Une journée “fille”

Parce que j'ai promis de la relater je me lance…

Qu'est-ce qu'une journée “fille” ? Eh bien, c'est tout simplement la journée où vous foutez votre mec à la porte (si vous en avez un, sinon ben vous faites comme si…) pour ne vous consacrer qu'à vous et à votre petit corps mignon (hum…).

Au programme : teinture, mèches, épilation complète (enfin pas trop non plus, suis pas brésilienne), masques divers, manucure, pédicure, re-masques divers, crèmes en tous genres, brushing lissant et pomponnage.

Et je dois avouer, bien que je n'aime pas que ça se sache, tiens-le toi pour dit, gentil lecteur, que j'aime bien prendre soin de ma petite personne. Bien évidement cela dépend en grande partie de mon état mental, lorsque je suis en phase dépressive je suis capable de ressembler à yéti post-hibernation.

J'ai donc emmené l'Homme avec moi pour acheter ma teinture chez Sun Store, parce qu'avec sa carte d'assuré il a droit à 10% de rabais. Bon ça ne fait que quelques sous d'économiser, mais quelques sous plus quelques sous ça fait beaucoup de sous.

Ne pense pas, gentil lecteur, que je sois la pire des pingres n'est-ce pas. Simplement en tant que fauchée de base, si je peux économiser un peu d'argent que je pourrai dépenser ailleurs, eh bien, je le fais.

Donc… J'ai lâchement viré l'Homme de la maison en lui disant que je ne voulais pas le voir avant la fin de l'après-midi. J'ai préparé ma teinture et je me suis lancée dans l'aventure.

Oui, parce qu'il faut savoir que j'ai des cheveux blancs depuis que j'ai 18 ans. Et que bien que j'aie les cheveux blonds-vénitiens-cendrés (bizarre quoi) c'est quand même un peu la teuhon (comme disent les djeuns) d'avoir des grisouillis si jeune. Du coup ça fait près de 10 ans que j'use (et abuse parfois) de teintures diverses. Je suis passée par tout un panel de couleurs, en restant longtemps bloquée sur le noir durant ma (trop) longue période gothique. Parce qu'il faut savoir que le noir me donne un air maladif mais fait incroyablement bien ressortir mes yeux bleus. Et l'air maladif chez les gothiques c'est staïle… Finalement je suis revenue à un blond roux, un peu plus soutenu que ma couleur naturelle, qui est plus ce que je suis (et parce que je le vaux bien…).

On commence donc par la couleur qu'on prend le temps de bien étaler partout pour ne pas faire de “trous”. On s'enveloppe élégamment le crâne de papier d'alu, histoire que ça pénètre mieux (et on évite de répondre à la porte si ça sonne…). On laisse poser 30 minutes et on file sous la douche. On rince allègrement, on essore et on prépare la pâte décolorante pour les mèches. On coiffe ses cheveux dans le sens qu'ils auront une fois secs, on sélectionne les mèches en faisant attention de ne pas en foutre partout (j'ai flingué un linge de bain qui est plein de taches blanches au milieu de son si joli bleu) et on essaie de travailler régulièrement. On laisse poser 20 minutes et on file rincer avant d'appliquer le produit fixateur qui sent bon l'abricot.

Après la teinture on fait chauffer la cire dépilatoire, en se disant qu'un bon coup de rasoir ferait quand même vachement moins mal (oui, parce qu'on est douillette pour ce genre de choses) et qu'on ne risque pas d'en foutre partout…
On prépare les bande qui serviront à cet exercice de torture (alors qu'on pourrait très bien vivre avec des poils, sachez-le, messieurs). On applique la cire en évitant de se brûler et de finir à l'hôpital (oui, ça sent le vécu, le premier qui rigole, j'me fâche) et on se lance, ultra motivée, comme vous pouvez l'imaginer… On commence par les demi jambes, parce que c'est quand même ce qui fait le moins mal hein… Ensuite les avant bras parce que ce n'est pas trop désagréable. Puis on passe aux cuisses en serrant les dents. On va se fumer une clope avant de penser à attaquer les aisselles et en la fumant on se dit que finalement les aisselles on va peut être les faire au rasoir tout compte fait. Parce que le “il faut souffrir pour être belle” ça va un moment, mais on est pas maso non plus. Et puis les aisselles au rasoir sous la douche c'est vite fait. On se rabat donc sur les sourcils, qu'on épile amoureusement pour leur donner une jolie courbe qui soulignera bien votre regard de braise (le premier qui se moque, je me vexe). Et puis on se dit tout à coup qu'il faut trouver une solution pour le maillot… Parce que le maillot, sachez le messieurs, c'est ultra casse-pieds à faire. Si si ! Au rasoir ça repousse trop vite et ça fait des fois des boutons, à la cire c'est über douloureux, au Silképile on en parle même pas.

Face à ce choix cornélien (vous n'imaginez même pas) on se dit qu'on y pensera plus tard et qu'on va déjà se faire un peeling miel-sucre-huile d'olive puis un masque super relaxant au yaourt et au concombre. On prépare donc sa mixture sous l'oeil dubitatif mais intéressé de son chien puis on s'en badigeonne allègrement la face. On se frictionne délicatement afin de gommer toutes les peaux mortes puis on nettoie avec de l'eau et du savon (on utilise du savon d'Alep évidement, parce qu'il est doux pour la peau et 100% naturel). Puis on fait la même chose avec la mixture yaourt-concombre. On laisse poser 20 minutes en sirotant un petit verre de Porto (en vue de se donner du courage pour l'épilation du maillot bien sur) et on s'essuie délicatement avec une rondelle de coton.

On se re-sert un petit doigt de Porto et on envisage sérieusement de se faire le maillot à la cire. On la fait donc chauffer, on prépare de petites bandes, re-Porto et on se lance. Et ça fait mal, affreusement mal, même que ça saigne par endroit, charmant. Tout ça pour être belle… N'importe quoi. La faute au diktat masculin !!! Alors on décide de ne faire que ce qui dépasse à la cire, le reste on le fera au rasoir. Parce qu'on est lâche et qu'on est douillette, évidement.

Du coup on se re-sert un petit doigt de Porto (on commence à le sentir le Porto d'ailleurs) en fumant une clope tout en préparant de quoi se faire la manucure de la mort qui tue. Crème adoucissante pour les cuticules avant de les repousser, limage minutieux des ongles, un couche de durcissant puis une couche de vernis transparent irisé, on ne va quand même pas en faire trop. Même chose pour les pieds, mais là on ose le vernis bordeau, parce qu'on a des jolis pieds (et parce qu'on le vaux bien, on l'a déjà dit).

On se refait un petit masque pour affiner le grain de la peau avec du yaourt, du miel et du jus de citron frais. Puis encore un dernier masque à base d'argile verte et d'huile d'olive pour hydrater.

Après tout ça on se sent revivre, si si. Alors on se dit que vu qu'il est déjà 15h30 on devrait penser à attaquer le brushing. Oui, parce qu'évidement on a les cheveux frisés façon mouton mexicain dépressif. Alors on s'y attèle en sachant qu'on en a pour un sacré moment.

A 17h on a enfin fini. Alors on s'attaque au ravalement de façade. Mais comme on est fraîche et pimpante on se dit qu'on ne va pas trop en faire. Alors on laisse tomber le fond de teint et la poudre et on ne maquille que les yeux. Façon égyptienne, parce que ça souligne bien notre regard et que notre Homme adore ça.

Puis on file s'habiller, on n'en fait pas trop non plus mais vu que le temps le permets on ose la petite robe décolletée par dessus le jeans un peu serré et on mets de jolies petites chaussures légère. C'est le printemps, autant que ça se sache (très seyant d'ailleurs avec une attelle Ankle Fix, pour ceux qui n'auraient pas suivi les péripéties de notre cheville gauche c'est par là), non mais !!!

Et puis on pars rejoindre l'Homme, dans notre bar fétiche. Pimpante comme une rose (oui, bon, je sais…) et über motivée par la vie tout à coup.

Et le plus drôle dans l'histoire, c'est que l'Homme ne remarque rien de changé…
Alors qu'à la base, on a quand même fait ça pour lui hein…

Et nous on remarque lorsqu'il se rase et qu'il met de l'after-shave, même qu'on lui dit qu'on aime ça. Alors que finalement, le rasage, c'est un truc on ne peut plus courant pour un homme.

Nous on se contenterai de vivre avec nos cheveux blancs, nos ongles rongés, nos poils aux pattes et nos maillots en bataille. Mais bon, on garde la tête haute et on se contente de lui envoyer discrètement un texto…

Nous on remarque le petit détail… L'Homme lui ne remarquerait même pas si on sortait en ville en pyjama…

Les hommes sont ingrats !!!

La vie est très injuste… Tu ne trouves pas, gentil lecteur ?