Magazine Nouvelles

Lamalattie se porte bien

Publié le 31 août 2013 par Jlk

Lamalattie12.jpg

Attention: découverte ! Après 121 curriculum vitae pour un tombeau, le peintre-écrivain remet ça avec Précipitation en milieu acide. Tonique!

Mordant et original: ainsi m'est apparu, l'an dernier à la même heure, le premier roman de Pierre Lamalattie, 121 curriculum vitae pour un tombeau, s'inscrivant de toute évidence dans la mouvance Houellebecq. En plus tendre et en moins ample aussi dans le registre de l'observation. Quoique... Ce qui sautait aux yeux en tout cas était que, dès les premières pages de ce roman de plus de 400 pages, le choc de la découverte rappelait celui d'Extension du domaine de la lutte. La différence était que Pierre Mamalattie, ingénieur agronome "à la base" comme son pair, s'était mis à écrire la cinquantaine passée, avec ce que cela implique d'expérience humaine et de malice détachée. Or voici ce que j'en écrivais alors dans le quotidien 24 Heures:

"Comme dans le dernier Houlellebecq, Pierre Lamalattie intègre son propre personnage au roman. Il en est même le narrateur, 54 balais dans son placard, qui dit avoir "moins connu de femmes qu'un animateur du Club Med" et n'avoir vécu "aucune aventure de l'extrême". S'avouant "une sorte de raté irrémissible" sans s'en plaindre au demeurant, puisqu'il s'en moque complètement en effet, Lamalattie se sent un peu raplapla au début de son récit, avant d'être rassuré par un spécialiste sur sa capacité érectile. Sa mère l'inquiète également, qui n'en a plus que pour six mois à vivre et rêve de finir ses jours en Corrèze. Et puis il y a sa passion, la peinture, qui va de pair avec son intérêt soutenu pour les humains qui le lance dans un nouveau projet: peindre 121 portraits qui lui seront dictés par la vie: "Quelque chose comme un reportage sur la vie des hommes".

Lamalattie16.jpg
Son observation carabinée porte sur la société contemporaine à tous les étages, de l'Administration nationale aux fonds régionaux d'art contemporain où s'exposent des serpillères et des tas de sable, avec leur commune langue de bois technocratique ou conceptuelle.

Cadre formateur à temps partiel au Ministère de l'agriculture, Lamalattie est aux premières loges d'un ballet social dont il détaille les particularités avec autant de douce rosserie qu'il met de pertinence dans ses propos sur la musique, la peinture ou la vie.

Lamalattie01.jpg
Le dernier voyage en Grand Espace Renault, passé à écouter avec sa mère les concertos de piano leur rappelant maints souvenirs partagés, est un premier régal mélancolique: cultivée mais tendrement revêche, sa mère lui reproche de ne point peindre de "paysages qui se vendent". En outre, les retrouvailles avec une amoureuse jamais oubliée, Claire de son prénom, marquent une autre ligne mélodique du roman.  

Les 121 portraits, constituant une bonne part de la substance descriptive du roman, existent par ailleurs à l'état pictural, qu'on peut retrouver dans un livre illustré paru chez le même éditeur, ou sur le site Internet de l'auteur."

Quant aux nouveau roman de Pierre Lamalattie, guère moins feuillu que le premier, il brasse une matière sociale et psychologique analogue avec, toutefois, un changement de point de vue puisque son narrateur, Pierre-Jean-Marcel, travaille sous le régime d'un plus ou moins fragile  CDD chez Right-in-The-Middle-Consulting,la boîte connue de chacune et chacun où tous positivent un max. Pierre (qu'aucun de ses amis n'aurait l'idée de surnommer Pierrot) est marié depuis douze ans avec Béné, qui le stresse un peu en passant de projet en projet et en exigeant qu'il la baise au moins trois fois par semaine selon les codes décrits dans les magazine, au dam de son idée un peu romantique de l'amour. Auvrai,c'est une sorte d'humaniste contemplatif que Pierre-Jean-Marcel,dont la sympathie s'étend "à tous les humains". Et de préciser: "Il y a quelque chose de plaisant à les voir apparaître et s'effacer. C'est cela, au fond, qu'il y a de bien dans l'espace-temps, le fait qu'il y ait des émergences et des disparitions. Parfois ,j'essaie d'imaginer la vie des autres. Ca me fait réfléchir,mais c'est difficile. Il faut se concentrer. Comme on dit en relativité restreinte, je ne suis pas sur le même référentiel inertiel qu'eux. Je me translate différemment".

Lamalattie99.jpg
Et c'est parti pour un bout de film avec ce clown triste, dont les premières séquences "font fort" dans le genre bobos Deschiens. Bref, je reviendrai sur la médecine revigorante de l'excellent Docteur Lamalattie, homéopathe dont les doses d'arsenic font illico le plus doux effet. J'y reviendrai naturellement après consommation du plein tube...  

Pierre Lamalattie. 121 curriculum vitae pour un tombeau. L'Editeur, 2012, 446p.

Pierre Lamalattie, Les Portraits. L'Editeur, 2012.

Pierre Lamalattie. Précipitation en milieu acide. L'Editeur, 2013,395p.  


Retour à La Une de Logo Paperblog

Magazines