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Cauchemar Blanc, de Matthieu Kassovitz d'après Moebius

Publié le 23 août 2013 par Thierry_2
Le titre Cauchemar Blanc m'a longtemps intrigué, surtout venant de Moebius. Un cauchemar blanc, c'est quoi ? J'imaginais un monde blanc, à la THX-1138, au bord de l'abstrait. J'imaginais un récit à la poésie particulière, un jeu chromatique... puis je l'ai lu. A ma grande surprise, ce récit de Moebius trouvait sa particularité dans son réalisme le plus cru. Quatre Dupont-Lajoie partent à la chasse au bougnoule, un soir en banlieue. Ils repèrent leur proie, un Arabe en solex. Un coup de volant devrait suffire à lui régler son compte, sauf que...Cauchemar Blanc représente sans doute la seule incursion du Maître dans la domaine du réalisme social. Loin des mondes exotiques auquel il nous avait habitué, il nous entraîne dans lun quartier HLM et  s'attaque à l'un des maux de notre société: la racisme ordinaire.

Cauchemar Blanc, de Matthieu Kassovitz d'après Moebius

Cauchemar Blanc, Moebius 1975


Cette histoire serait née d'une indignation. En 1975, le ministère de l'intérieur français interdit la diffusion d'un court-métrage dénonçant les agressions racistes. La même année sortait au cinéma Dupont-Lajoie d'Yves Boisset, qui traite également de ce racisme ordinaire. Le cinéaste dut batailler contre la censure mais aussi contre des incidents orchestrés lors du tournage et de l'exploitation en salle par des mouvements d'extrême-droite. Face à ce climat tendu, Moebius décide de raconter,  sur le mode loufoque, une de ces ratonnades. Mais si le début du récit est drôle, sa conclusion laisse un goût amer. Le cauchemar est blanc mais l'humour est noir.En 1991, 4 ans avant La Haine, Matthieu Kassovitz l'adapte sous forme d'un court-métrage avec Yvan Attal et Jean-Pierre Darroussin. Et 22 ans lus tard, en 2013, force est de constater que le propos reste toujours aussi brûlant.


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