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Les deux crimes de la crise en crimee !

Publié le 21 mars 2014 par Neoafricain

Les derniers épisodes de la crise ukrainienne a fait connaître au monde la géographie et l’histoire de la Crimée. Aujourd’hui, la Crimée n’est à nouveau plus une partie de l’UKRAINE, mais a réintégré la RUSSIE... Un peu comme il y a quelques dizaines d’années elle avait fait le chemin inverse : par le bon vouloir du Kremlin.

Les deux grandes fautes politiques (nommées crimes dans le titre pour la beauté des rimes) que je décèle dans cette crise découlent de l’arrogance et de la méconnaissance.

D’abord la faute de Poutine, fort de la popularité de russe en Crimée et de façon générale dans l’Est de l’Ukraine, et légitimement dégouté par le coup d’état institutionnel qui a chassé le dernier Président pro-russe de Kiev grâce à une majorité d’Ukrainiens porteurs d’idéaux de liberté, mais qui étaient aussi soutenu par des milices néonazies ; l’homme fort du Kremlin a délibérément opté pour la force pour s’imposer en Crimée. On comprend tactiquement le besoin pour les Russes d’agir vite avant que la situation ne pourrisse à leur désavantage et qu’ils perdent définitivement leur meilleur accès à la Mer Noire, mais en agissant aussi vite et aussi fort, la Russie s’est mise à dos nombre de modérés dans le monde qui auraient pu comprendre ses revendications. Le géant russe a bien compris qu’aucune puissance militaire ne peut déloger ses troupes de Crimée et même de l’Est de l’Ukraine si elle décidait d’y faire une incursion ; il a aussi saisi toute l’importance de son gaz pour une grande partie de l’Europe de l’Ouest. Tout ceci est exact, mais il ne faut pas abuser de sa position dominante. Dans le monde d’aujourd’hui, l’arrogance est contre-productive. Mais il y a aussi à Moscou une méconnaissance de certaines réalités du monde et de la pensée occidentale en particulier. Les images de troupes d’élites russes qui déferlent dans un pays, nous rappellent durement le Prague ou Budapest... Alors, même si les Soviétiques d’hier ne sont pas les Russes d’aujourd’hui ; c’est dévastateur pour l’image russe. Les conséquences se font déjà sentir au niveau diplomatique, avec l’annulation du prochain G8, et de multiples sanctions internationales... Il m’arrive de visionner RT.com, (la chaîne de propagande pro-russe qui équilibre parfaitement son pendant américain CNN qui est la propagande pro-Obama). Sur leur TV, les Russes apportent quelques informations importantes, mais rien de ce qui est présenté ne fera disparaître les inquiétudes d’une Europe de plus en plus pacifiste qui a peur d’un nouvel impérialisme à ses portes, sans compter tous les anciens pays de l’Est, très ouvertement hostiles à la Russie. La conséquence est que la Russie a gagné la bataille de Crimée, mais en payant un prix très élevé.

Alors, même si mon cœur est profondément ancré à l’Ouest, c’est à « mon camp » que j’en veux le plus... De façon générale, l’Occident a fait preuve d’une stupide arrogance dans la crise ukrainienne. Je l’ai déjà écrit, la puissance de la force d’attraction de l’Occident est sans égale dans notre monde moderne. Que l’on soit africain, arabe, chinois ou russe, on rêve souvent de vivre « à l’occidentale » dans une société de consommation et dans un Etat de droit comme on l’image à Washington, Londres ou Madrid... C’est pourquoi de nombreuses personnes cherchent à immigrer à l’Ouest. Soit pour gagner sa vie, soit après avoir fait fortune pour mettre sa famille et ses économies à l’abri. Dans ce contexte, une grande partie des Ukrainiens, comme les Etats baltes hier, se sont naturellement tournés vers l’Union Européenne et vers l’OTAN. Espérant une vie économique meilleure sous le parapluie militaire de la grande alliance. Mais il revenait à « l’Ouest » de répondre de façon responsable à ses légitimes revendications. L’Union Européenne n’a ni les moyens, ni le soutien populaire pour accueillir d’autres pays en son sein ; l’Otan n’a ni l’ambition ni les moyens militaires de défendre valablement des pays aussi complexes que l’Ukraine ; l’administration Obama qui a démontré toute son inefficacité sur le dossier syrien comme sur le dossier nord-coréen et iranien, est incapable de résoudre cette grande crise. Fort de ses valeurs, l’Ouest a poussé ses pions trop loin sur l’échiquier. Avant d’atteindre la frontière russe, il eût été sage de mieux se préparer ! Et puis il y a cette méconnaissance criante des réalités locales. Les experts envoyés couvrir MAÏDAN ont omis (pour ne pas dire plus) d’informer que réellement, en Ukraine, la moitié du pays est pro-russe et l’autre moitié pro-occidentale ; qu’une minorité très néfaste compose la nouveau pouvoir à Kiev, celle composée de milices ouvertement d’extrême-droite, mais également d’oligarques aussi peu recommandables que ceux qui étaient autour de l’ancien pouvoir. La méconnaissance de la fierté et de la puissance russe constitue une lourde faute. La grande puissance russe, comme la chinoise, ne pouvait légitimement pas tolérer l’humiliation de l’un de ses plus fidèles alliés, et de plus à sa frontière, sans conséquences. La plupart de ces pays tiennent par la force et c’est le seul langage qu’ils comprennent. Là où le le sort des gouvernements occidentaux dépend du taux de chômage et du taux de croissance, la pyramide du pouvoir en Russie (et dans la plupart des pays restants) exige un pouvoir fort et infaillible.

De fautes géostratégiques, en fautes politiques, les pieds nickelés qui trônent à Washington, à Paris et à Bruxelles font courir un grand risque au monde. A la belle époque de la guerre froide, l’URSS étaient beaucoup plus dangereuse que n’est la Russie d’aujourd’hui, mais les leaders d’alors, forts de leurs valeurs et animés par une volonté d’airain, l’avaient muselé par une dissuasion maximale ; et ont fini par la mettre à genoux économiquement et politiquement.

J’en viens presque à regretter la guerre froide....


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