Le temps d'un voyage... en commun

   Que l'on ne s'y trompe pas... le sujet de cette photo, ce sont les transports en commun. Pour quiconque entreprend un déplacement en bus, le composter et le boîtier de demande d'arrêt feront l'objet d'une attention toute particulière ; attention à l'origine de laquelle on trouvera deux préoccupations : en cas de contrôle, être en règle, et puis descendre là où l'on souhaite le faire : ni avant ni après.
   A noter chez cette jeune femme, la direction de son regard. En effet, dans les transports dits "en commun", on ne manquera pas de remarquer que le regard des passagers est tourné, le plus souvent, sinon toujours, vers l'extérieur ; dans les faits, on ne voyage pas "en commun" car on n'a qu'un souci : voyager seul ; et qu'une hâte : s'extraire de ce "collectif" et de cet environnement "en commun" qui nous sont imposés ; tenter ou feindre d'y échapper mentalement à défaut de pouvoir le faire physiquement.    Autant pour la sociabilité et le lien social donc. Devra-t-on alors évoquer une sorte d'insociable sociabilité de l'être humain depuis qu'il ne choisit plus son lieu de résidence ni de travail, ni ses voisins et moins encore ceux avec lesquels il devra composer ? ***
   "J'entends ici par antagonisme l'insociable sociabilité des hommes, c'est-à-dire leur penchant à entrer en société, penchant lié toutefois à une répulsion générale à le faire, qui menace constamment de dissoudre cette société. Une telle disposition est très manifeste dans la nature humaine. L'homme possède une inclination à s'associer parce que, dans un tel état, il se sent davantage homme, c'est-à-dire qu'il sent le développement de ses dispositions naturelles. Mais il a aussi un grand penchant à se séparer (s'isoler) : en effet il trouve en même temps en lui ce caractère insociable qui le pousse à vouloir tout régler à sa guise ; par suite il s'attend à rencontrer des résistances de tous côtés, de même qu'il se sait lui-même enclin de son côté à résister aux autres." - Simone Manon, philosophe. ______________________  

   On ne "fait" pas une photo : on la trouve... parce qu'on l'a vue, avant de la saisir (ou de la prendre). Elle n'a jamais cessé d'être là, présente à qui sait la voir.

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