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Avec Gattaz, c’est Table Raz !

Publié le 12 mai 2014 par Georgezeter
Avec Gattaz, c’est Table Raz !

Pour la 1ere et dernière fois de ma vie, j’ai travaillé dans une usine. Bon, d’accord, pas à visser des boulons ou à souder des circuits imprimés ; non, comme prof consultant d’anglais à mi-temps ; chez Gattaz, usine Radiall de Voreppe à 20 km de Grenoble.

Pierre Gattaz, dit, « Gattaz ya d’l’eau dans l’gaz », l’fiston à l’Yvon du même nom ; pas un tendre le papé, un dur contre les saloperies de syndicats, les saloperies de communistes, les saloperies de socialistes, les saloperies d’inspecteurs du travail et autres chambres des prudhommes ; en bref, n’aimait pas les « saloperies » le patron des patrons du feu-CNPF.  Ben l’fils qu’est pas putatif pour un sou, mais l’héritier plein pied a repris le flambeau ; l’est le nouveau patron du MEDEF, en remplaçant de la Parisot tête de veau ; une tendre&sweet encore celle là.

J’me fend de ce p’tit papier car, lorsque je lis : « Pierre Gattaz parle aussi du principe de modération salariale, qu'il veut banaliser dans les entreprises: pas plus de 1% an, et un calage indexé sur l'inflation. » Ouïs… Lorsque j’étais chez lui en 2007/2008 l’inflation se situait dans les 3%, alors que déjà ses employés n’obtenaient que 1 %... Devrait être surnommé : l’Gattaz l’hun% !

De plus, se met 29% d’augmentation de salaire notre 341ème fortune française (125 millions), car comme il dit : « Mon salaire a été augmenté de 3% et celui de mes salariés de 3,3%. C'est ma rémunération variable qui a augmenté. Elle est liée aux résultats de mon entreprise Radiall, qui sont très bons, et que je réinvestis intégralement», explique l'intéressé. Il souligne aussi qu'en 2002, lorsque son entreprise allait moins bien, il avait baissé son salaire de 5%. C'est ça l'exemplarité! »[1] 

Et pour faire bonne mesure : « Faut-il que je m'excuse pour avoir fait des profits ? »  Il oublie aussi de dire notre héro au regard si doux que si sa boite tourne pas si mal, car dépendante des commandes de l’état, de l’armée, l’armement… Bref,

Waouh mon Pierrot, on va te tresser une couronne de laurier, t’accrocher la médaille du, de… Ah mince alors, t’es déjà couvert de breloque, pire qu’un général mexicain ; Chevalier de l’ordre national du Mérite, Chevalier de la Légion d’honneur, Officier de l'ordre national du Mérite ; manque plus que chevalier du cheval Findus et tu seras l’maréchal congelé.

Et tu en remets une couche

Des propositions afin de réguler ce marché du travail, qui en France est trop cher, des employés trop payés, trop de vacances, trop de RTT, trop c’est trop ; tu proposes de faire un SMIC spécial, et pis ces charges sociales, qui devraient être au rang de, par exemple l’Inde ? N’oublie pas que c’est avec ces charges que tes employés peuvent se faire soigner, entres autres : les TMSLT ou troubles musculo-squelettiques liés au travail, tu sais, sur les chaines de montage des connecteurs et ces gestes qui se répètent ; ils peuvent envoyer leurs mômes à l’école à l’université, et les vieux retraités de chez Radiall peuvent enfin, après une vie éreintante prendre le soleil sous les rochers ombrageux du Vercors… Toi, ce que tu vois c’est l’accord de ces 50 milliards que le gouvernement de gauche/droite a promis, dont 35 milliards de baisse de contributions pour les entreprises, tu parles si t’es joyeux drille : « S'il ne partage pas l'avis de François Hollande quand celui-ci affirme que «le retournement économique arrive», Gattaz est en revanche beaucoup plus optimiste en ce qui concerne le pacte de responsabilité. »  Le pacte est la première marche d'un escalier, (...) s'il est bien géré par le gouvernement, il doit être le tremplin de redécollage de la France», souligne-t-il. »[2] Non, ce n’est pas la 1ere marche, c’est l’ascenseur vers des lendemains qui vont sacrément déchanter, car, comme ce ne sont pas les patrons qui vont raquer, qui hein ?  Ben entre autres tes employés de Radiall… Qui, et je pense que rien n’a changé ; n’étaient pas au top du top du bonheur dans ta boite. Comme je venais chaque matin donner des cours d’anglais à des cadres, mais aussi à des techniciens, j’ai pu « apprécier » oh combien le bonheur d’être un des membres de cette entreprise florissante ne se répercutait pas sur l’ambiance générale. J’étais à un poste clef : ma salle de cours jouxtait la machine à café installée au 1er étage… J’en aie entendu des plaintes et lamentations. Ok, l’ouvrier, le petit chef n’est jamais content, mais là, je sentais un vrai mal être, surtout ce qui revenait sans cesse était : « que l’on fasse bien, ou que l’on fasse mal, c’est du pareil au même, aucune reconnaissance » ; quant aux promotions, c’est au compte goute, sans parler des « augmentations » de 1%, qui de mon avis lorsque l’on gagne 1000 euros net par mois ne représentent que 10 malheureux euros… Si c’est pas se foutre de la gueule du monde.  Je me souviens passant dans le grand atelier où pour la plupart, des femmes connectaient des connecteurs à longueur de journée, je leur balançais un joyeux « gooooood morning » ce qui réveillait un peu la torpeur déprimante, pis tout retombait dans le marasme syncopé des machines. A se flinguer !

Me concernant, ce ne fut pas une année horribilis, j’y ai rencontré des gens intelligents, curieux et amicaux ; mais, plus on montait dans la hiérarchie, plus on sentait une pression incroyable. Certains cadres faisaient facilement 10 ans de + que leur âge.

Pour en terminer, je me souviens que les syndicalistes avaient à peine le droit de distribuer des prospectus sur le parking, et devaient faire le pied de grue à l’entrée de la grille, sans trop l’ouvrir, d’ailleurs, le père, Yvon de temps en temps quand ça le prenait venait traiter de fainéants et de bons à rien, cette engeance vouée à l’enfer.

Donc, lorsque je vois et entends le Pierre Gattaz, qui me pompe le gaz, dégoiser sur sa lutte à lui, sa lutte des classes dominantes, j’ai un soudain regret du bon vieux temps stalinien, ou on envoyait les « koulaks » au goulag et que l’on redistribuait les terres aux moujiks..

Salut Pierrot et sans rancune, tires toi une bonne bourre avec la Parisot. Quant à vous les Radiall pas trop radieux et ben grosse bise à vous and « Goooooooood Morning !!!! »

Georges Zeter/Mai 2014


[1] http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2014/05/11/20002-20140511ARTFIG00059-pierre-gattaz-prone-la-moderation-salariale-pour-tous.php

[2] http://www.boursier.com/actualites/economie/salaires-faut-il-que-je-m-excuse-pour-avoir-fait-des-profits-s-interroge-pierre-gattaz-23904.html


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