Magazine Journal intime

Un heureux évènement, ce paradoxe de la parentalité

Publié le 04 mai 2014 par Madameparle

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Je viens d’éteindre la télé, un heureux évènement. J’avais lu le livre d’Eliette Abecassis avant d’être maman et déjà je l’avais trouvé passionnant en tant que professionnelle de la petite enfance. Louise Bourgoin joue formidablement son rôle.

C’est une histoire d’amour passionnelle entre deux êtres. Ils font un enfant. Leur vie est complètement bouleversée par la grossesse, la naissance puis ces premiers mois de vie à trois.

C’est tellement ca. Je me suis reconnue dans tellement de moments de ce film.

Avant on a que soi à s’occuper. Faire plaisir à l’autre, s’aimer quand on veut sans interruption. Satisfaire ses propres besoins. Puis un jour on pisse sur un bâton et notre vie bascule. Bien sur la joie des premières fois et la peur de l’inconnu. Déjà notre vie nous échappe, le cordon commence à diluer notre propre existence dans celle de ce petit être qui grandit en nous. La naissance. Point final de cet inconnu. Début de notre nouvelle vie à trois.

Ma vie n’a plus jamais été la même qu’avant décembre 2006. J’ai appris la peur de donner la vie. J’ai découvert le don de soi, l’abnégation de ma propre existence. La solitude… J’ai dû m’accrocher à mes certitudes et les remettre en question le lendemain. Mon corps admiré et choyé pendant 9 mois n’était plus que mon ombre, mes seins nourrissaient mon enfant, mes bras le portaient. Plus personne ne me portait moi. J’avais terriblement besoin de câlins et tout en même temps d’être seule maître à bord. J’ai allaité, j’ai cododoté, j’ai porté. Ca ne m’a pas empêché de douter, de pleurer. Pendant les mois qui ont suivi la naissance toute ma vie tournait autour de cet enfant. Je le regardais à chaque instant, j’admirais ses progrès et tout à la fois je le détestais de m’avoir enlevé mon insouciance. J’ai compris plus tard ce paradoxe de la maternité, cet amour incommensurable qui vous envahit, cette raison de vivre et cette furieuse envie de fuir.

Etre aux prises de toutes ces émotions ne peut être sans heurt pour le couple. Chacun doit se reconnaitre dans cette nouvelle identité de père, de mère faire le deuil d’avant, puis se trouver comme couple parental. A la naissance d’un enfant chacun revisite sa propre enfance, remet en question consciemment ou non sa propre éducation. Aux prises avec ces deux inconscients, ce petit être, trait d’union entre ces deux histoires de vie grandit.

L’homme souhaite reprendre sa place auprès de sa femme. Cette dernière tout à son bébé peut avoir du mal à s’en détacher. On ne peut passer 9 mois de sa vie en pleine fusion et s’en détacher avec facilité. La femme aime retrouver son corps, se le réapproprier, lui qui a été objet. Le tempo n’est pas toujours le bon. L’incompréhension, le manque de paroles, la fatigue peuvent être responsables de bons nombres de frictions.

Alors oui cette vision n’est pas idyllique et loin du poupon rose tout propre qui sort des femmes dans les films américains. Mais c’est la réalité. la cacher c’est engendrer le silence de l’incompréhension, la culpabilité des émotions tues.

Il faut mettre sur la place publique les aspérités de la maternité.

Depuis 2006 je sais et je n’ai jamais été aussi vivante que depuis cette nuit là et rien que pour çà ces premiers mois valent le coup d’être vécus.


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