Magazine

Secouer les neurones

Publié le 12 février 2013 par Fabrice @poirpom

Secouer les neurones

La semaine dernière, c’était le Festival International du Film des Droits de l’Homme de Paris. La 11e édition, organisée entre autres au Nouveau Latina, rue du Temple. C’est Mee-Lou, une semaine avant, en charge (avec d’autres) de la programmation, qui avait tourner l’info par mail. Pour motiver les troupes.
Vous y trouverez de quoi vous faire gigoter les tripes, secouer les neurones, et battre vos coeurs.
Quand elle s’y colle, elle a le sens de la formule, la Mee-lou. Bien lui en a pris de pourrir les boîtes mail de tout le monde.
Vingt-quatre documentaires programmés classés en six thématiques. Des trucs dans tous les sens (ateliers, rencontres) mais surtout, un focus. Sur Heidi Ewing & Rachel Grady. Ces deux donzelles américaines, subtilement allumées (surtout après trois verres de rouge) et très sympathiques, font des docus depuis quelques années. Là, cette année, elles se sont pointées pour présenter leur dernier bébé. Mais du coup, la sympathique équipe du festival a programmé trois autres de leurs bricoles.
Et là, gavage.

DETROPIA (2012)

Detroit, Michigan. La population de la ville, qui caressait les deux millions d’habitants en 1950, en compte à peine plus de sept cent mille aujourd’hui. Et continue d’en perdre. À eux seuls, ces chiffres suffisent à planter le décor. Mais là, il est question des gens.
Entre les ouvriers (au bord des larmes) d’un reste d’industrie qui se casse la gueule, les quelques bobos qui réinvestissent les lieux abandonnées cédés pour quelques cacahuètes, un maire qui veut sans doute bien faire mais demeure impuissant face à l’immensité du chantier, une bloggueuse qui zone dans les décombres de sa ville, un prof à la retraite reconverti en patron de jazz club, les tronches de Detropia ont méchamment d’la gueule.

Jesus Camp (2006)

Un camp de vacances. Des baraquements, des dortoirs, une grande salle commune. Une colonie de vacances. Avec bibles, sermonts, prêcheurs et transes en plus. Le tout pour les 5-12 ans, accompagnés ou non de leurs parents. Des petites joues ruisselantes de larmes, des transes, des sermonts pro-life, des baisers baveux sur l’effigie en carton de George W. Bush… De l’endoctrinement religieux teinté de politique. Au milieu de ce folklore, en contre-point, une voix s’élève. Catholique pratiquant, animateur radio, il utilise son émission pour questionner ces pratiques. Une voix intelligente et sensée au milieu d’un extrémisme flippant. Dans le film, une respiration. Parce que ce mec parle, à intervalles réguliers, il est possible de tenir le choc. Car le surréalisme réel de ce camp a quelque chose de totalement étouffant.

12th & Delaware (2010)

Fort Pierce, Floride. À l’angle de la 12ème et de Delaware. D’un côté, une clinique d’avortement. De l’autre, juste en face - mais vraiment, un centre pro-life financé par l’église évangélique. Et le personnel du second établissement n’est là que pour pourrir la vie de celles et ceux qui travaillent dans le premier. Et tenter de repêcher celles qui seraient tenter de subir une telle intervention. Promettre et dire tout et n’importe quoi pour éviter qu’elles ne commettent l’impensable selon eux: avorter.

Quelque soit le sujet abordé, Heidi Ewing & Rachel Grady ont un code de conduite. Qui ne semble peut-être pas évident à la lecture des pitchs de leurs films. En aucun cas, elles ne martèlent un point de vue. Elles préfèrent, selon leurs propres termes, participer au débat. Il n’y a pas d’agressivité dans leur discours. Étonnement, consternation, tristesse parfois. De la tendresse et du respect aussi, notamment dans Detropia. De ces trois docus-là, mention spéciale pour celui-ci, particulièrement élégant. Et parce que les nuits y sont belles.

Merci Mee-lou. L’édition 2013 de ce festival, ne serait-ce que pour la découverte du travail de ces deux femmes, c’était d’la balle.


Retour à La Une de Logo Paperblog