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Keith Haring, un indigné qui subsiste encore

Publié le 18 mai 2013 par Cess A @Cess_A

Keith Haring, ce n’est pas que des mugs, des tee-shirts ou des posters ! On aurait tord de croire que ce prince du Street Art était aussi simple et naïf que ça. Or c’est avec une bonne paire de baskets aux pieds et quelques craies que cette étoile filante s’est fait connaître en recouvrant des kilomètres de murs new-yorkais dans les années 80. Disparu à 31 ans, il a pourtant longtemps divisé les spécialistes de l’art contemporain. Avec le CentQuatre et le MAM, Paris redonne vie à ce Mozart des signes avec “The Political Line”. Et c’est sous tous ses combats que Keith Haring retrouve Paris : l’Etat, la religion, le racisme, les mass media, le sida…  Alors petit génie ou grand imposteur ? Peu importe de quel avis on se place, son univers est bon à rappeler. Il redonne un coup de pied à notre société et permet de réveiller ce printemps emprisonné dans les mailles du mauvais temps, la preuve en 4 temps :

Acte 1 : le sexe
Si votre libido est en borne,  le pape du graffiti va vous éveiller. Il vous embarque à New-York. La grande pomme qui n’a jamais autant été parodié que par ce “grand bébé”.  Sur des pages et des pages, il dessine des bites… architecturales : notamment avec “Manhattan Penis Drawings for Hen Hicks” de 1978 . Il dessine et redessine NYC sous toutes ses formes, même la version Lego phallique existe !  Mais gare à vous si vous n’y voyez que le simple objet de vos désirs. Des bites en face du Moma, devant chez Tiffany, des bites donc mais aussi des références évidentes : Alechinsky, Dubuffet… Un sacré mélange alors que le sexe lui aura coûté la mort. Des sexes mâles essaimés partout, répétés comme des symboles, comme un hymne à la vie ou à la mort.

Acte 2 :  le mouvement
Si vous êtes envahis de passivité face à ces mornes journées, Keith Haring vous livre une bonne dose d’énergie. L’artiste  mettait du hip hop dès qu’il travaillait, il peignait à la vitesse du son. Tous ces célèbres bonhommes colorés semblent ainsi saisis de breakdance incontrôlable. Chaque personnage a son histoire. A chaque toile, il retourne sans cesse la signification des symboles qu’il a établi, histoire sans doute de les laisser vivre à travers le temps. Les figures de Keith Haring sont éternelles et intemporelle. Lorsqu’il dessine Wahrol sous les traits d’Andy Mouse, une souris à grosse lunette, c’est son propre visage qu’il dessine et qui bouge. Alors qu’on lui a souvent reproché de ne pas être un virtuose, pire de barbouiller comme un enfant, on ne peut quoi qu’il en soit ne pas rester immobile. Keith Haring, c’est la contre-culture, le hip pop, la fête !

Acte 3 : les couleurs
Vert, rouge, bleu, rose, Keith Haring vous rend le printemps que vous n’avez pas eu encore. Ces couleurs sont sucrées, enfantines et glamour comme le pop art de son ami Andy dandy. Ces couleurs pop s’affichent partout dans les couloirs du métro, sur les murs des grandes villes, sur les badges et tee-shirts. Ces couleurs sont éternelles. Son trait est net, franc comme pour échapper aux dangers. Ses couleurs qui hurlent encore traduisent toute l’énergie des années 80. Keith Haring, c’est la vie en rose à première vue mais bien souvent sous-titrée de noir en deuxième temps.

Acte 4 : les combats
A l’heure où la France a vacillé sur la question du mariage gay, le militant homosexuel, amoureux de Paris, se serait sans doute énervé à coup de craies. Car il n’avait cesse d’oublier ses obsessions, ses combats. Il les vivait. Sida, capitalisme, système religieux : rien ou presque des combats des années 1980 n’échappe à cet artiste engagé. Il s’engage dès la première heure pour la défense du droit des homosexuels et la communication autour du sida – maladie dont il finit par succomber. En 1982, très jeune, il fait imprimer 20 000 posters pour une manifestation contre le sida et le safe sex. Dans une société aussi prude que l’Amérique, Keith Haring arrivait à le faire. Et c’est bien, 30 ans plus tard encore, de ce genre de militant dont manque la France aujourd’hui !

Keith Haring, un indigné qui subsiste encore
Keith Haring, un indigné qui subsiste encore
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