Magazine Journal intime

Une année Found in Translation

Publié le 01 mai 2013 par Alainduneuftrois
Note:  Plus qu'un exercice narcissique, ce qui suit est un aperçu des deux dernières années (en l'occurrence les miennes). Il n'en est pas moins égocentrique pour autant. Mais en réalité, tout n'est-il pas narcissisme? De Facebook qui en est le forum à chaque instant passé devant le miroir de notre salle de bain à vérifier notre beauté au profit d'un jugement que les autres portent sur nous, ne sommes-nous pas tous envahis par un certain amour-propre obnubilant?J'entretiens l'idée qu'il y a deux sortes de personnes quand il s'agit de nos névroses personnelles au rang desquelles je place le narcissisme: Il y a ceux qui les les assument, qui acceptent la nature imparfaite de leur personnalité; puis il y a ceux qui se mentent dans un refoulement perpétuel de leurs défauts qu'ils n'avouent pas aux autres et surtout pas à eux-mêmes.Je choisis d'accepter ce trait de caractère.Plus qu'un exercice narcissique, l'écriture est pour moi la forme la plus efficace des catharsis.

Comme beaucoup de mes histoires, celle-ci commence avec une névrose en 2011. Une névrose particulièrement forte et paralysante qui m'a obsédé pendant plus d'une année dont je n'ai pu m'absoudre que d'une seule et unique manière. C'est l'histoire de ces deux dernières années qui auront été psychologiquement les plus difficiles, les plus éprouvantes, dont le point culminant aura été marqué par un fait qui aura profondément changé la cadence et la qualité de ma vie:
-Je quitte Assas- (Fuck YEAH)
C'est sans exagération que je vous dis que les mots me manquent pour vous décrire cette faculté de Droit, mais à toutes fins utiles, en voici quelques-uns qui me passent spontanément par la tête et qui, je l'espère, vous aideront à vous figurer le portrait que je tente d'en dresser:
Fac de M***e                                                       Environnement hostile           

Etudiants antipathiques 
République Bananière          Chargés de TD imblairables
                Cauchemar Perpétuel
Elitisme caractérisé         Fils/fille à Papa/Maman           
                                                                                                                    VOMI                                                 
Absence de cohésion étudiante               Bande de CONS FINIS


                               Excellence Auto-proclamée
C'est pour cela que dès que l'occasion s'est présentée, j'y ai immédiatement terminé ma scolarité pour m'inscrire quelque part d'autre. Quelque part de loin, très loin.Et c'est par pur hasard, un jour, au détour d'une conversation que j'entends parler d'Aix-En-Provence.J'entame mes recherches, me renseigne sur la ville, la faculté, le climat. Je crois rêver tant cet endroit me paraît être parfait. 
En Août 2012, avec mon diplome de licence en droit arraché avec précipitation à la scolarité d'Assas, je fais mes cartons, résilie mon bail (tant mieux il était hors de prix) et avec l'aide d'un ami, je déménage.
Direction: Le sud.

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La Ferrari Camion (Notez le scotch dont la fonction est de maintenir la porte latérale fermée)


La première chose qui me frappe à Aix-En-Provence, c'est a chaleur. Moi qui me languissait de son absence à Paris, me voilà servi. Moyenne constatée sur le mois: 32°c et non ça ne se refroidit pas énormément la nuit et non je n'ai pas de climatisation.Après 2 aller-retour particulièrement éprouvants à bord d'un camion qui ne possède ni climatisation, ni direction assistée (et je ne suis pas convaincu qu'il ait passé le contrôle technique quoiqu'en dise mon ami), je déballe mes cartons dans mon nouveau "chez moi" situé en plein coeur du centre historique.

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Olive l'olivier, premier achat


La deuxième chose qui me frappe, c'est l'ambiance générale à la faculté de droit d'Aix.Là où il était quasi-impossible à Assas de parler à des personnes que je ne connaissais pas, je peine ici à trouver un instant où je ne me suis pas retrouvé à être en conversation avec de parfaits inconnus. De l'amphithéâtre aux salles de TDs, je n'ai pas le souvenir, ni même du premier jour, où quelqu'un n'est pas venu me parler.

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Faculté de Droit d'Aix-en-Provence


C'est peut être ça le charme de d'Aix: Personne n'en vient réellement, nous sommes tous en quelque sorte des étrangers à notre propre manière. Un peu perdus loin de chez nous. Le fait est que mon "chez-moi" est beaucoup plus loin que le "chez-soi" des autres, le mien est quelque part en Afrique Australe avec mes parents que je ne vois que 2 fois par an (3 si j'ai de la chance). A plus de 11 heures d'avion, je n'ai pas réellement l'occasion de rentrer toutes les vacances et encore moins les week-ends.
Tout aussi important, je retrouve le bonheur dans le travail. Je redécouvre la joie du travail bien fait, la satisfaction éprouvée dans la réalisation et l'achèvement d'une tâche. C'est l'environnement de travail, purement et simplement, qui a cet effet. Je sens que j'ai quelque chose à gagner en réussissant ici, une récompense qu'il est difficile à décrire avec de simples mots. J'obtiens un stage dans un cabinet spécialisé en Propriété Intellectuelle situé à Marseille, un cabinet fantastique (et réputé m'voyez...) dans lequel je travaille avec des avocats pour lesquels le dictionnaire des adjectifs de la langue française fait carence pour définir leur professionalisme mais aussi leur gentillesse. Je redécouvre le droit avec eux, un droit vivant et pratique, loin de la virtualité du théorique, un droit fondamentalement humain.

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Mon bureau au cabinet


Occurrence tout à fait improbable, j'obtiens même mon 1er semestre avec une mention. Cel ne m'était pas arrivé depuis la baccalauréat...
Pour la première fois de ma vie, j'arrive à m'imaginer dans le futur tant académiquement que professionnellement . A Assas, je terminai une année pour subir l'année qui suivait. Obtenir sa L1 pour entrer en L2, pour ensuite entrer en L3. Il n'y avait rien de concret et croyez moi, j'ai failli abandonner et tout lâcher à cause d'elle. Rien de concret. Vous m'auriez demandé ce que je voulais faire après une année de licence, je vous aurai répondu avec hésitation "l'année suivante..?"
Ici, tout change. Je suis en M1 Droit et Management de la Culture et des Médias. Je me vois déjà l'année qui suit en M2 (prions svp pour Propriété Intellectuelle et NTIC), puis passer le barreau, puis après faire un LLM aux USA. Je peux même vous dire dans quelle genre de cabinet ou de société je me vois évoluer. C'est le genre de pensée que je n'aurai jamais eue auparavant.
Et c'est là que je comprends. Je me rends soudainement compte de quelque chose que je n'avais pas réussi à verbaliser jusqu'à maintenant, qui était sur le bout de ma langue et qui n'arrive à sortir qu'aujourd'hui:
Paris et Assas ont réussi à me faire croire que j'étais complètement con.
Alors je concède qu'à de nombreux égards je paraît con, objectivement même. Je m'amuse comme un enfant de 5 ans, je me déguise en Buzz l'éclair en soirée (à CHAQUE SOIREE....), je fais le pitre tout le temps, l'un de mes buts dans la vie et de faire rire et amuser la galerie et j'ai un sens de l'humour que beaucoup jugerons plus que douteux. Ajoutez à cela une dose d'arrogance parfaitement injustifiée et vous avez devant vous un adolescent de 15 ans au mieux qui mérite des baffes.
Une année Found in Translation

Enfin bref... Ce n'est pas de ce genre de "con" dont je parle. Je parle du con académique, pas du débile léger qui se bave dessus à chaque fois qu'il ouvre la bouche pour tenter d'exprimer une idée.
Ici, j'ai l'impression d'être presque intelligent.
Cependant, le travail ne peut pas définir à lui seul une existence. Le travail est une expérience fondamentalement solitaire dans notre milieu juridique et c'est pour cela que cette histoire ne serait pas réellement complète sans parler de mes rencontres (Non... pas dans ce sens là bande d'obsédés!)
De Septembre au jour où je vous écris (1er mai en l'occurrence, je fais une pause dans mon travail) j'ai rencontré des gens absolument fantastiques, des personnalités tout à fait uniques et singulières, en somme un grand changement par rapport à cet océan de clones d'Assas.
Ce sera en partie grace à eux que j'aurai repris gout et confiance dans de nombreux aspects de ma vie Eux ne me connaissent que de cette année, mais je pense qu'ils n'imaginent pas à quel point on part de loin, littéralement et figurativement, quand on vient de Paris.
Je ne peux bien évidemment pas tous les citer et je ne le ferai pas. D'une part parce que je considère que je n'ai pas à dévoiler leur anonymat sur internet et d'autre part parce que si jamais j'oublie ne serait-ce qu'une personne, le tout va dégénérer dans un incident diplomatique que je n'aurai certainement pas la force de résoudre à coup d'explications confuses.
De toute manière, vous savez qui vous êtes. Je n'ai pas besoin de vous le dire
Cela vaut aussi pour mes amis de Paris.
Aller, quelques photos pixelisées ( PRISES AU HASARD), je n'ai pas la place de tout mettre! Si vous n'êtes pas dessus, c'est tout simplement que je n'ai pas de photo avec vous! Pas de jalousie!
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Une année Found in Translation

Pour conclure, et revenir sur le titre de l'article, Aix a été l'occasion pour moi de recommencer. De repartir à zéro et de tenter d'oublier l'impérissable et mauvais souvenir qu'on été beaucoup des années précédentes.
Ne croyez pas qu'Aix est la ville parfaite, loin de là. Comme toutes les villes elle a ses défauts, peut être même plus que d'autres à certains égards. Vous en faites le tour en 2 semaines, la vie y est tout de même chère, vous croisez tout le monde tout le temps, elle se trouve dans le sud de la France ce qui veut dire que le facteur population de kékés est automatiquement triplé et l'accent est imprononçable.
Mais Aix est bien plus qu'une ville à mes yeux, c'est presque quelque chose d'abstrait.
J'espère que comme moi, un jour, vous trouverez "votre Aix" comme il l'a été est l'est toujours pour moi. Mon petit paradis loin de Paris.
Une année Found in Translation

Cordialement,
Un étudiant juriste chroniqueur de moins en moins désespéré

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