526- Caméra Café (Nespresso)

Ce que j’apprécie, chez les américains, entre autres, c’est leur pragmatisme, leur vision plutôt réaliste des choses qui parfois tourne à l’excès, je le concède, mais au moins, ils appellent un chat : un chat.

Pendant ce temps, nous les latins, nous glosons avec fierté notre rhétorique stylée héritée de l’Antiquité ou du programme de philo de Terminale.

Bon. Connaissez-vous la P.D.A. ? Non ? Rien à voir avec Tim Cook (cf histoire n° 525, je me fais de la pub…).

Et pourtant peut-être avez-vous, en certaines circonstances, fait preuve de P.D.A. pour attirer l’attention ou pour exposer de manière ostentatoire votre proximité avec quelqu’un de votre entourage.

La P.D.A., c’est la « Public Display of Affection », soit la démonstration d’affection en public dont les artistes et politiciens sont les champions patentés.

Exemple. Mettez deux acteurs à peine connus et qui ne se connaissent qu’à peine, et qui se seraient soigneusement évités sauf qu’une caméra de France 3 Limousin passe par là, et se met à filmer.

Et la magie opère : les deux inconnus se reconnaissent, se saluent, se congratulent bruyamment avec des rires forcés, déclament à la caméra des souvenirs d’adolescence, en partant du principe qu’ils font partie de la même caste, que cela doit se savoir, et que dans leur cas, l’union fait la force, l’audience, la notoriété, la gloire etc

Et nous : on gobe ça, cette familiarité feinte, cette supercherie ; peu importe qu’ils se détestent, seule l’image qu’ils donnent à voir à de la valeur.

Idem pour les politiques quand on voit E. Valls qui surjoue la complicité avec C. Taubira devant les journalistes qui n’attendent que ça, ou Fillon et Copé dans leur duo bidon.

J’ai vu une fois un reportage estival dans lequel P.L. Sulitzer allait claquer une bise à Patrick Topaloff sous prétexte que c’était le seul people à 100 mètres à la ronde, ça ressemblait franchement à la rencontre entre une carpe et un lapin.

Les champions du monde de la P.D.A. sont Julia Roberts et Georges Clooney, car ils ne manquent aucune occasion de montrer au monde entier, par caméra interposée, leur intense et platonique degré d’intimité.

Et pourtant, paradoxe savoureux, dans la vraie vie : Julia et Georges sont de vrais amis, et on ne peut pas soupçonner sérieusement que ces deux-là soient en manque de notoriété. Ah Julia : what else… ?