Ode à ma vieille Volvo

Rouler
voir défiler
l’asphalte…
le plaisir !

Ronronnement
des roues
regard ébloui
j’avance
vers 
l’inconnu
là-bas
à l’horizon
là
où la route
et le ciel
se rencontrent
ligne absolue
de certitude
d’un monde
pressenti
jamais abordé
un monde
au bord
des ténèbres
du plein jour
promesse
jamais tenue
clin d’œil 
persistant
de l’enfance
jusqu’où ?
la mort ?
non
de l’enfance
à 
tout de suite !
je roule
je vais l’ouvrir
la porte
je vais
enfin
pénétrer 
l’insondable.
Roule ma vieille Volvo
crache tes kilomètres heure
grimpe la côte
souffle
toujours fringante
tu m’accompagnes
depuis…
si longtemps
tu as enfanté
tant d’idées
de rêves
d’aspirations…
je le sais
à ton volant
tout est possible !
Vois
sur les bords
de la Francilienne
la magnificence
des acacias
qui inclinent
leurs grappes blanches
à notre passage
et ces arbres
étranges
comme de gros oiseaux
emplumés
ébouriffés
somptueux
qui se gonflent
pour nous saluer
Quel est donc leur nom ?
Je vous salue
Oiseaux-arbres
esprits d’envol
vous êtes signes
vous m’affirmez
la certitude
vous êtes
messagers
de ma réussite
Je ris
je vais t’atteindre
porte indicible 
plus tu recules
plus j’avance
un jour
je te passerai
un jour
je trouverai 
enfin
ce que tu caches
que je connais
qui m’attend
je te franchirai
comme on franchi
ses limites
sans gloire
sans bruit
en souveraine
de moi-même
un jour
oui
un jour
je passerai
la limite des nuages
je franchirai
les barrières
des horizons
je vaincrai
sans combattre
par la simple force
de mon esprit
et de ma foi
là
derrière ton volant
à avaler 
la route
par la magie
de tes tours de roues
réguliers
hypnotiques
qui me répètent
inlassablement :

« l’horizon est porteur d’espoir ! 
 l’horizon est porteur d’espoir ! »

L’horizon
est
porteur

de

mon
espoir.

©Adamante