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La téloche à jules-Sherlock

Publié le 27 janvier 2014 par Jules

sherlock

Les deux scénaristes Mark Gatiss et Steven Moffat ont travaillé ensemble sur la série « Doctor Who ». C’est à cette époque que les deux hommes évoquent la possibilité, après avoir remis au gout du jour Stevenson avec la mini série « Jekyll », de reprendre les écrits de Sir Arthur Conan Doyle. En effet Gatiss ambitionne depuis longtemps de réactualiser le héro de son enfance ; Sherlock Holmes.

Les deux scénaristes planchent donc sur une version moderne du personnage. Belle gageure tant le célèbre détective a été adapté plus ou moins officiellement dans de nombreuses fictions. De plus ils souhaitent se réapproprier le personnage tout en réaffirmant ses fondamentaux et sa nationalité. Bref faire oublier la version « tuning » de Guy Ritchie et l’interprétation trop « américanisé » de Robert Downey Jr. Le pari va être remporté haut la main faisant de Sherlock une des plus belles adaptations jamais réalisée.

Reste à trouver l’acteur capable d’interpréter un personnage aussi légendaire. L’acteur Benedict Cumberbatch, leur premier choix , se révèle absolument bluffant dans le rôle. Son physique extraterrestre et sa diction supersonique rend son Sherlock plus vraie que nature. Pas étonnant que sa prestation ultra charismatique en fasse un des acteurs les plus courtisés du moment. Le contraste avec Martin Freeman n’en est que plus pertinent. Ce dernier incarne un Watson génialement « banal » et leur interaction est une des principales attractions du show et resèrve son lot de répliques hilarantes.

Après un premier épisode refusé par la BBC, Moffat et Gatiss revoient leur copie et proposent une première saison qui va rapidement rencontrer un grand succés en Angleterre puis dans le reste du monde. Sherlock Holmes devient donc un détective consultant, passablement sociopathe, qui déniche ses affaires via internet et qui ne lâche jamais son Blackberry. La modernisation du personnage ne choque absolument pas tant les fondamentaux sont là. (Le 21 Baker Street, Mycroft Holmes le frère espion joué par Gatis himself, l'inspecteur Lestrade...). De plus la mise en scène use (et abuse parfois) d’effets nous permettant de voir le monde tel que Holmes le perçoit, nous invitant par moment à rentrer dans l’esprit dérangé du grand détective.

Mais ce qui va réellement distinguer Sherlock des autres séries du genre, réside dans le format et la qualité de ses scripts. En effet chaque saisons n’est composées que de trois long épisodes de 90 minutes chacuns. Celà laisse le temps aux scénaristes de construire une intrigue solide, et de proposer un feuilleton d'une certaine classe visuelle. Chaque épisodes s’inspirent d’une nouvelle de Conan Doyle. Certains même vont jusqu'à en Fusionner plusieurs entres elles. Mais le talent de Gatiss et Moffatt réside surtout dans leur capacité à jouer constamment avec notre suspension d’incrédulité. (Jusqu'à quel point le spectateur va croire ce que je lui raconte ?) Car en effet les scénaristes se permettent à peu près tout. Avec une audace assez stupéfiante, ils truffent leurs épisodes de fausses pistes et frustrent volontairement le spectateur pour mieux les cueillir à l’arrivée. La troisième saison est à ce titre une petite merveille d’écritures qui déjoue constamment les attentes du public et il faut attendre la toute fin de chaque épisodes pour enfin comprendre ce que l’on vient de voir. Puissant !

Petit à petit, la série s’affranchit de son héritage et propose une vision totalement nouvelle du personnage. Ainsi on sent l’influence de plus en plus assumé du Comic Book, à Batman plus précisément*. (Le personnage de Moriarty qui est aussi dangereusement taré que le Joker). Mais ce serait trop réducteur tant Sherlock s’amuse à brouiller les pistes en alternant (parfois dans la même scène) la franches déconnade avec des moments de tensions tétanisant, le tout emballé à un rythme infernal quittes parfois à laisser certains spectateurs sur le carreau. Pour les autres, ceux qui sont joueurs, la série fait l’effet d’une drogue dure. Dore et déjà une quatrième saison est annoncée, reste à savoir si ses créateurs vont pouvoir rééditer l’exploit une nouvelles fois. En tout cas le rendez vous est pris.

*Egalement à « V pour Vendetta » d’Alan Moore dans l’épisode 01 de la saison 3.


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