ville engloutie. J'ai aimé ce garçon comme une étoile, j'ai aimé ce garçon comme s'il était mes yeux d'aveugles et la paix infinie après une vie dans les tranchées d'une guerre sanglante, et puis il est mort, il est mort sans adieux, sans sursis, dans son silence tranquille. Ce n'était pas ma faute après tout. Il m'a fallu longtemps pour y voir clair. J'ai cru que peut être, les choses avaient une fin, mais tout est dérisoire à l'échelle de mes mots et j'ai finalement choisi la façon dont j'allais renaître, et j'y arriverai sans m'accrocher la nuit, sans le bras de personne, sans baiser le premier venu pour écraser la solitude, sans cracher sur le bonheur des autres, et j'irai réécrire dans les chairs abîmées l'habituel crédo élevé au rang d'idéal ; nous sommes sauvages et nous voulons aimer : comme personne n'aime. Parce que rien n'est plus important que cette ultime connerie, ce luxe immense sans lequel la vie ne fait rien que m'emmerder.

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