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La clé (By Ed)

Publié le 16 mai 2008 par Civmat
 Ce coup-ci, c'est Ed qui s'y colle. Et on ne se demande pas ce qu'elle fout là !

J’ai cherché quel pouvait bien être l’objet que je possède depuis le plus longtemps et que j’utilise souvent, voire quotidiennement. Bien des choses me sont venues à l’esprit : des vêtements, que je traîne depuis des années et que je n’arrive pas à abandonner, bien que l’envie m’en prenne parfois ; des livres, des disques, relus et réécoutés tant et si bien qu’ils me rassurent comme une voix sur laquelle on peut compter. Et finalement, cet objet personnel, indispensable, et porteur d’une histoire, le voici :

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Cette clé date de 1937 au moins. C’est en tous cas la date à partir de laquelle elle a appartenu à mon arrière-grand-oncle et mon arrière-grand-tante. Petite, dans les années 60 je l’ai sûrement vue, mais ils ne devaient sans doute pas me laisser m’en servir toute seule quand je venais chez eux une fois par semaine, dormir le mercredi soir, et rester le jeudi, toute la journée, attendant avec impatience Zorro et le Sergent Garcia, et laissant ainsi une soirée tranquille à mes parents, et un jeudi à ma maman pour faire son ménage et son boulot de classe. A partir de 1967 cette clé est devenue « notre » clé, à mes parents, mon frère, mon arrière-grand tante qui a vendu sa maison en viager à mes parents, et à moi. Il a fallu, quand je suis passée en 6ème, en faire des doubles. Les enfants sont devenus autonomes. A 18 ans j’ai ajouté à mon trousseau la clé de ma chambre d’étudiante à Paris, puis, de mon appart’ en Angleterre, et ensuite de mes différents appartements d’adulte. Mais jamais je ne me suis séparée de cette clé. Seulement, elle est devenue « la clé de mes parents », puis, « la clé de mon père ». De 1983, année où je suis devenue prof, jusqu’en 1997, j’ai sonné avant de l’utiliser. Depuis onze ans, en revanche, plus besoin de sonner, ce petit objet, ainsi que tout ce qui l’entoure, est à moi. Ca fait drôle de devenir propriétaire, simplement par faute de combattants. C’est un grand vide. Alors cette clé, quand je l’ai en main, c’est un peu le lien avec la maison pleine, avec ceux qui l’ont tenue avant moi. Je ne suis pas près de changer la serrure !


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