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ALGERIE & POLITIQUE. "Ont-ils réussi ?" Un tribune libre de Nabil de S’Biha

Publié le 21 novembre 2013 par Menye Alain

                       «Je n’ai jamais fait partie du système […] nous avons été les «harkis du système» S. A. Ghozali 

Toutes les données portent à croire qu’Ils ont réussi leur projet et la noirceur gagne l’ensemble de ce magnifique tableau, l’Algérie. Ces « ils » sont généralement très fréquents dans la presse algérienne qui ne cesse de mâcher ses mots. Il ne s’agit pas, sans doute, d’une personne physique ou morale car la cerner relève de pures spéculations auxquelles se livrent nos journalistes, essayistes, politiques et intellectuels professionnels.  Certains vont dire que c’est les généraux de l’armée ; d’autres vont dire que c’est juste le patron du DRS, le général Madiane alias Toufik, et son Clan d’officiers ; d’autres diront que c’est le Clan du chef d’Etat ainsi de suite !  Néanmoins, il s’agit d’un Système politico-économique (les deux vont souvent de pair) et médiatique. Voilà qui sont ces « Ils », c’est un ensemble qu’on ne peut connaître avec justesse mais on peut dire, sans détournement ou/et une autocensure,  que ces gens ne s’occupent que de leurs propres intérêts, haïssent le peuple, ont des allégeances à des pouvoirs étrangers, les DAF en l’occurrence, et surtout ils ne vont pas hésiter à mettre la puissance, l’armée et la police, à leur guise contre la population dont elle est issue.

On assiste ces derniers temps à des débats qui tournent sur des thématiques d’aucune importance et complètement détachés des préoccupations quotidiennes de la population. Il ne faut pas être un expert pour dénombrer les sujets qui préoccupent de plus la population, à savoir au passage : un travail décent, un toit assez spacieux et confortable, une couverture maladie assurant sa santé, une éducation pour sa descendance, un moyen de transport et peu d’autres choses qui vont dans ce sens (des questions sociales surtout). Cependant, parler de qualification pour la Coupe du Monde 2014 reste le sujet primordial. Il va de soi pour d’autres thèmes de « seconde zone ». Cependant, lors du dernier Salon International du livre à Alger on a vu des invités de renommées internationales, je pense notamment à Michel Collon et cela semble être une exception. Mais bien sûr que non, ils sont justement des anti-impérialistes qui vont servir, malgré leur bonne foi, comme variable d’ajustement dans la nouvelle équation du régime algérien : le changement = déstabilisation = chaos (Libye, Tunisie…). Au final, évitons-le!

Ce qui se passe actuellement en Algérie est très proche, toute chose égale par ailleurs, de ce que Hannah Arendt appelait « la banalisation du mal ». Il est aisé de voir que la propagande de ce Système autoritaire « non-déclaré » mette les gens à la marge de la réflexion si ce n’est de les empêcher de s’y mettre.  C’est le premier rôle des médias publics. Pour ce qui est de la presse privée, elle est prise sous un chantage financier où elle ne peut survivre que grâce à la manne publicitaire, comme organe de propagande digne des « américains », qui était attachée au DRS avant d’être transférée au Ministère de la défense qui est réputé pour ses liens étroits avec le chef d’Etat. Donc en Algérie avoir sa propre opinion est un luxe pour le citoyen lambda. En effet, les institutions de ce Système répriment toute initiative qui n’ira pas de son « bon sens », comme on peut le démontrer à l’aide de ce caricaturiste  qui risque la prison parce qu’il a osé évoquer en privé, faut-il le rappeler encore, la maladie du chef d’Etat qui ne relève pas, d’ailleurs, d’un secret d’Etat. Le procureur en charge de ce caricaturiste a, peut-être, oublié de dire à la populace que dorénavant Bouteflika a le statut du Divin ou/et de ses Sains échappant ainsi à toutes critiques émanant des mortels. Circulez, rien à voir !

Cela dit, Ce qui importe pour ce Système, en place depuis l’indépendance avec quelques variantes insignifiantes, est de garder la population sous une perfusion continue. S’y prendre était très facile car Il  y a de nombreuses références en la matière et je pense notamment au fascisme européen et au communisme Stalinien. Ce dernier me paraît le plus adéquat si on fait un lien historique entre le KGB et les premiers hommes de ce Système, ceux de la SM et du DRS.

A quelques mois des élections présidentielles, et comme à chaque fois, des larbins de tous genres et de tous les horizons sortent et chantent à la gloire du chef d’Etat sortant, que dis-je,  du Roi abdiquant.  Ces larbins sont là pour évoquer les acquis de la Nation et les mérites de son Roi  en 14 ans de règne. Mais ils parlent de quoi exactement ? Peut-être de cette autoroute Est-Ouest inachevée et  avec comme corollaire, disant le au passage et sans y entrer dans les détails, un scandale financier de haut vol sur lequel surface le protégé du chef d’Etat, Amar Ghoul.  Parlent-ils, peut-être, des scandales financiers internationaux de la Sonatrach qui restent encore attachés à la ceinture du cow-boy Ch. Khelil… Non pas du tout, il faut surtout occulter tout ce qui est honteux et digne des pratiques de la mafia Italienne ! Ces « dossiers sales » évoqués souvent sous la table sont pour les « cons », les « sionistes », les « séparatistes du MAK » … qui veulent déstabiliser le pays en ces temps troubles. Au fait, l’Algérie est certes menacée  par un changement opéré depuis un satellite étranger mais il ne faut pas perdre de vue que ceci n’est pas une excuse en soi pour réprimer, saboter, anéantir… toute une Nation.

Pour ce qui est de la déstabilisation de l’Algérie, qu’on raconte le long des journées, je dirai simplement que ce Système ne pourra jamais être un « pare-choc ». Il  d’ores et déjà un déstabilisateur à l’intérieur de la Nation en stimulant les tensions régionales, entre Kabyle et arabe, entre les gens de l’Est et  ceux de l’Ouest, etc. En plus, regardant l’exemple du Président Russe Poutine en 2008 sinon l’Iran,  qui a élu son nouveau président il y a quelques mois, où l’ancien président, Ahmadinejad, était bien placé pour réclamer un nouveau mandat en se justifiant par les menaces, d’ailleurs réelles, qui peuvent déstabiliser l’Iran.  Mais il ne l’a pas fait ! Il n’a pas « violé la Constitution » pour y arriver  comme Mr Bouteflika ! Cependant, une chose est sure à savoir qu’il y a en Algérie plus de larbins qu’ailleurs. Et c’est à partir de ça que Ce Système a pu perdurer aussi longtemps.

Par ailleurs, à travers cette comédie tragique, les élections présidentielles en l’occurrence, où seul le peuple est la victime, il faut noter que le Système veut changer mais seulement le décor. Comment s’y prendre ? De quoi s’agit-il cette fois-ci ?  Trop simple ! Je m’explique. Les Algériens ont un peu, voir trop, marre de ces politiques qui ne foutent rien si ce n’est de râler une fois çà et là pour jouer le rôle de l’Opposition. Le peuple n’est pas dupe, certes, mais, comme disait J.J. Rousseau, on le manipule souvent contre ses propres intérêts. Dans cet ordre d’idée, le Système cherche un nouveau tour de magie qui impressionnera si facilement les profanes mais, à défaut, Il sait que cela reste totalement inopérant devant les initiés. Il faut un nouveau sang dans son corps, voilà comme pense le Système, et parce que cela concerne sa survie, Il a fini par trouver sa « combine gagnante », de nouvelles têtes. Une nouvelle tête exactement.

Il s’agit de mettre sur la scène politico-médiatique un certain Mohammed Moulessehoul, comme un candidat aux  élections d’avril 2014.  Voilà, Yasmina Khadra, pour le grand public, un romancier de « renommée » qui a soigneusement évité de répondre aux accusations du « pilage » émanant d’un autre romancier algérien, Youcef Dris (Cf. Karim Sarroub,  « ce que Yasmina Khadra doit à Youcef Dris ? »).  A cela on peut ajouter la thèse de Lounis Aggoun selon laquelle Khadra a derrière lui une armada d’agents du DRS qui lui écrivaient.  Cette thèse me paraît « juste » notamment après avoir vu  Mr Moulessehoul sur les chaines TV françaises. C’est « un typhon dévastateur » qui fout la honte aux intellectuels algériens. Bref, je laisse aux lecteurs le soin d’imaginer un instant cette risée, au regard des autres nations, si par malheur on aurait comme président un pseudo-romancier, déjà ce seul terme me paraît trop insultant, et plagiaire, sinon pillard, pour bien alourdir cette moquerie. Au fait, en sa deuxième qualité, pillard, Y. Khadra n’est pas une nouveauté dans les cercles du pouvoir Algérien.

Vous n’avez certainement pas ratés Rachid Nekkaz, pas facile vu qu’il passe partout, qui s’est « dénaturalisé » de sa nationalité française, pour y participer à cette mascarade, les présidentielles. Illusion toute faite. Je tiens à signaler, quand-même,  que le nombre d’Algériens qui se naturalisent français est en évolution constante et cela est une preuve, tellement flagrante, du malaise de la population ! Revenons au Mr, dès la fin de la comédie, j’anticipe, il demandera sa « réintégration » qu’il aura facilement surtout si un coup de fil passe d’Alger à Paris pour leur faire comprendre, je présume qu’’ils le savent déjà en France, que c’était simplement un acteur licencié pour des raisons conjoncturelles.

Dans la même optique, certaines rumeurs avancent un Benflis et un Hamrouche comme candidats, ce qui n’est pas négligeable d’ailleurs sur le plan théorique mais qui reste malheureusement sans valeur ni apport si ce n’est d’améliorer encore ce décore une fois  que la candidature de l’actuel chef d’Etat sortant est officialisée. La candidature de Bouteflika va être évidement couverte sous le drapeau de l’amour d’El Watan et du devoir National. Rappelons que le président Zeroual a refusé l’appel de la population en disant simplement que « c’est le tour de la jeunesse de relever les défis maintenant », proportionnel à l’élévation de cet homme qui a donné toute sa vie pour la Nation. Mais avec ce Saïdani aux commandes du FLN, parti unique doté de filiales pour jouer au jeu « démocratique », rien n’est difficile ou inaccessible. Il est très facile de constater aussi là que la cette caste politique, FLN & Co., est dénuée complètement de son « bon sens » et c’est vrai que ce dernier, est relatif à la compréhension et aux convictions de chacun de nous.  Reste à savoir que les  politiques algériens changent de clans à hauteur de leurs ambitions, donc si le clan du chef d’Etat s’affaibli devant ses adversaires le FLN aura d’autres horizons pour maintenir sa mainmise sur la politique algérienne.

Au fait, cette caste politique, comme avant-garde du Système, tient fortement les manettes politiques et l’argent qui va avec, alors pour quoi devrait-elle s’inquiéter ? Rien ne peut troubler son sommeil mais au même temps le tous l’irrite au fond de sa quiétude. En d’autres termes, avec la manne des hydrocarbures, la paix sociale est comme un simple bien vendu pour le plus offrant et qu’on peut acheter si facilement : en ouvrant directement les portes des banques nationales pour « distribuer » un dinar algérien sans valeur toute en gardant intouchables les réserves en dollars (trop importantes) et à cela on peut y ajouter la corruption à grande échelle, instaurée depuis l’arrivée de Bouteflika et son clan au pouvoir. Si les deux méthodes sont insuffisantes alors le Système passera  automatiquement à la solution ultime, la Terreur. On peut penser que c’est la seule issue qui reste s’Il ne pourrait plus négocier et marchander la paix sociale.

Personnellement, j’en ai marre d’entendre des gens, qui n’ont jamais travaillé de leur vie, à l’instar de ces politiques professionnels, mais vivent comme des princes et parlent au nom de la défense de la Nation et de ses Intérêts Suprêmes ! Ces larbins du Pouvoir sont les premiers à combattre (idéologiquement) si on veut un changement passif. L’Algérie a eu sa dose de violence pendant les années 90 mais elle risque de faire une overdose de violence d’ici quelques temps si un véritable changement n’est pas opéré. Ceux qui ont mis le pays à feu et à sang sont les mêmes qui joue en ce moment sur tous les plans. Il s’agit du même Système. Souvenez-vous bien de ce que disait le général-major Smaïn Amari, décédé en 2007,  au début des émeutes du FIS : « Je ne vais pas hésiter à tuer deux millions de civils pour maintenir l’ordre dans ce pays » (Cf.  Abdelkader Tigha, « L’Histoire du Contre-Espionnage algérien »).  Cependant, certains naïfs vont penser à la justice pour résoudre les problèmes de la nation et à cet effet je vous rappelle quand-même que croire dans le cadre juridique Algérien relève d’une pure chimère car, comme le voyait déjà Carl Schmitt à son époque, le droit est soumis au politique.

En guise de conclusion je tiens à dire que même si les routes sembles étroites devant nous, Algériens, nous sommes obligés de continuer notre traversé pour retrouver ce qu’il ne revient du droit, notre patrie :  une terre si chère aux yeux de ses enfants ; une terre qui a étanché sa soif par le sang de ses enfants ; une terre qui ne cesse de donner espoir à ses enfants. La réponse alors à la question, illustrée dans le titre de cet article, réside en fait dans « le bon sens commun » qui persiste encore dans « l’esprit Algérien » malgré les tentatives d’aliénation auxquelles il avait fait face toute sa vie durant. Et parce qu’il y a des gens, comme vous, qui lisent et d’autres, comme moi, qui écrivent alors ce Système n’a pas vraiment gagné la Guerre qu’il mène contre le peuple mais il a réussi à avoir une petite avance suite à nos défaites. En conséquence, nous devons améliorer notre arsenal, idéologique surtout, pour faire régner la justice et rendre le pouvoir aux Algériens sans toute implication étrangère comme l’ont fait nos aînés en 1954.

Nabil de S’Biha

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