Magazine Journal intime

Une petite place comme tant d’autres

Publié le 14 mai 2008 par Anaïs Valente
place
Je suis sur cette petite place.  J’attends le bus. 
Une petite place ensoleillée.  Un village.  Je me crois dans le Sud de la France.
La librairie est fermée.  Ses tenanciers doivent siester.  Il est 15 heures.  Sud de la France, je vous dis.
Un petit chemin ne mène nulle part, semble-t-il.  Petit chemin lumineux, bruits d’oiseaux.  Odeurs d’enfance. 
Au loin, je distingue un cimetière.  J’adore les cimetières.  J’ai pourtant très peur de la mort, mais j’aime les cimetières, surtout quand le soleil brille.  Il en émane, étrangement, comme une joie contenue.  Et aujourd’hui, le soleil brille.
A côté du cimetière, une petite école.  Complexité de la vie, le cimetière à côté de l’école.  C’est ça, la vie.
Je prendrais bien le bus suivant, histoire de m’imprégner de l’ambiance, mais j’ai peur d’être repérée.  « Môssieur le gendarme, y’a une femme bizarre qui squatte la place depuis deux heures, elle gribouille des tas de trucs dans un agenda, elle est à côté de la banque, je me demande si elle ne prépare pas un mauvais coup ».  Je préfère éviter.
Je continue mon observation.
Une maison est en rénovation.  Ces nouveaux châssis anthracites, travaillés, aux formes particulières, ont dû coûter une fortune.  C’est beau.
En face, une fenêtre à guillotine est à demi ouverte.  Un voilage tente de s’en échapper, pris par la brise.
Le petit café de la place s’appelle « Café de la place ».  Logique.  Tellement logique.
Une statue de je ne sais pas qui et je n’ai pas le courage de bouger trône au centre, entourée de fleurs rouges.  Divers drapeaux flottent au vent léger.  Belge.  Wallon.  Européen.
Une moto passe.  Moto noire.  Motard jaune.  On dirait une grosse abeille.  D’ailleurs, l’engin fait un bruit d’abeille.  J’imagine une tapette géante, pour exterminer cet empêcheur de rêvasser en rond.
Ça me manque, une petite place de village, avec son église.  Celle-ci ne ressemble pas à ce que j’attends d’une place de village.  Elle est archi design, trop.  J’aime le design pour les maisons, pas pour les églises.
Les oiseaux s’en donnent à cœur joie.
Une cabine téléphonique.  Tiens, ça existe encore ?  A l’ère du GSM pour tous.
C’est l’heure de la sortie, les parents se pressent vers l’école.
Une voiture passe, une tête d’enfant en dépasse, par le toit ouvrant.  Il est debout.  Parents inconscients.  Mon neurone scénario catastrophe se met à travailler comme un fou. 
Une fillette me dit bonjour.  J’en suis presque étonnée.
Mon bus arrive. 
A ce moment, je remarque une toute petite plaque commerciale, à côté du « café de la Place »… elle indique « coiffure Anaïs ».  Dire que j’ai failli ne pas la voir.
Il est tard, faut que je rentre chez moi (Brel).
Photos noir et blanc de nuages.  Photo couleur d'Oli.DSC_2342
 

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