Magazine Journal intime

Rediffusion estivale pour Sophie : A la poursuite de la housse de couette rouge foncé

Publié le 22 juillet 2013 par Anaïs Valente

Plusieurs personnes me l'avaient annoncé, sur ce blog ou in real life (dingue le nombre de gens qui lisent les promos, sacrebleu) : jeudi, Lidl proposait des housses de couette en flanelle bleue et rouge foncé.

Rhaaaaaaaaaaa, moi qui cherche du bordeaux depuis la découverte des vertus de la flanelle, et ne trouve que de l'abominable saumon, du fade rose ou du vomitif vert, c'était décidé : jeudi, j'irais acquérir une housse rouge foncée, pour autant que le rouge foncé soit synonyme de bordeaux et non de rouge sang, sait-on jamais (vous me direz, le sang est à la mode, ah ah ah, mais pour dormir, très peu pour moi - vous me direz aussi que le sang est plus proche du bordeaux que du rouge vif, vous avez raison, je me tais).

Me voilà donc partie, sur le coup de 11 heures, soit à l'aube, vu que j'ai passé la nuit qui précède au cinéma à mater Twilight, vers le Lidl le plus proche de chez moi.  Bonheur suprême, j'ai pris congé pour me remettre de ma séance ciné, ce qui tombe à pic pour cette promo de housses de couette.  J'avais prévu d'y aller dès 9 heures, mais à cette heure-là, je squattais encore mon lit, puis j'ai dégusté des céréales et deux oranges pressées home made en regardant Pékin Express (je sais qui gagne depuis que j'ai tenté de voir un épisode en streaming sur le net, preuve que l'impatience est un péché capital punissable).

Après un sympathique trajet en bus, sous un brillant soleil de novembre, j'arrive au magasin, j'entre, et j'arpente, l'œil aussi vif que la truffe d'un chien pisteur, les rayons « promo », afin d'y repérer le futur bonheur de mes nuits.

Je les vois.  Des tas de housses de couette. Rhaaaaaaaaaaaaaaaaaa.

Y'en a encore des tas, bonheur ultime.

Bleues.

Des tas de bleues.

Et une rouge.

Une seule dernière rouge.  D'un beau rouge bordeaux parfait.  Parfait pour ma chambre.  Parfait pour mon lit.  Parfait pour mon sommeil.

Une rouge.

Dans les mains d'une dame.  Une dame qui tripote MA couette rouge.

Je veux mourir, là, de suite, passqu'elle proposera alors d'emballer ma dépouille dans la couette rouge, ça fera une compensation à ma souffrance actuelle.

Un rapide coup d'œil me confirme que ma nouvelle Ennemie tient bien en main la toute toute dernière housse couette rouge.  A croire que tous les namurois avaient envie d'une housse de couette en flanelle rouge en ce jeudi matin pourtant printanier.

Forte de mes années à regarder Koh-Lanta, Pekin Express et autre Secret Story, je me sais être une parfaite stratège, et en quelques secondes à peine, divers plans naissent dans ma petite cervelle déneuronée :

- Ennemie est hypocondriaque, je lui hurle « aaaaaaaaaaattention, ma bonne dame, ne voyez-vous pas les acariens géants qui squattent déjà ce textile, achetez plutôt une housse désacarianisée, c'est plus sûr ».

- Ennemie est maniaque, je lui susurre « surtout pas cette matière, ma bonne dame, les cheveux, les araignées séchées et les poils de yéti s'y collent comme un chewing-gum sur le bitume ».

- Ennemie est fashion victim, je lui suggère « d'aller illico opter pour du coton, passque la flanelle, ça fait vieille célibataire endurcie, et qu'aucun homme n'osera entrer dans une telle literie ».

- Ennemie n'est rien de tout cela, je lui mens éhontément « j'ai acheté cette housse, la même, l'an dernier, dans ce magasin, elle a péri au premier lavage, a rétréci de dix centimètres, est devenue rose bonbon et s'est désagrégée après douze nuits peuplées de cauchemars ».

Honnête comme je suis, je ne peux me résoudre à user de tels subterfuges.  J'attends donc patiemment que mon Ennemie se lasse de MA housse de couette, qu'elle tripatouille depuis deux bonnes minutes déjà, toujours plantée devant le rayon plein de housses bleues (vie cruelle).  Je me ruerai ensuite dessus et le tour sera joué.

Afin d'éviter qu'elle ne me repère, la langue pendue jusqu'au sol, je zone dans les parages, l'air innocent du poussin sorti de l'œuf, histoire qu'elle ignore tout de mon dessein, car il est clair que, sachant que la housse m'intéresse, cette dernière n'en prendra que plus de valeur à ses yeux.  Elle oubliera ses hésitations et déposera l'objet de ma convoitise dans son caddie, l'emportera chez elle et sera heureuse durant des années, tandis que moi, je me transformerai en glaçon dans ma chambre pôle-nordesque.  Je me lance donc dans la contemplation de pyjamas pour homme, feintant de chercher la taille adéquate pour mon petit mari chéri.  Puis je me concentre sur les pyjamas pour fillette.  Puis sur les genouillères.  Tout cela en restant proche d'Ennemie, afin d'éviter, lorsqu'elle déposera la couette d'un air définitivement dégoûtée, que les cent soixante-neuf autres amateurs ne se ruent dessus avant moi. 

Car ils sont tous là, tels des vautours, attendant, tout comme moi.  Je le sais je le sens.  Ils veulent tous MA couette.  Diantre, pourquoi ne suis-je pas venue à 9 heures ?  Diantre, cette femme sait-elle que de son choix dépend la suite de ma journée : foireuse ou formidable, heureuse ou pourrie, pleine de petites étoiles brillantes ou pleine de cafards déprimants.  

Mon avenir dépend d'elle.  Ma vie est suspendue à son choix, qu'elle ne se décide pas à faire.  Du coin de l'œil, je l'observe.  Elle approche le paquet de son visage, palpe la matière, tente de sortir la housse de son emballage pour y trouver dieu sait quoi, redépose presque l'objet dans le rayon, puis le reprend, fait mine de l'embarquer, puis le dépose enfin, tente à nouveau de sortir le tissu de son emballage.  Mais keskelle veut à la fin ?  Elle voit pas que je frise la crise d'apoplexie ?

Dix minutes que j'attends.  Une éternité.

Soudain, elle semble abandonner la lutte, dépose la couette.  Eloigne sa main de plusieurs centimètres.  Une seconde ennemie s'en approche alors, et la première reprend brusquement notre couette déjà tant aimée. 

Ennemie s'adresse alors à la nouvelle arrivante et lui demande « vous pensez que c'est un couvre-lit, ou une housse de couette ? »  La discussion s'engage, car aucune des deux ne parvient à définir le contenu exact de l'emballage.  Mais moi je sais, j'ai lu la pub.  Et même si l'emballage précise, dans un français approximatif « couverture », je sais que c'est une housse de couette.  MA housse de couette.

Je décide alors d'intervenir.  Dilemme.  Gros dilemme.  En un quart de seconde, je me dois de décider.  De déterminer ce qu'elle souhaite : une housse ou un couvre-lit ?  Semble-t-elle moderne, adepte de la moelleuse couette remplie de plumes, ou vieille école, fan de la rêche couverture, du drap amidonné et du couvre-lit ?

Si je lui affirme qu'il s'agit d'un couvre-lit et que c'est ce dont elle rêve, elle va s'en emparer, et une fois chez elle, sera déçue.  Et moi, seule chez moi, sans ma housse, je serai déçue.  Deux déçues.

Si je lui affirme qu'il s'agit d'une housse de couette et qu'elle en rêvait, elle va s'en emparer et sera heureuse pour les siècles des siècles, amen.  Une déçue, myself.

Enfin, si je lui affirme que c'est bien une housse et qu'elle voulait un couvre-lit, elle n'achètera pas la housse.  Deux heureuses, elle de n'avoir pas acheté un objet dont elle n'aura pas l'utilité, moi d'avoir l'objet de mes rêves.

J'opte donc pour la troisième solution : dire la vérité.  Et je la dis.  Et je la redis, car elle hésite encore.  « Oui oui, c'est bien une housse, faut mettre une couette dedans ».

Elle semble déçue.

Mon cœur s'emballe.  Je rosis déjà de bonheur.

Elle garde cependant MA housse en main, semblant encore hésiter.

Puis, après d'interminables secondes, elle la dépose.  Eloigne sa main.  Et fait deux pas en arrière.  Sans pour autant quitter le rayon.

Moi, l'air de rien, je m'étais de plus en plus rapprochée des housses, me lançant dans la contemplation des bleues pendant que je lui donnais les explications souhaitées.  Dès la housse rouge déposée, je pose mon doigt dessus et j'en deviens la nouvelle propriétaire.  Heureuse propriétaire.  Histoire de pas éveiller les soupçons et pour pas qu'elle s'imagine que je lui ai menti pour récupérer son achat non acheté (j'ai pas menti, d'ailleurs, mais sait-on jamais), je me lance moi aussi dans la contemplation de la housse, la scrute, l'observe, la palpe, sachant pertinemment que, c'est clair et net, j'achèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèète.

Je la glisse enfin dans mon sac, y ajoute un drap-housse du même beau rouge foncé, fais quelques achats divers et inutiles, encore fébrile de cette aventure, l'esprit totalement ailleurs.

Puis nous rentrons chez moi, MA housse et moi.

Quééééééééééén aventure hein !

Plusieurs personnes me l'avaient annoncé, sur ce blog ou in real life (dingue le nombre de gens qui lisent les promos, sacrebleu) : jeudi, Lidl proposait des housses de couette en flanelle bleue et rouge foncé.

Rhaaaaaaaaaaa, moi qui cherche du bordeaux depuis la découverte des vertus de la flanelle, et ne trouve que de l'abominable saumon, du fade rose ou du vomitif vert, c'était décidé : jeudi, j'irais acquérir une housse rouge foncée, pour autant que le rouge foncé soit synonyme de bordeaux et non de rouge sang, sait-on jamais (vous me direz, le sang est à la mode, ah ah ah, mais pour dormir, très peu pour moi - vous me direz aussi que le sang est plus proche du bordeaux que du rouge vif, vous avez raison, je me tais).

Me voilà donc partie, sur le coup de 11 heures, soit à l'aube, vu que j'ai passé la nuit qui précède au cinéma à mater Twilight, vers le Lidl le plus proche de chez moi.  Bonheur suprême, j'ai pris congé pour me remettre de ma séance ciné, ce qui tombe à pic pour cette promo de housses de couette.  J'avais prévu d'y aller dès 9 heures, mais à cette heure-là, je squattais encore mon lit, puis j'ai dégusté des céréales et deux oranges pressées home made en regardant Pékin Express (je sais qui gagne depuis que j'ai tenté de voir un épisode en streaming sur le net, preuve que l'impatience est un péché capital punissable).

Après un sympathique trajet en bus, sous un brillant soleil de novembre, j'arrive au magasin, j'entre, et j'arpente, l'œil aussi vif que la truffe d'un chien pisteur, les rayons « promo », afin d'y repérer le futur bonheur de mes nuits.

Je les vois.  Des tas de housses de couette. Rhaaaaaaaaaaaaaaaaaa.

Y'en a encore des tas, bonheur ultime.

Bleues.

Des tas de bleues.

Et une rouge.

Une seule dernière rouge.  D'un beau rouge bordeaux parfait.  Parfait pour ma chambre.  Parfait pour mon lit.  Parfait pour mon sommeil.

Une rouge.

Dans les mains d'une dame.  Une dame qui tripote MA couette rouge.

Je veux mourir, là, de suite, passqu'elle proposera alors d'emballer ma dépouille dans la couette rouge, ça fera une compensation à ma souffrance actuelle.

Un rapide coup d'œil me confirme que ma nouvelle Ennemie tient bien en main la toute toute dernière housse couette rouge.  A croire que tous les namurois avaient envie d'une housse de couette en flanelle rouge en ce jeudi matin pourtant printanier.

Forte de mes années à regarder Koh-Lanta, Pekin Express et autre Secret Story, je me sais être une parfaite stratège, et en quelques secondes à peine, divers plans naissent dans ma petite cervelle déneuronée :

- Ennemie est hypocondriaque, je lui hurle « aaaaaaaaaaattention, ma bonne dame, ne voyez-vous pas les acariens géants qui squattent déjà ce textile, achetez plutôt une housse désacarianisée, c'est plus sûr ».

- Ennemie est maniaque, je lui susurre « surtout pas cette matière, ma bonne dame, les cheveux, les araignées séchées et les poils de yéti s'y collent comme un chewing-gum sur le bitume ».

- Ennemie est fashion victim, je lui suggère « d'aller illico opter pour du coton, passque la flanelle, ça fait vieille célibataire endurcie, et qu'aucun homme n'osera entrer dans une telle literie ».

- Ennemie n'est rien de tout cela, je lui mens éhontément « j'ai acheté cette housse, la même, l'an dernier, dans ce magasin, elle a péri au premier lavage, a rétréci de dix centimètres, est devenue rose bonbon et s'est désagrégée après douze nuits peuplées de cauchemars ».

Honnête comme je suis, je ne peux me résoudre à user de tels subterfuges.  J'attends donc patiemment que mon Ennemie se lasse de MA housse de couette, qu'elle tripatouille depuis deux bonnes minutes déjà, toujours plantée devant le rayon plein de housses bleues (vie cruelle).  Je me ruerai ensuite dessus et le tour sera joué.

Afin d'éviter qu'elle ne me repère, la langue pendue jusqu'au sol, je zone dans les parages, l'air innocent du poussin sorti de l'œuf, histoire qu'elle ignore tout de mon dessein, car il est clair que, sachant que la housse m'intéresse, cette dernière n'en prendra que plus de valeur à ses yeux.  Elle oubliera ses hésitations et déposera l'objet de ma convoitise dans son caddie, l'emportera chez elle et sera heureuse durant des années, tandis que moi, je me transformerai en glaçon dans ma chambre pôle-nordesque.  Je me lance donc dans la contemplation de pyjamas pour homme, feintant de chercher la taille adéquate pour mon petit mari chéri.  Puis je me concentre sur les pyjamas pour fillette.  Puis sur les genouillères.  Tout cela en restant proche d'Ennemie, afin d'éviter, lorsqu'elle déposera la couette d'un air définitivement dégoûtée, que les cent soixante-neuf autres amateurs ne se ruent dessus avant moi. 

Car ils sont tous là, tels des vautours, attendant, tout comme moi.  Je le sais je le sens.  Ils veulent tous MA couette.  Diantre, pourquoi ne suis-je pas venue à 9 heures ?  Diantre, cette femme sait-elle que de son choix dépend la suite de ma journée : foireuse ou formidable, heureuse ou pourrie, pleine de petites étoiles brillantes ou pleine de cafards déprimants.  

Mon avenir dépend d'elle.  Ma vie est suspendue à son choix, qu'elle ne se décide pas à faire.  Du coin de l'œil, je l'observe.  Elle approche le paquet de son visage, palpe la matière, tente de sortir la housse de son emballage pour y trouver dieu sait quoi, redépose presque l'objet dans le rayon, puis le reprend, fait mine de l'embarquer, puis le dépose enfin, tente à nouveau de sortir le tissu de son emballage.  Mais keskelle veut à la fin ?  Elle voit pas que je frise la crise d'apoplexie ?

Dix minutes que j'attends.  Une éternité.

Soudain, elle semble abandonner la lutte, dépose la couette.  Eloigne sa main de plusieurs centimètres.  Une seconde ennemie s'en approche alors, et la première reprend brusquement notre couette déjà tant aimée. 

Ennemie s'adresse alors à la nouvelle arrivante et lui demande « vous pensez que c'est un couvre-lit, ou une housse de couette ? »  La discussion s'engage, car aucune des deux ne parvient à définir le contenu exact de l'emballage.  Mais moi je sais, j'ai lu la pub.  Et même si l'emballage précise, dans un français approximatif « couverture », je sais que c'est une housse de couette.  MA housse de couette.

Je décide alors d'intervenir.  Dilemme.  Gros dilemme.  En un quart de seconde, je me dois de décider.  De déterminer ce qu'elle souhaite : une housse ou un couvre-lit ?  Semble-t-elle moderne, adepte de la moelleuse couette remplie de plumes, ou vieille école, fan de la rêche couverture, du drap amidonné et du couvre-lit ?

Si je lui affirme qu'il s'agit d'un couvre-lit et que c'est ce dont elle rêve, elle va s'en emparer, et une fois chez elle, sera déçue.  Et moi, seule chez moi, sans ma housse, je serai déçue.  Deux déçues.

Si je lui affirme qu'il s'agit d'une housse de couette et qu'elle en rêvait, elle va s'en emparer et sera heureuse pour les siècles des siècles, amen.  Une déçue, myself.

Enfin, si je lui affirme que c'est bien une housse et qu'elle voulait un couvre-lit, elle n'achètera pas la housse.  Deux heureuses, elle de n'avoir pas acheté un objet dont elle n'aura pas l'utilité, moi d'avoir l'objet de mes rêves.

J'opte donc pour la troisième solution : dire la vérité.  Et je la dis.  Et je la redis, car elle hésite encore.  « Oui oui, c'est bien une housse, faut mettre une couette dedans ».

Elle semble déçue.

Mon cœur s'emballe.  Je rosis déjà de bonheur.

Elle garde cependant MA housse en main, semblant encore hésiter.

Puis, après d'interminables secondes, elle la dépose.  Eloigne sa main.  Et fait deux pas en arrière.  Sans pour autant quitter le rayon.

Moi, l'air de rien, je m'étais de plus en plus rapprochée des housses, me lançant dans la contemplation des bleues pendant que je lui donnais les explications souhaitées.  Dès la housse rouge déposée, je pose mon doigt dessus et j'en deviens la nouvelle propriétaire.  Heureuse propriétaire.  Histoire de pas éveiller les soupçons et pour pas qu'elle s'imagine que je lui ai menti pour récupérer son achat non acheté (j'ai pas menti, d'ailleurs, mais sait-on jamais), je me lance moi aussi dans la contemplation de la housse, la scrute, l'observe, la palpe, sachant pertinemment que, c'est clair et net, j'achèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèète.

Je la glisse enfin dans mon sac, y ajoute un drap-housse du même beau rouge foncé, fais quelques achats divers et inutiles, encore fébrile de cette aventure, l'esprit totalement ailleurs.

Puis nous rentrons chez moi, MA housse et moi.

Quééééééééééén aventure hein !


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