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La révolution (n')est (pas) un dîner de gala

Publié le 21 avril 2008 par Yulgrejes

PiceLiquider l'héritage de mai 68 ? Denis Olivennes, le président de la Fnac et nouvel ami de Sarkozy , adhère tout à fait au programme : s'il s'agit de faire du liquide avec mai 68, allons-y ! Et ça tombe bien : il y a de quoi faire une barricade de tous les livres, disques et autres films qui ressortent pour les 40 ans de Mai. Une opération de communication géante autour de mai 68 a donc été lancée dans toutes les Fnac de France. A commencer par celle de Montparnasse à Paris, où se tenait lundi dernier une soirée de gala privée mais néanmoins infiltrée par votre serviteur.

Ledit serviteur n'a aucun mérite. J'étais en effet invité à cette soirée en qualité de troubadour, d'amuseur officiel des gens du monde. Comme la Fnac s'est acoquinée à divers niveaux avec Sciences Po pour organiser sa com' autour de 68, la chorale politique de l'école a été sollicitée pour accueillir les invités par des chants soixante-huitards. Et cette chorale, et bien j'en suis. Sans aucune illusion sur la récupération dont elle était l'objet, la troupe des petits chanteurs à la faucille de bois a accepté l'invitation. Après tout, cette soirée serait l'occasion d'essayer de faire chanter "A bas l'Etat policier" à Denis Olivennes et de manger (un peu) et boire (surtout) à peu de frais. Et pour moi, de vous en faire un compte-rendu tout à fait interactif.

Ça commence ainsi par notre performance vocale en vidéo, alors que rentraient les invités dans l'espace lounge aménagé pour l'occasion. C'est quasiment tout le temps faux, c'est pour ça que c'est bon :

Après ce grand moment de musique, Barbara Carlotti a chanté sans rencontrer plus de succès que nous à l'applaudimètre. Pendant ce temps là, je prenais des photos, histoire de mitonner un petit slideshow à même de résumer l'esprit de cette soirée :

La révolution (n')est (pas) un dîner de gala
La révolution (n')est (pas) un dîner de gala

Vivement les 150 ans de la Commune fêtés au caviar ! Histoire de compléter l'édifiant témoignage de la soirée, je suis allé recueillir quelques réactions auprès des supporters de la chorale, fortuitement massés autour du buffet.

Tout d'abord le point de vue d'Antonin Lambert, étudiant en première année à Sciences Po :

boomp3.com

Et un florilège de ses petits camarades :

boomp3.com

Mais finalement cette petite sauterie symbolise assez bien l'évolution qu'a connu la Fnac au cours de son histoire. Fondée en 1954 par deux trotskistes, André Essel et Max Théret,  la Fédération nationale d'achat des cadres était une coopérative soixante-huitarde avant l'heure. Puis elle s'ouvre au public (et devient la Fédération nationale d'achat) et au grand capital quand banquiers et assureurs (UAP et Paribas) deviennent ses principaux actionnaires en 1970. Dès lors la Fnac a enflé pour devenir le premier distributeur de produits culturels en France, mais aussi dans près de dix autres pays.

Aujourd'hui, la Fnac appartient au groupe Pinault Printemps Redoute et réalise un chiffre d'affaires annuel de plus de 4 milliards d'euros. Le management est à l'image de celui des autres grandes entreprises : il faut "bouger de plus en plus vite, de plus en plus fort", selon les mots de Denis Olivennes. D'où un plan de reclassement, l'année dernière, de 1000 salariés qui a fait du remous dans les enseignes. La petite coopérative est bien loin, l'esprit trotskiste aussi...
Arthur Cembrese


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LES COMMENTAIRES (1)

Par 
posté le 22 avril à 03:49
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et si on se prenait à rêver, et si l'esprit trotskiste de chacun n'était pas si loin... suffit juste de mettre en place un nouveau combat avec de nouveaux enjeux, ne rien remettre au goût du jour, le goût du jour est bien différent...

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