Magazine Journal intime

Les Oiseaux (faisez gaffe aux pigeons)

Publié le 26 avril 2008 par Corcky

Avertissement

 Saint Matthieu a dit, dans sa grande sagesse: «Pourquoi voyez-vous une paille dans l’oeil de votre frère, tandis que vous ne voyez pas une poutre dans la vôtre ?»

Ce billet d'humeur ne tient absolument pas compte de cette interrogation hautement philosophique, puisqu'il se borne à lister les pailles diverses et variées d'autrui sans jamais investiguer du côté de l'auteur de ces lignes. Pour ma poutre, donc (et je crois qu'il y en a toute une cargaison), s'adresser à ma femme.



Parce que j'ai, en cette matinée d'avril au parfum printanier et romantique, la dent dure et l'échine frémissant d'agressivité gratuite, je ne peux m'empêcher de régurgiter en ce lieu une diatribe immonde et dépourvue de sens, parfaitement injuste, consternante d'iniquité et de mauvaise foi.
Il me vient donc subitement l'envie de te parler des Oiseaux.
Pas n'importe quels oiseaux, attention. Non. Tu remarqueras que j'y ai mis une majuscule.

Je te parle des oiseaux les plus nuisibles, ceux qui polluent ton horizon parce qu'ils volent en formation serrée, ceux qui chient régulièrement sur tes plates-bandes parce qu'ils sont atteints de dysenterie mentale chronique, ceux qui assassinent l'orthographe à longueur de pages ou bien, au contraire, avec la pompe des grands maîtres du pré-mâché et la verve mythique des révoltés du pixel, te régurgitent des litres et des litres de théories aussi foireuses que les célèbres pets qui font hurler de rire les adorateurs de Jean-Marie Bigard. Les Oiseaux, ils sont partout. Ils peuvent avoir un Q.I de lombric atteint d'Alzheimer, et dans ce cas, ils sont souvent infoutus d'aligner trois mots sans placer "genre" ou "tu vois". Ils tiennent parfois un skyblog rose bonbon rempli de nounours qui clignotent et truffé de citations attribuées à Lara Fabian ou à Jennifer, ils lolent hystériquement aux bons mots de Franck Dubosc ou de Titoff (mais sont totalement dépourvus de second degré, persuadés qu'ils sont que "second degré" est un diplôme qu'on peut éventuellement passer après le BEPC) et sont susceptibles d'écouter à peu près n'importe quel groupe ou chanteur, pourvu qu'il soit issu de la téléréalité et fasse régulièrement la couverture de Girls, Jeune et Jolie, 20 ans ou Muteen (pour les spécimens masculins, pas de jaloux, se référer à n'importe quel torche-cul parlant de tuning, de scooters, de filles à poil, de foot ou de gonflette).

Dans la tranche d'âge supérieure, ce sont parfois tes voisins de palier, ces bouseux confits de certitudes bien de chez nous, qui persistent à faire dégueuler le trop-plein de flotte de leurs géraniums à la con sur ta terrasse, et qui, sûrs de leur bon droit, te rétorquent, quand tu as le malheur de leur faire remarquer que c'est limite chiant, qu'ils sont membres du Conseil Syndical, eux aussi, que les fleurs, faut que ça boive, c'est la loi de la nature, qu'ils arrosent à midi parce qu'ils ont vu dans Silence, ça pousse que c'est la meilleure heure pour les géraniums, que les relations de bon voisinage sont faites de concessions mutuelles, et que si t'es pas content, t'as qu'à pas te foutre en terrasse entre midi et seize heures. Ils ne jurent que par le JT de Pernault, grattent religieusement leur Rapido au bar-tabac-PMU du coin, débranchent le téléphone pendant toute la durée de Sous le Soleil ou de Plus belle la vie, votent parfois à droite mais se plaignent constamment de la baisse de leurs allocs' ou des franchises médicales, vouent un culte à Michel Sardou, ne loupent aucune "spéciale" de TF1 (spéciale chanteurs français des années 70, spéciale plus grosses fortunes du monde, spéciale 100 destins extraordinaires, spéciale Lady Di se fait sodomiser par un lapin nain épileptique et schizophrène...) et apprennent à prendre du recul sur leurs problèmes de couples en regardant C'est quoi l'amour?
Qu'on les pende par les poils de cul au grand châtaignier de la cour et qu'on les oblige donc à chanter à tue-tête "Ah les Boches, on leur fera la peau" tout en étant fouettés avec des orties, merde. Et attention. Les Oiseaux, ils existent aussi en modèle "Bac + 8". Ce sont parfois des débiles supérieurs sortant de grandes écoles à trois lettres comme ENA, HEC, IEP, qui vont s'empresser, une fois le précieux diplôme en poche, d'aller s'encanailler chez les anars ou à la LCR pour avoir quelque chose à raconter le samedi soir, dans un bar branché du 6e arrondissement, et qui, dans le même temps, trouveront un job payé à cinq zéros chez Lagardère et ouvriront discrètement un compte en Suisse. Sans aller chercher aussi loin, on peut aussi rencontrer le spécimen plus classique, celui qui passe son temps à gueuler plus fort que tout le monde dans les manifs, qui est de toutes les causes, de tous les combats, de toutes les revendications, à tel point qu'on est parfaitement infoutu de savoir, en fin de compte, ce qu'il pense vraiment, ni même s'il pense tout court. Celui qui aboie avec la meute, pour peu que le chef de meute sache le caresser dans le sens du poil. Celui à qui, si tu sais t'y prendre, tu peux faire avaler absolument n'importe quelle théorie du complot, y compris la fameuse invasion extra-terrestre qui se prépare avec l'aide des Francs-Maçons, des Juifs et des Américains. Celui qui, même s'il a dépassé la trentaine, persiste à mettre des posters de Che Guevara dans sa chambre, à écouter Manu Chao uniquement parce que c'est subversif (croit-il) et à t'expliquer l'universalisme tiers-mondiste, un truc pas très clair mais rempli de mots branchés et ronflants.
Au passage, et puisqu'on en est aux Oiseaux de la catégorie "société, tu m'auras pas", je chie sur Raphaël, faux rebelle et vrai  chanteur de salle de bain, avec ses textes aussi plats que la poitrine de Jane Birkin et sa musique faussement sobre , aussi sobre et peu étudiée que les coiffures et les fringues grunge des gosses de riches de Saint-Germain des Prés.
Et j'emmerde Vincent Delerm, qui aurait pu apprendre à chanter avant de devenir chanteur et dont le timbre de voix stopperait net l'ovulation de n'importe quelle otarie de Patagonie (et moi, quand je l'entends, j'y suis vraiment, à l'agonie).
Les Oiseaux , ce sont des caméléons, ils peuvent prendre l'apparence des amis des bêtes, des amis de Grégory Lemarchal et de C. Jérome (amis des chanteurs de merde morts), des amis d'Hugo Chavez, des amis de Dorothée, des amis du square Pablo Picasso promis à la démolition dans ton quartier, des amis de Kiki la fourmi et Léon le morpion, des amis de la Cinq, des amis d'André Santini, des amis de Mireille Mathieu et de Line Renaud (amis des chanteurs de merde vivants, donc), et même des amis de tes amis.

Les Oiseaux, c'est la grosse vache qui prend toute la place dans le wagon, sans parler de son pékinois de merde qui glapit vers tout ce qui bouge (m'en vais t'en faire un cache-sexe ethnique, de ce rat). C'est Le rappeur à gueule de con qui a mis son Ipod à fond les bananes et qui me fait profiter de la musique de mongolien qu'il s'enfourne allègrement dans le conduit auditif. C'est la pouffe qui braille dans son portable, histoire d'être bien sûre que tout le monde partage son enthousiasme pour la dernière collection de Madonna chez H&M. C'est le SDF qu'est bien gentil, mais qui peut se garder son regard assassin quand je lui file rien (mon pote, j'ai pas toujours une pièce jaune sur moi, tu confonds avec Bernadette Chirac).

Je suis au stade "tolérance zéro", même le chat obèse, qui vient quémander un câlin quand je me pose enfin, en prend pour son grade:

- Rahhhh putain c'est pas le moment!!! Allécouchétagueule!!! Marre de mes con-génères. ASSEZ.
Et ne me conseille pas, goguenard que tu es, d'aller me faire voir sur une île déserte, s'il te plait, parce qu'avec le pot que j'ai, j'y verrais débarquer l'autre connard de chevelu qui me sourirait béatement en hurlant "Attoooolllll! Les opticiens!!!"

Comme dirait ma femme, avec son sens de la formule et de l'à-propos:
"Il est bon de pester. Mais ne pestons pas plus haut que notre cul".
D'où la nécessité de trouver des palliatifs, sous peine de passer (si ce n'est déjà fait) pour une salope misanthrope, aigrie et dépourvue de la moindre étincelle de tolérance.
- Chérie je sens que je vais passer une journée de merde, j'ai l'humeur noire et le poil hérissé, je suis tendue comme un cordon de string et j'ai envie de frapper quelqu'un.

- Mon amour, va chez les Tontons*, ça ira mieux. Et pense à t'épiler, pour le poil, c'est assez dégueu, quand j'y pense.
- ...
- ...
- Chérie?
- Mon amour?
- T'avais raison pour les Tontons.
- Mmmm. Tu t'es épilée?
- Non, mais je me poile.


* Reconnu d'utilité publique



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