Les photos ne reflétant pas notre état de corps, de cœur et d’esprit, on s’acharne sur les mots qui eux non plus ne nous satisfont pas. Les jours passent, les occupations nous amènent ailleurs.
Pour dire tout le bonheur que j’ai ressenti à pédaler sur la piste cyclable de Granby, j’ai voulu retrouver toutes mes bicyclettes, mais avant l’ère du numérique, il y eut de vielles photos en noir et blanc, des diapositives, des films en 8mm ou, pas de photos du tout.
En 2010 et 2011, sur ce blogue, j’ai déjà conté des grands bouts de mes aventures en vélo. >>>19 mai 2010 >>>21 septembre 2011 >>>2 octobre 2011 >>>9 octobre 2011
Avant ma première bicyclette, je devais partager avec mon frère.
8 ans : bicyclette bleue à rétropédalage
18 ans : vélo 10 vitesses de fille, rouge et blanc
20 ans : vélo 10 vitesses de marque Raleigh acheté au Canada, vendu à Londres
25 ans : vélo de gars 12 vitesses
26 ans : vélo-solex, à l’essence, un petit moteur qu’on descend sur la roue avant
30 ans : emprunt d’un vélo pour course Lac-des-Plages/Montebello
31 ans : vélo moteur à essence, des vrais comme ceux des Français
40 ans : retour au vélo ordinaire, vélo de gars, 12 vitesses
Autour de 50 ans : vélo de fille, 18 vitesses
57 ans : vélo électrique, batterie au plomb
63 ans : vélo électrique, batterie au Lithium
La simple énumération des divers vélos ne dit rien des hésitations et des deuils entre chacun, des émotions que chacun m’a procurées, des histoires que j’ai vécues. Et pourtant, c’est entre ces lignes, entre ces âges, entre ces années que s’est insinué ce besoin constant de retrouver le plaisir premier, celui qui date du tout début, de la première fois : la possibilité de partir seule à l’aventure.
Chaque fois que j’ai décidé de changer, d’en acheter un nouveau, un plus performant, un électrique pour plus de facilité, c’était pour retrouver ce bonheur tout simple d’aller voir de nouveaux paysages, de découvrir de nouvelles odeurs, de respirer le doux air de la liberté. Avec la venue des pistes cyclables — asphaltées ou en pierre de roche, mais loin de la rue achalandée et dangereuse —, je suis bien heureuse de renouer avec ce sentiment d’évasion. Mon vélo électrique rouge, celui avec la lourde batterie de plomb répondait plus à un besoin d’utilité en camping, tandis que le plus léger, à la batterie au lithium, me procure une impression de jeunesse. Et les deux jours à Granby ont, en cela, répondu amplement à mes attentes. Ce fut le bonheur total.
En prime, deux repas à l’extérieur devant un petit feu, dans un camping déserté. Je suis comblée.