Magazine Journal intime

Auto-évaluation

Publié le 16 mai 2008 par Ali Devine
Après avoir lu mon dernier rapport d'inspection, j'ai eu envie de rédiger une évaluation de mon propre travail. L'inspecteur, si perspicace qu'il soit, se fonde en effet sur la vision d'un seul cours et sur la lecture de documents faciles à manipuler, comme le cahier de texte. Il n'y a en fait que l'enseignant qui sache ce qu'il fait et ce qu'il vaut (et encore). Alors voilà, en vrac :
Pas bien.

La plupart de mes cours sont ennuyeux et j’ai tendance à aller vers la facilité (on prend le manuel, on commente les documents, on note un cours préparé à l’avance, et basta).

Mes leçons sont souvent trop longues.

Je ne réussis pas à planifier mon travail (ou je ne m’en donne pas la peine) et, du coup, je ne termine jamais le programme –j’en suis même très loin. Je fais nettement plus d’histoire que de géographie (ne parlons même pas de l’éducation civique) en espérant boucler dans une matière au moins.
Je n’ai pas de cahier de textes. Du coup, j’ai souvent du mal à voir où j’en suis exactement ; et j’oublie parfois ce que j’ai dit et fait lors du cours précédent (le nom des élèves punis, les devoirs à la maison, etc).

Je mets souvent un temps considérable à corriger le travail des élèves. Au moment de la correction, ils ont souvent oublié de quoi il s’agissait. Une fois au moins, il m’est arrivé de jeter un vieux paquet de copies.

Au cours de ces trois dernières années, j’ai séché cinq ou six jours de cours pour des motifs divers : grosse fatigue, coup de cafard, ou pensum impossible à achever autrement qu’en prenant sur ce temps-là.

Je ne lis pas les ouvrages des didacticiens ni des pédagogues, je n’ai aucune espèce de réflexion dans ce domaine-là : je fais tout au feeling, en m’inspirant un peu du souvenir de mes meilleurs professeurs, des conversations avec les collègues en qui j’ai confiance, et de ma propre expérience qui se constitue.

Je pense souvent que je devrais chercher un meilleur emploi.

Je suis plutôt un solitaire et il faut vraiment bien s’y prendre pour me faire travailler en groupe.

Au collège, je suis toujours hébété par la fatigue, par la tension ou sa retombée. Quand on m’adresse la parole, je balbutie et réponds souvent à côté. Je suis plutôt taciturne –un peu moins ces derniers temps. Beaucoup de collègues doivent me prendre pour un type terne et étourdi. Peut-être ont-ils raison, d’ailleurs.

Je n’implique pas assez mes élèves durant les cours. Je leur pose des questions et ils essaient d’y répondre ; à cela se limite leur prise d’initiative. Le cours magistral ou semi-magistral est un îlot tranquille et sûr dans l’océan de possibilités effrayantes que recèle la classe livrée à l’autonomie. Invités à agir autrement que sous la direction vigilante et très proche du professeur, les collégiens font n’importe quoi, ou ne font rien : telle est la conclusion que je tire de mes expériences en ce domaine. Il est vrai que je n’ai pas insisté. J’aurais sans doute dû.

Je ne parviens pas à faire de pédagogie différenciée (il est vrai que d’après mes conversations de salle des profs, personne n’en fait : ça prend un temps colossal de préparation en amont et, quand le cours a lieu, il faudrait au moins deux adultes dans la classe pour que ça donne de bons résultats). Du coup, les meilleurs élèves s’ennuient, et les plus faibles n’y comprennent rien.

J’ai la chance d’avoir dans ma salle de classe un téléviseur dont je ne me suis pas servi une seule fois cette année.
Bien.

Mes explications sont généralement claires.

Je sais raconter les histoires (hier d’ailleurs, je n’ai pratiquement rien fait d’autre. J’ai raconté la bataille d’Alésia aux sixième, la vie de Jeanne d’Arc aux cinquième et un voyage de New York à San Francisco aux quatrième. Toute la classe m’écoutait en silence, y compris les plus récalcitrants. Je ne sais pas s’ils apprennent quelque chose dans ces moments-là, mais ils écoutent ; ce n’est déjà pas mal. J’ai décidé que je demanderai à faire l’an prochain un stage d’initiation au jeu théâtral.)

J’ai fait récemment des efforts, encore insuffisants, mais réels, pour intégrer l’outil informatique dans mon travail et celui des élèves.

Quand je prends le temps nécessaire (c'est-à-dire cinq à neuf heures de préparation pour une heure de cours), je peux faire des choses très bien.

J’ai de l’autorité –pas beaucoup, je ne suis pas Clint Eastwood, mais suffisamment.

Je crois être apprécié de la plupart de mes élèves, sans trop savoir au juste comment ils me voient ; les parents aussi m’aiment bien. Je suis un collègue plutôt facile à vivre et ma hiérarchie m’a donné des preuves d’estime.

J’ai accepté de m’investir dans plusieurs dispositifs et activités qui s’ajoutent à mon temps de service. De façon générale, je ne suis pas trop avare de mon temps.

Comme professeur principal, je suis parvenu à maintenir une ambiance convenable dans les classes dont j’étais responsable. Il est vrai qu’elles n’étaient pas trop difficiles au départ.

Je suis ponctuel et rarement malade.

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