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Le cinoche à Jules-Primer

Publié le 22 juin 2013 par Jules

primer

L’effet pervers de toutes ces séries TV américaines magnifiquement écrites, c’est qu’elles sont justement magnifiquement écrites. En effet, l’écriture télévisuelle exige une clarté permanente pour ne pas perdre le spectateur suite aux multiples coupures pubs. Du coup tout est limpide surligné dix fois. Même si c’est très agréable et confortable à regarder, le spectateur n’est plus amené à décrypté ce qu’il voit car tout lui est amené sur un plateau. A l’inverse, le film dont je vais vous parler, nécessite une implication totale du spectateur pour pouvoir comprendre son intrigue tortueuse.

Primer est le premier film d’un amateur nommé Shane Carruth. Ancien ingénieur diplômé en mathématique, Carruth entreprend d’autoproduire son premier long métrage pour la somme ridicule de 7000 dollars. En guise de préparation, il ingurgite tout ce qu’il peut sur la physique quantique et la mécanique. Il engage famille et amis en tant qu’acteur, se donne un des rôles principaux, compose la musique et répète un nombre incalculable de fois son film pour ne faire qu’une prise de chaque scène. (La pellicule ça coute cher !) Présenté en 2004 au festival du cinéma indépendant de Sundance, il remporta (à la grande surprise de son réalisateur) le prix du jury et va rapidement devenir culte aux Etats Unis. Le net va rapidement considérer Primer comme un nouveau « 2001 ».

Que raconte Primer ? Deux ingénieurs, Abe et Aaron, tentent de créer un appareil capable de réduire la masse des objets. A leur grand étonnement, ils découvrent que leur invention permet de remonter le temps. Dans un premier temps, ils essayent d’anticiper les cours de la bourse, mais les choses vont rapidement dégénérer. C’est à partir de ce moment-là que les neurones du spectateur vont être mis à rude épreuve. Je dois confesser avoir eu besoin de voir le film plusieurs fois et consulter quelques forums pour tenter de comprendre les multiples articulations de l’intrigue. L’idée géniale de Carruth est de créer un système de voyage dans le temps crédible. On doit par exemple définir l’heure d’arrivée avant de partir et le temps passé dans la machine correspond au temps que l’on remonte. (Je reste 6 heures dans la boite = quand je sors j’ai remonté le temps de 6 heures). Et si déjà ce postulat de départ relève d’une certaine complexité, les choses vont rapidement devenir confuses avec les différents doubles d’Abe et Aaron. Et le montage volontairement elliptique du film ne va pas plus nous aider.*

Même si c’est un premier film et qu’il est doté d’un budget très serré, Primer est d’une facture visuelle tout à fait honorable. Carruth distille intelligemment une ambiance asphyxiante qui permet d’apprécier le film même si on ne comprend pas tout. Film sur les dérives de la technologie, Primer nous raconte également la fin d’une amitié et la capacité de l’homme à manipuler son prochain pour son propre intérêt, l’ironie du film étant que les personnages se manipulent eux même via leurs doubles. Il pose de très intéressantes questions sur le voyage dans le temps. (Si nous existons en plusieurs exemplaires quelle est réellement notre identité ?)

*Les 20 dernières minutes du film sont coton.

ATTENTION SPOILER : le personnage d’Aaron existe en trois exemplaires, celui qui est manipulé, celui qui manipule (qui utilise la machine pour son propre intérêt), et le dernier qui est neutre. (le narrateur de l’histoire).

Abe existe en deux versions, celui qui est manipulé et un autre qui tente d’empêcher l’utilisation de la machine. (Et si il réussit en théorie les doubles disparaissent et il n’existe plus !)


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