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La mort du guide phacochère (troisième et dernière partie)

Publié le 14 janvier 2014 par Lumbamba Kanyiki @grandkasai

La deuxième partie date du 03 août 2012. Je vous prie de la relire pour comprendre la troisième et dernière partie. Merci

La résidence du chef des chacals, l'imposteur qui dirigeait le pays des grandes plaines, était une grande bâtisse entourée d'une vaste cour au bord d'un grand fleuve. Isolée du reste de la ville par un grand parc, elle était une forteresse lourdement protégée. Les chacals étaient rassemblés derrière la résidence de leur chef et festoyaient comme chaque soir. Les battements des tambours s'entendaient à des kilomètres de là. Les chanteurs chantaient à gorges déployées. Et les danseurs, vêtus de jupes en fronces de couleurs variées, flèches en mains, dansaient et sautillaient en balançant leurs têtes couvertes de plumes d'aigle majestueusement. Pendant ce temps, la bière coulait à flots et les conversations allaient bon train. Tout le monde était gai et riait aux éclats. La joie d'avoir conquis les terres de grandes plaines qu'ils convoitaient depuis des siècles. Mais leur joie ce jour-là fut de courte durée.

Les jeunes phacochères se rapprochèrent sans résistance jusqu'à la résidence du grand chacal. Grâce à l'obsurité, qui couvrait doucement le pays, ils n'eurent pas de difficultés à se déployer tout autour. En effet, les bruits des tambours et des chants couvraient leurs mouvements. Ils repérèrent les gardes qui, étaient assis, en petits groupes, dans des paillotes en train de causer en prenant de la bière. Bien qu'étant un peu éloignés du lieu de la fête, ils se trémoussaient aussi au rythme de la musique traditionnelle de leur pays.

L'attaque fut foudroyante. Les jeunes phacochères lâchèrent un cri de guerre à l'unisson et se lancèrent en masse dans la cour de la résidence. Ils attrapèrent sans ménagement les gardes qui n'eurent même pas le temps de s'emparer de leurs armes et les mirent rapidement en miettes. Ensuite, les phacochères furent irruption dans la résidence. D'autres la contournèrent et se retrouvèrent aussitôt derrière la résidence où se tenait la fête. La surprise fut totale. Ils se jetèrent sur les chacals et les dévorèrent. Ceux qui réussirent à s'enfuir dans les souterrains furent poursuivis jusqu'à leurs derniers retranchements.

"Où est leur chef?" crièrent les phacochères. Ils vérifièrent parmi les cadavres, mais ne le virent pas. "Cherchons partout dans la résidence!" se dirent-ils. Après des longues minutes de recherche, ils le virent avec toute sa famille au fond d'une cave. Les jeunes phacochères leur mirent, chacun, la corde autour du cou et les traînèrent dans les rues de la cité. Ils les battirent avec tout ce qu'ils pouvaient avoir à portée de leurs mains jusqu'à ce que mort s'en suive. La nouvelle de l'arrestation du grand chacal et de sa famille se répandit cette nuit-là comme une traînée de poudre. Les habitants du pays des grandes plaines sortirent de leurs demeures et fêtèrent la victoire des phacochères durant toute la nuit.

Très tôt le matin, les jeunes phacochère se rendirent en procession chez le vieux phacochère, tirant les cadavres du vieux chacal et de sa famille. L'un d'eux se rapprochant de l'arbre de palabre cria: "Grand phacochère, tu es grand et tu es immortel. Tu n'es pas mort, car tu vis en chacun de nous. Aujourd'hui, nous sommes là pour te dire que désormais, nous sommes libres. Les chacals ne sont plus. Voilà les cadavres de leur chef et sa famille. Comme on dit chez nous, " les morts ne sont pas morts.", nous croyons fermement que tu seras parmi nous. Mort, tu nous seras encore plus utile. Car maintenant, tu es parmi nos ancêtres, ceux qui nous protègent. Eh bien, bénis-nous et bénis le pays de grandes plaines! Et plus jamais, nous ne nous laisserons manipuler par qui que ce soit. Et nous ne laisserons aucun étranger s'emparer de nos terres." Les autres crièrent à l'unisson: " Nous ne laisserons aucun étranger s'emparer de nos terres". Ils coupèrent du bois et firent un grand feu devant la maison du guide phacochère sur lequel ils brûlèrent les corps du chacal et sa famille. Et la paix revint dans tout le pays de grandes plaines pour des jours infinis.

Lumbamba Kanyiki

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