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Max | Charles

Publié le 10 novembre 2013 par Aragon

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Anniversaire dans deux jours : Le jeudi douze novembre mille neuf cent soixante dix Charles attendait l'EBR qui allait l'accompagner at home, j'attendais aussi en me caillant les miches en gare de Bar-sur-Aube, je devais prendre "les Compagnons" fallait pas qu'on soit en retard à Colombey, ils ont fini par arriver, Couve en tête qui ne l'était pas, j'ai reconnu Romain Gary qui s'est assis à coté de moi, Malraux, tous en redingote noire, de vrais tronches de croques-morts plus lugubres les uns que les autres, cinquante dans mon autobus. Des hommes noirs.

Pas de femmes ou prou du reste sur les mille et quelques Compagnons de la Libération y'a aucune nana, y'en a eu six je crois, dont cinq sont mortes pendant la guerre, héroïnes ! Pouvait pas faire autrement que de les nommer le grand Charles, misogyne un grand brin, coincé du cul ça c'est certain qu'il l'était... Les femmes, pendant des siècles, étant juste bonnes à faire des mômes en un acte pas sexuel mais sacré et obligatoire, accompli sans regarder et sans plaisir (interdit et sacrilège le plaisir !) par le trou aménagé en bonne place dans l'épaisse chemise de nuit en pilou-pilou et tenir les ménages, il aimait ces valeurs-là Charles. Mais je m'égare...

Charles, je l'ai déjà écrit dans ce blogue, était largement détesté dans l'armée, je le sais pour l'avoir vu de l'intérieur, ils étaient rares à le piffrer. Saturnin Griffith vieux de la vieille, adjudant-chef qui avait fait la guerre était une veuve éplorée dans son propre autobus ce jour-là, Charles c'était son papa comme l'appelait aussi Jean-Bedel Bok, lui, Saturnin, aimait profondément le Général et moi Saturnin, dans ma base de Saint-Florentin c'était le seul "ancien" que j'aimais bien et qui aimait bien les jeunes en retour.

Les militaires n'aimaient pas le Général à cause de l'indo et de l'Algérie "ignominieusement" lâchées, c'était aussi simple que ça. En plus, embastiller Hélie Denoix de Saint Marc, faire fusiller Jean-Marie Bastien-Thiry et Roger Hercule Gustave Degueldre, dissoudre le 1er REP, était resté rédhibitoirement en travers de la gargante de quatre-vint-dix pour cent des militaires d'active...

Anniversaire, j'aime pas ces anniversaires-là mais la France. La France, là.

Charles a été retors, il a fait avaler à plus d'un d'énormes couleuvres, comme tous les hommes politiques. Il a fait cette merde de bombe, les essais à l'air libre Reggane et Mururoa, toléré le SAC, fait la Françafrique, plein d'autres choses que je débecte, mais je sais, je peux pas lui imputer l'apparition de la peste et du choléra, même si, comme tout homme politique il en serait presque responsable.

Charles m'a fait chier quand j'étais gamin avec ses grandes messes télévisées garanties pleine baffe si on mouftait pendant qu'il jactait sur l'unique chaîne... Ah ! les larmes de mémé quand elle voyait son Général, elle vibrait, elle en aurait chopé un orgasme, elle qui n'en eût sûrement jamais dans sa vie avec mon pépé qui courait la gueuse à l'année longue et la laissait digne et rigide dans l'église où elle s'offrait toute entière à Jésus, à tous les saints, incroyable et fidèle grenouille de bénitier du vieux curé de la paroisse. Mais je m'égare...

Pour la deuxième fois, après l'appel du dix-huit juin, Charles De Gaulle je l'ai trouvé sur cette plage irlandaise de Derrynane. Pour la deuxième fois vrai dans sa vie. Incarnant la France dans toute sa capacité de force et de résistance, dans toute sa fragilité aussi. Admirable deux fois, zébrant deux fois d'un immense éclair d'or - barrant - le ciel de l'Histoire de France...

http://www.ecpad.fr/12-novembre-1970-les-obseques-du-gene...


photo De Gaulle : Hubert le Campion (SIPA)


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