Mea Culpa!

La liberté et la dignité? Ya pas! La matraque..Si!  (C) AFP

J'avais passé un bout de la nuit à penser ce que j'allais écrire, pourtant je n'ai pas trouvé mieux que ce titre qui, à mon sens, dira tout de ce que je ressens depuis hier et actuellement, toujours incrédule et incapable de croire que j'ai vu ce que j'ai vu, que j'ai entendu ce que j'ai entendu… Je demande pardon, à ma conscience d'abord, puis à tous les marocains libres, que j'avais dénigré non parce que je croyais mieux valoir qu'eux, mais parce que je croyais au magicien d'OZ… Or la vérité est simple, la vérité est dure, la vérité est amère! 

L'appel de la dignité

Dès que cette affaire a éclaté, j'avais pris ma décision de ne pas mâcher mes mots, et j'avais comme un début de conscience, face à un amour inconditionnel qui s'était élimé au gré du temps. Quand j'ai lu l'information de la libération de ce monstre, par grâce royale, je n'ai pas trop réfléchi, ni ne me suis demandé toutes les questions que se posent les lâches… Il était clair pour moi qu'il y avait un manque de respect à ce peuple, et que quel que soit l'explication (encore fallait-il qu'elle vienne), rien ne pouvait laver l'affront que nous avait fait le palais, d'abord en paraphant un tel ordre, puis en tenant son mutisme majestueux grotesque. Il était tout à fait normal que les marocains sortent crier famine et demander réparation. L'appel avait été donné et 20000 personnes ont répondu sur les réseaux sociaux, quoi qu'il n'en soit pas venu autant hier… Soit, nous nous sommes donné rendez-vous, et nous avons marché vers le parlement à Rabat et nous avions tous envie de croire que nous étions dans un Maroc nouveau, du moins moi et quelques uns de mes amis qui avions jusque là, foi en quelque chose… Quelque chose qui nous a toujours fait penser qu'il était un homme bon… 

Attention à vous 

J'étais encore dans le train qui me conduisait à Rabat, que quelques amis m'ont appelé pour fixer le rendez-vous avant le départ vers le parlement. Une dame a coté de moi, avait compris de quoi il s'agissait et m'avait glissé : "Faites attention à vous, mon fils, les temps sont durs!". Niais que je suis, je lui avais répondu qu'aucun monarque au monde, n'irait commettre l'erreur de tabasser des marocains qui sont sortis pour crier contre une injustice, et que les autorités comprendront que c'est une manifestation pacifique. Je lui ai dit que le Maroc avait changé depuis le 20 février 2011 et que la constitution nous garantissait le droit de manifester pacifiquement et de clamer nos droits… Cette dame, visiblement, plus lucide que moi, m'a écouté débiter mes sottises avec un sourire sceptique, et elle avait raison! 

A bras ouverts

A peine avais-je foulé le sol de Rabat, que j'avais remarqué la présence d'une force policière démesurée, déployée depuis la gare et jusqu'en contre bas du parlement. J'avais donné rendez-vous à mes amis, à Balima pour prendre un café avant le début du Sit-in! Il était à peine 21H00… Au café, nous avions pris place à la terrasse, dont le centre était déjà occupé par les policier, dans leur tentative de bloquer toute possibilité d'agglomération. Comme aux échecs, ils avaient rempli tous les endroits susceptible de service de point de départ à la manifestation, croyant que cela allait décourager les gens, mais que nenni… Beaucoup de militants commençaient à se presser dans l'esplanade et bonjour les frictions! Il était à peine 21H30 que notre table fût rasée par une première ruée de Gnous… C'était le début de la fin… ou la fin des débuts… les préliminaires quoi! 

Regardez par vous même comment ils nous ont chassé comme du bétail

Maghaneweledch

C'est ainsi que cette dame, en colère avait répondu au procureur du Roi qui avait essayé de nous chasser en compagnie de quelques éléments de la police. Elle avait dit cela, dans un sens de protestation, contre un régime qui lui interdit d'avoir peur pour ses enfants et qui devait lui garantir la sécurité au lieu de la persécuter de la sorte. Une dame fort courageuse, dont le geste a engendré des clameurs du public qui assistait à cette scène, une ferveur qui a tellement mis en colère les gradés qu'ils ont donné l'assaut… 7EYDOU 3LIYA HADOU MEN HHNA!!! 

Sir men hna Allah yen3el Zamel Bouk!

Je parlais à des filles apeurées qui s'étaient cachées derrière moi et leur disais qu'il ne fallait surtout pas courir et rester bien en place pour éviter la matraque. Un sbire qui m'avait entendu dire qu'ils n'osaient pas frapper quand tu restes figé en place m'a lancé: 7ayed men hna allah yen3el Zamel bouk… Je n'ai pas pu me retenir de lui dire, tout sarcastique que j'étais, que mon père était justement un zamel car il est mort pour ce pays! Sans m'écouter, il m'a poussé contre les voitures garées à coté de Balima et a continué à traiter nos mères de catins et nos pères de pédés! Au nom de quoi? Peut être au nom de la Royauté qu'il était venu protéger contre les traîtres que nous sommes! 

La correction!

Dalale Saddiqi m'avait prévenu de ranger mon téléphone, mais je ne l'ai pas écoutée et je le regrette, enfin pas vraiment. Je prenais des photos quand j'ai vu Nadia Lamlili se faire arracher son appareil, j'ai couru pour l'aider, mais avant d'y arriver un policier me chope: Sir t9ewwed a weld l9a7ba! 7chouma 3lik, j'ai répondu, mais avant que je termine, il m'avait envoyé un coup de matraque aux genou que j'ai bloqué de ma main et un autre de son casque que j'ai eu sur la tête! Sir wella ne7wi mok! Après avoir entendu ça, j'étais en rage, j'avais honte, j'avais tous les sentiments de la terre qui se sont bloqués dans ma gorge… J'aurais aimé lui bouffer les tripes, mais je n'ai pas pu, ni ne pourrais un jour… 

La honte!

Rien ne justifie autant de haine! Rien ne justifie la violence gratuite! Non messieurs les responsables, vous ne nous donnez plus que le choix d'être inquiets et dubitatifs, et cela n'est pas une option négociable. J'accuse! J'accuse les barbares qui ont exécuté les ordres. J'accuse les ignares qui ont donné ces ordres. J'accuse les lâches, TOUS LES LACHES qui profitent de cet ordre. J'accuse les consciences qui se taisent et taisent les autres ordres. J'accuse tout le monde sans exception! Ce n'est pas comme ça que nous allons nous en sortir, ce n'est pas comme ça que nous pouvons nous reconstruire, ce n'est pas comme ça que nous allons nous unir.

Dans n'importe quel pays qui se respecte, ceci ne serait pas permis. Ceci est une honte et qu'on le sache, ceci ne passera pas sous silence, parce que c'est un geste qui en dit long sur ce qui se trame dans les salons de ceux à qui l'ordre nouveau annoncé ne plait pas.

Je ne me tairais pas!

Post réactions

المخزن ديال فرنسا ماشي راجل علاش ما اسلخش هذوك لي تيحتجو حدا السفارة ديال المغرب فباريس

— Bluesman بلوزمان (@feryate) August 3, 2013

Rassemblement devant le consulat d'Espagne à Agadir et large déploiement policier. A l'heure actuelle, pas de débordement ni de violence.

— Mehdi Reghai (@MehdiReghai) August 3, 2013

Une séance de claquage des os chez de nombreux twittos hier. Big up!

— Nadia Lamlili (@nadialamlili) August 3, 2013

Fascinant spectacle: des commentaires de Hespress à 100% contre une décision royale http://t.co/uOOrRaFDnQ "Soutien intangible", vous dites?

— Ahmed Benchemsi (@AhmedBenchemsi) August 2, 2013

Les images sur France 24 sont choquantes au lieu de brimer des manifestations indignés comme tous mieux aurait valu revenir sur la grâce

— Daouda Aziz (@AzizDaouda) August 3, 2013

Les mrouds ne font pas de distinction. Ca tape sur femmes avec enfant, badauds,… "vive le peuple" a le don de les énerver. #danielgate

— Mohamed Ezzouak (@BouchtaJebli) August 2, 2013