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qui dort dîne.

Publié le 28 novembre 2013 par Rolandbosquet

quidordine

   Nous connaissons le proverbe bantou qui dit que l’homme qui dort évite la galette de mil. Ce qui pourrait grossièrement se traduire par "qui dort dîne". Nous connaissons déjà les nombreux avantages de la sieste.  Elle est profitable au cœur, améliore la mémoire, facilite la digestion, aide à la concentration, permet une meilleure productivité pour ceux qui travaillent et aide les autres à ne rien faire. En un mot, il ne faut jamais hésiter, après le déjeuner, à avancer le fauteuil devant la cheminée, à installer le chat sur ses genoux et à écouter la "Prédication aux oiseaux " de Franz Liszt, par exemple et de préférence dans l’interprétation par Anne-Marie Dubois ou bien  l’"Adagio pour cordes" opus II de Samuel Barber par le Scottish Chamber Orchestra. Bien entendu, les fanatiques de l’agitation physique à tout crin préconiseront plutôt une promenade digestive. Même après un repas frugal comme savent si bien en offrir les gourmets des bocages normands. (Ma chronique du 6 juin 2013) Mais le ciel ne s’y prête pas toujours. Surtout  lorsque le vent, la froidure et la pluie se sont établis à demeure au-dessus de votre tête. Il faut alors savoir résister aux incantations des sirènes sportives et rester paisiblement au chaud. Et ce sera l’occasion de savourer, en toute mauvaise conscience, un inégalable moment de détente.  Car la sieste et son corolaire le sommeil sont parmi les plus grands bienfaits accordés à l’homme par la nature. On le sait mieux encore aujourd’hui grâce à un éminent chercheur de l’université de Rochester aux États-Unis. En effet, à l’état de veille, notre cerveau accumule des déchets de toutes sortes qui vont malicieusement s’immiscer dans l’interstice qui sépare les cellules. Il est bien sûr difficile sinon presque impossible de déterminer, même approximativement, la quantité de scories que pourrait engendrer la lecture d’un roman de Marc Lévy, par exemple, d’Anna Gavalda ou même Amélie Nothomb. Elles s’insèrent néanmoins entre nos chères petites cellules grises. S’ensuivent bientôt des pensées confuses, des raisonnements cagneux, des discours équivoques. C’est pourquoi la nature nous a dotés du merveilleux outil qu’est le sommeil qui permet précisément à notre plus bel organe d’évacuer  tous ces résidus. En effet, pendant que le corps se repose, l’espace où baignent béatement nos nucléoles cérébraux se dilate. La circulation du liquide méningo-spinal s’en trouve facilitée. Tel un éboueur, celui-ci charrie alors les impuretés jusqu’aux vaisseaux sanguins qui, telles les bennes à ordures de Topaze, les transporteront jusqu’au foie pour élimination. Cette information à elle seule apporte déjà un immense soulagement au vu des innombrables rognures, débris et autres épluchures que l’homme a hélas l’occasion d’emmagasiner en une simple journée. Pour un auteur de chronique, il est particulièrement rassurant de savoir que l’adjectif ou l’adverbe en trop qu’il aurait négligemment ignorés à la relecture ne vont pas s’incruster dans l’esprit de son lecteur mais seront finalement détruits. A contrario, un lecteur qui consacrerait ses nuits à la lecture, même d’un ouvrage de Michel Onfray, au lieu de se glisser dans les bras de Morphée, ne verrait pas son cerveau purgé et décrassé comme il se doit. Avec les terribles conséquences que l’on imagine. On voit par là que si l’homme faisait un peu plus confiance à la nature, le monde tournerait peut-être un peu moins mal.


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