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Les revenants / Kasischke

Publié le 02 septembre 2013 par Lulamae Barnes @lulamaeA

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Une nuit de pleine lune, Shelly est l’unique témoin d’un accident de voiture dont sont victimes deux jeunes gens. Nicole, projetée par l’impact baigne dans son sang, et Craig, blessé et en état de choc, est retrouvé mort, est retrouvé errant dans la campagne. C’est du moins ce qu’on peut lire dans les journaux, mais c’est une version que conteste Shelly. Un an après, Craig ne se remet toujours pas. Il ne cesse de voir Nicole partout…Serait-il possible que, trop jeune pour mourir, elle soit revenue ?

C’est au détour d’un challenge littéraire autour des auteurs américains que je devais entendre parler pour la première fois de Laura Kasischke. Son nom perdu au milieu de tant d’autres si connus (Morrison, Auster, Easton Ellis…) devait m’intriguer au point de sauter le pas et de commander La couronne verte sur internet. Sauf qu’une semaine plus tard le cois n’étant toujours pas arrivé (ça n’est même pas original de la part de la poste), je me suis résolue à acheter Les Revenants dont la couverture était estampillée « Prix des lecteurs sélection 2013 » toute impatiente que j’étais de découvrir l’auteur.

Considérant ma totale méconnaissance de l’auteur et de son style, j’ai été agréablement surprise de trouver dès les premières pages de cet épais roman (663 pages) le partenaire idéal de mes soirées à venir.

Une des particularités remarquables de ce roman est l’originalité de la narration. Au lieu de nous proposer une vision linéaire de l’action, la narration se décompose en phases courtes se concentrant successivement sur les personnages principaux du roman. Cette technique me semble relever d’un réel savoir-faire car tout l’enjeu de ce type d’écriture est de ne pas perdre le lecteur, de lui signifier assez rapidement de quel personnage il s’agit, tout en se conformant à une trame temporelle facilement identifiable dès les premières lignes du passage.

La tâche est d’autant plus ardue ici que la temporalité du roman est étalée sur deux périodes situées à un an d’intervalle et que les événements ayant trait à ces différentes époques ne sont pas abordés chronologiquement mais de manière alternée, sans plan apparent pour le lecteur.

Ma seule déception à cet égard est le dernier niveau temporel –qui fait office de conclusion- ajouté à la toute fin du roman et qui situe les personnages 15 ans après les faits. Je n’aime pas ce genre de recours (cela m’avait déjà exaspérée il y a quelques années dans les dernières pages du dernier Harry Potter) qui donne un aspect bâclé à la fin du roman. Surtout que dans le cas présent l’auteur semble avoir choisi de ne pas nous en donner trop, au risque de ne pas nous en donner assez dans les dernières pages. Cette réponse n’était pas tellement celle que j’attendais d’où une très légère frustration sur ce sujet.

En arrière plan d’une intrigue qui réussit à tirer le meilleur de la tendance actuelle dont l’amour immodéré pour les histoires de revenants, vampires et autres n’est plus un secret, l’auteur brosse un portrait en ombres et lumière de l’Amérique moderne et plus particulièrement de la vie sur un campus américain. L’auteur, sans être vindicative porte un regard sans faux-semblants sur les pratiques qui y ont cours dans l’indifférence générale.

Rien ne semble avoir été oublié dans ce roman très complet : force et poésie d’une écriture efficace qui ménage l’action avec art, force de l’intrigue, traitement des personnages, émotions du lecteur.

Une très belle découverte que je ne peux que vous recommander !


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