Magazine Journal intime

Game Over

Publié le 18 mai 2008 par Mirabelle
Mon cher Victor,
 Game Over

L'instant tant redouté a surgi vendredi soir, en plein conseil des maîtres. J'ai été me connecter sur le net pour me confronter à la réalité. C'était hier soir les résultats de ton mouvement, n'est-ce pas ? Oui. Evidemment, je ne suis pas affectée à l'école de C. Il aurait fallu un miracle. Pour l'instant, d'ailleurs, je ne suis nulle part. Rien d'étonnant là-dedans non plus. Humm... J'ai attendu un peu avant de venir te l'annoncer. Il faut dire que j'étais malheureuse comme les pierres hier soir et je n'avais pas envie de t'embêter avec mes éternelles lamentations. Tu aurais pourtant dû t'attendre à un tel résultat ! Bien sûr que je m'y attendais ! Je n'ai pas été surprise. Ni déçue, d'ailleurs, car s'il y a déception, c'est qu'il y avait espoir précedemment, et je n'en avais aucun. C'est juste que...

Juste que cette fois, c'est officiel, c'est ça ? Oui. Tant que ce n'était pas confirmé... Ce n'était pas réél ! Maintenant, ça l'est, c'est vrai. J'ai déserté le conseil des maîtres hier soir, quand l'ordre du jour a viré sur les effectifs pour la rentrée à venir. C'était juste après que mon successeur ait appelé la directrice pour avoir des infos quant à sa nouvelle classe. Autrement dit, ton ancienne classe... Enfin, TA classe actuelle, puisque l'année n'est pas terminée ! Je n'ai pas supporté d'entendre les collègues échanger leurs espoirs : "Alors, tu veux bien que je garde le CM2 pur ? Tu es sûr ? Ca ne me dérange pas de prendre le CM1-CM2, tu sais, même si je ne te cache pas que bon...", ni de ne pas pouvoir lancer des projets pour l'année prochaine. J'ai dû me replier dans ma classe, préférant faire passer la pilule en corrigeant mes dictées de mots et tous mes cahiers du jour en retard. Cela aura au moins servi à ça...
Bien sûr, je me suis excusée. Ca ne se fait pas de quitter un conseil des maîtres. Je suis une adulte que diable, et j'aurais dû être capable de surmonter mon cafard ! On ne se refait pas, ma pauvre Mirabelle... Heureusement, personne ne m'a posé de questions. On m'a adressé quelques sourires désolés. Tout le monde devait bien se douter des raisons de ta fuite... Chacun a été très pudique et compréhensif, ce que j'ai énormément apprécié. On n'a pas non plus évoqué le sujet samedi matin. Je suis revenue à l'école fraîche et dispose, souriante, comme si je ne devais jamais quitter cet établissement. Et puis la vie de classe a repris son cours. Il y a eu les surveillances de récréation, le café, la lecture, les gamins. La routine délicieuse, les discussions jusqu'à 13 h avec la collègue de CP. Routine d'autant plus enivrante que je la perdrai bientôt.

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