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Les matchs truqués entachent la Premier League de cricket

Publié le 21 mai 2013 par Dopalruka @DoPalRuka
L'IPL, nouveau championnat national de cricket, est à nouveau secoué par un scandale de corruption. A mesure que l'économie du "sport du gentleman" se développe et que les intérêts financiers se multiplient autour de lui, les joueurs sont approchés par les bookmakers.

Les matchs truqués entachent la Premier League de cricket

Ankeet Chavan, soupçonné de corruption, entouré de ses coéquipiers des Rajasthan Royals


9 mai 2013. Stade de la Punjab Cricket Association, à Chandigarh. Indian Premier League (IPL). Rajasthan Royals contre King’s XI Punjab. Sur le terrain, le Rajasthani Ajit Chandila remue ostensiblement son poignet. Au même moment, alors qu’il va entamer son deuxième over, son coéquipier Shanthakumaran Sreesanth rentre une serviette dans son pantalon et fait quelques exercices d'échauffement. Puis, tout au long de cette manche de six lancers consécutifs, il ne semble pas aussi agressif que d'habitude face au batteur punjabi.
Stress? Fatigue? Irritabilité? La police indienne établit un autre diagnostic. Sreesanth et Chandila joueraient délibérément en-dessous de leurs capacités. Leurs gestes inhabituels seraient des signaux envoyés à leurs complices bookmakers pour qu'ils placent des paris conséquents en faveur de l'adversaire sur cet over. Des soupçons confirmés par une soudaine et étrange performance médiocre de leur coéquipier Ankeet Chavan, le 15 mai contre les Mumbai Indians. Les trois joueurs sont arrêtés dès le 16 mai. Contre 1 crore roupies (environ 141 000 euros), ils auraient ainsi offert des points aux équipes de Mumbai, de Pune et du Punjab. 

Les matchs truqués entachent la Premier League de cricket

S. Sreesanth aurait placé une serviette dans son pantalon 
pour donner le signal aux bookmakers

Malgré les salaires faramineux qu’ils touchent, ces cricketers ne résistent pas aux sollicitations de faiseurs de jeu, pour gagner toujours plus. En décembre 2000, l’ancien capitaine de l’équipe nationale Mohammad Azharuddin et le lanceur Ajay Sharma sont bannis du cricket à vie pour avoir manipulé des résultats avec la complicité de bookmakers. En juin 2012, cinq joueurs sont également dénoncés par une chaîne de télévision dans une affaire de corruption concernant des matchs nationaux. Mohnish Mishra, Amit Yadav et Abhinav Bali sont interdits de jouer pour un an, Shalabh Srivastava pour cinq ans et TP Sudhindra pour la vie par le comité disciplinaire du BCCI (Bureau indien de contrôle du cricket). Mais alors que seuls quelques individus sont arrêtés et sanctionnés dans ce genre d’affaires, certains commentateurs pensent qu’il serait naïf de considérer leurs « petits arrangements » comme des actes isolés. Un lanceur peut-il réellement coller à un score donné sans la complicité du batteur qui lui fait face ?
Dans le merveilleux monde du cricket, les plus grandes performances sont accueillies par les millions de supporters indiens comme des miracles et les joueurs sont élevés au rang de divinités vivantes. Quand sera t-il si la confrontation tant attendue prend la forme d'un scénario de Bollywood, écrit à l’avance? Si les demi-dieux du cricket s'apparentent aux politiciens véreux, englués dans des scandales de corruption? Dans un sport qui suscite tant de passions - et même de dévotions -, les écarts des joueurs du Rajasthan Royals sont vécus comme des péchés impardonnables. De rage, les supporters n'ont pas hésité à enflammer les effigies de leurs idoles d'hier.

Les matchs truqués entachent la Premier League de cricket

Le portrait de S. Sreesanth brûlé par des supporters en colère(Photo : TOI)

Pour beaucoup de commentateurs, ce sont les sommes d’argent extravagantes qui sont déversées dans le monde du cricket qui favorisent la corruption. L’économie du "sport du gentleman" se développe, mais sans la transparence et les contrôles nécessaires à cette évolution. L’Indian Premier League, créée en 2008, serait un terrain particulièrement propice à ces pratiques. Plus que des moments de communion sportive, les matchs se sont transformés en véritables shows de prime-time. Les joueurs sont devenus de véritables stars, les vedettes de Bollywood se pressent dans les gradins et les poms-poms girls se déhanchent à chaque point gagnant. Alors que les matches de cricket pouvaient s’étaler sur plusieurs jours, ils ne durent lors de ce tournoi que trois ou quatre heures. Parfait pour que des millions de téléspectateurs puissent quotidiennement suivre le spectacle, entrecoupé d’incessantes pages publicitaires. Parfait pour engranger toujours plus de revenus. Et à mesure que l’argent coule à flot, l'avidité des businessmen, des bookmakers et désormais des joueurs semble de plus en plus inextinguible. 
Mais les scandales qui entachent désormais les maillots de certains joueurs pourraient coûter cher à l'IPL. Entre 2010 et 2012, ses revenus ont chuté de 4.13 milliards à 2.92 milliards de dollars, en partie à cause de ces affaires, qui ont porté durement atteinte à la crédibilité des "gentlemen".

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