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Battue au sanglier

Publié le 06 décembre 2013 par Rolandbosquet

sanglier

     A proximité du hameau du Breuil, le champ de maïs de mon voisin Sébastien avait été à-demi retourné. Paul, qui parque ses moutons au sortir de la vallée non loin du hameau de La Betoulle, avait vu ses clôtures défoncées. Fernand, qui cultive un potager gagné sur les bois du Camp-ferré, avait constaté des visites intempestives dans son carré de choux. Et Joseph avait repéré des traces du passage d’une laie et de ses petits non loin du Mas du Goth où il vit en compagnie de notre amie Marthe Dumas. Il fallait agir. Un courrier circonstancié fut adressé aux autorités compétentes. Une réunion fut programmée. Étaient présents,  le Président de la fédération départementale de la chasse, organisateur, un représentant de l’État en la personne d’un délégué du cabinet du Préfet, le Président de la commission chasse et pêche du Conseil Général et le Conseiller Général du canton, le maire du village,  le Président de l’Union Locale des Chasseurs, le représentant de la chambre départementale d’Agriculture, le représentant du Syndicat Départemental des Exploitants Agricoles, le représentant de l’Office Départemental des Eaux et Forêts, le secrétaire du Syndicat Départemental des Bûcherons, Scieurs de long, Chevriers et Renardiers  et un représentant de l’Association Écologie, Nature et Environnement. S’étaient excusés : le Syndicat Départemental des Jeunes Agriculteurs qui se déclarait non concerné et la coordination rurale  qui déclarait refuser ce qu’elle appelle un simulacre de consultation. Le plus gradé des agents dépêchés sur les lieux pour établir un constat exact et précis des dégâts fut d’abord invité à présenter son rapport. Après ses conclusions, une suspension de séance fut décrétée par le Président pour le temps du repas. Dès quatorze heures, on entra dans le vif du sujet. Un tour de table permit d’abord à chacun d’exposer son point de vue puis le Président fit procéder au vote. Il en ressortit la décision d’effectuer une battue sur le territoire concerné avant la fin de l’année. La fédération départementale de la chasse fut désignée pour la mettre en œuvre en liaison avec les Services Départementaux du Cadastre, de la sécurité civile, de la gendarmerie et de la compagnie départementale des Gardes Forestiers. C’est ainsi, que, dimanche dernier, dès le lever du jour, c'est-à-dire aux environs de huit heures du matin, plusieurs groupes de chasseurs reconnaissables à leur gilet fluoresçant se postèrent au pied des haies et des talus, en bordure des champs et des clos et en lisière des halliers armés de leur fusil de chasse et de leurs munitions de calibre 7x64. Les chiens aboyèrent en tous sens, excités par cette sortie inopinée. On s’appela et s’invectiva d’un bout à l’autre de la vallée. On s’arrêta pour "casser une croûte" et boire un coup de vin chaud à sexte. On corna à qui mieux-mieux. Lorsque les cloches de l’église sonnèrent midi, tout le monde se retrouva dans la cour de l’ancienne ferme de Victor, au hameau de Montmasvieux. L’inventaire fut facile à établir. On avait tué en tout et pour tout une seule et unique bête. Un ragot par ailleurs de belle taille qui fut remis comme il se doit à une association caritative. Au cours du repas qui suivit au restaurant au Rendez-vous des Chasseurs, les discussions allèrent grand train. La conclusion revint à Jean-Jean qui déclara qu’il était évident qu’une fuite s’était produite au cours de la préparation des opérations et que les sangliers en avaient été prévenus. Ilfut décidé de diligenter une enquête auprès des services appropriés. Comment voulez-vous, sans ces conditions, que le monde tourne mieux ?


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