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aux Milles, mille voix

Publié le 23 octobre 2013 par Sabledutemps @YvDG

" si l'écho de leur voix faiblit, nous périrons " - Paul Eluard -

Je m'appelais Rachel ... 

Dans l'air parfumé du Luberon fraîchi par le vent, tends l'oreille :  " il était une fois, une mauvaise fois ... "   ma voix souffle, inlassablement, l'horreur, du camp des Milles aux brumes de Pologne sans espoir de retour. 

Trouverai-je la paix et pourrai-je enfin, m'endormir, sereine, en sachant que des âmes vives porteront notre mémoire pour ne rien oublier ?

Qui m'écoutera ?

 Septembre 2012 : 

Aujourd'hui mon voeu est exaucé.

Ma voix, mille voix, s'élèvent au nom de milliers d'autres qui se sont tues trop tôt, victimes de la folie des hommes, de la barbarie nazie et de certaines instances françaises empressées de collaborer servilement et de participer, implicitement à la Solution qui se voulait ... finale.

  Je me souviens ...

1942 je m'appelle Rachel ...

L'été n'a plus la lumière provençale que j'aime tant.

Il règne un climat de terreur, de suspicion.

La police a fait son funeste boulot, nous avons été arrêtés mes parents et moi, parce que nous sommes juifs ...  Emmenés au camp des Milles, cette grande usine où l'on fabriquait des tuiles et des briques. C'est un univers effrayant et cauchemardesque : la poussière, la foule, les odeurs nauséabondes, les bousculades, les files d'attente sans fin aux latrines, les quolibets de certains gardiens, la saleté, la maladie, le typhus fait des ravages parmi les plus faibles.

Je n'ai jamais vu autant de monde autour de moi. Des gens sautent par les fenêtres par peur de ce qui va nous arriver. Pourquoi ?

Il ya des pleurs, des lamentations, des mots écrits sur les murs, des masques de clowns peints sur les poutres, quelqu'un a dessiné un coeur, un autre des fleurs, moi, je veux partir d'ici, et vivre, vivre, j'ai envie de soleil, envie de courir dans les champs d'oliviers, je veux retrouver le parfum de la garrigue, mes amies, ma maison, mes poupées.

J'entends: internement, transit, déportation : quelle est la différence entre ces mots qui glacent d'effroi ? peut-être ce sinistre wagon sans marchepied dans lequel on m'a jetée, parce que je n'ai pas pu grimper toute seule ? J'ai les genoux écorchés et j'ai peur.

Le voyage sera long.

 Néfastes brouillards

Siffflent les trains de la mort

Dans la nuit venteuse

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click pour agrandir les photos  

Ancienne tuilerie, ce site devient en septembre 1939 centre d'internement pour les intellectuels antifascistes, qui avaient fui l'Allemagne, puis de 1940 à 1942 camp de transit pour les " éléments indésirables "et en août et septembre 1942 camp de déportation pour les Juifs. 

Plus de 10.000 personnes seront internées dans ce camp, dont 2.000 partiront pour Auschwitz.

   

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 Max Ernst qui écrira :  -" les conditions générales du camp tenaient le juste milieu entre la Pologne du Père Ubu et les étouffoirs de Kafka ! " -

ainsi que Hans Bellmer, Lion Feuchtwanger, Jupp Winter et d'autres artistes ont été internés au camp des Milles.

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Plusieurs centaines d'oeuvres seront ainsi créées principalement entre 1939 1940.

La visite du site-mémorial se termine sur :

Que ferais-je demain si ... ?

Une salle d'information et de reflexion est ouverte pour inviter les jeunes générations

à la vigilance, au devoir de mémoire, et à la nécessité d'être

" les témoins des témoins ".

 

 

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" Le ventre est fécond d'où est sorti la bête immonde. " - Bertold Brecht -

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... Je m'appellerai toujours Rachel ...

si vous décidez de témoigner, de choisir librement la lumière plutôt que l'obscurité, de vous battre pour le droit à la vie, à la différence, au bonheur pour tous

" Chacun peut réagir, chacun peut résister, chacun à sa manière "

" Plus qu'un pouvoir, choisir est un devoir "

...

Pour plus d'informations : www.campdesmilles.org

et aussi : ce site très intéressant.

à lire absolument : " le Diable en France " de Lion Feuchtwanger

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 et puis pour rester dans le sujet  là et  là si vous avez encore le temps !

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